(Conférence jubilaire tenue à Boma le 10 août 2024 dans le cadre des activités scientifiques du jubilé d’argent de l’UKV)
Présentation du conférencier
L’Abbé César VUMUKA ku NANGA est Professeur, Vice-Doyen chargé de la Recherche de la Faculté des Sciences de l’Homme et de la Société (FSHS)/Filière des Sciences de l’Information et de la Communication (SIC) et Secrétaire Général Académique honoraire à l’Université Président Joseph KASA-VUBU de Boma. Prêtre du Diocèse de Boma et Directeur honoraire du Centre Pastoral Diocésain de Boma, il a longtemps enseigné au Grand Séminaire interdiocésain de Mayidi dans le Kongo Central en République Démocratique du Congo. Ses recherches, enseignements, conférences et publications s’inscrivent dans une diversité de domaines : « Exorcisme et guérison », « Renouveau charismatique », « Méthodologie de la recherche scientifique », « Justice, Paix et développement », « Inculturation », « Foi et politique », « Eglise et Etat », « Théologie de la libération », « Président Joseph KASA-VUBU : Héros national et champion de la bonne gouvernance », « Démocratie et élections », « Lutte contre les antivaleurs », « Etat des lieux du secteur de l’enseignement supérieur et universitaire en République Démocratique du Congo », « Historique de l’Université Président Joseph KASA-VUBU », etc. Auteur de nombreux ouvrages et articles, il est le promoteur de plusieurs œuvres de développement.
Temps imparti/Durée de la conférence : 20 minutes.
0. Introduction
Chers compatriotes,
Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités respectifs, toute considération et tout ordre protocollaire respectés,
« Pour maîtriser et dominer un peuple, il faut commencer par l’imbéciliser » ;
« La manière la plus facile de détruire un pays, c’est de détruire son système éducatif » (Lu quelque part) : telle est l’épigraphe ou la brève pensée qui non seulement résume mais aussi annonce l’esprit général de ma conférence intitulée « La genèse de l’Université Président Joseph KASA-VUBU ».
1999 – 2024 : l’Université Président Joseph KASA-VUBU, UKV en sigle, totalise 25 ans d’existence. En cette année jubilaire, le devoir de mémoire recommande que les générations présentes et futures se souviennent du chemin parcouru par l’UKV, des origines jusqu’à nos jours. En effet, comme nous l’avions si bien exprimé dans notre ouvrage sur le Président Joseph KASA-VUBU – je cite – : « Si on oublie sa propre histoire et lorsqu’on n’est pas reconnaissant envers ses ancêtres et tous ses illustres prédécesseurs, alors on perd les repères (les références), on se perd cruellement, on se condamne à un perpétuel recommencement et à commettre les mêmes erreurs que ses prédécesseurs »[1] – fin de la citation. Il est dès lors important non seulement de puiser la force dans le passé pour préparer l’avenir, mais aussi de regarder le passé pour mieux aborder le présent.
Dans cette perspective, la présente conférence fournit des réponses aux questions ci-après : qui sont les initiateurs, les fondateurs et co-fondateurs de l’Université dédiée au feu le Président, Son Excellence Monsieur Joseph KASA-VUBU ? Quelle est la raison qui a présidé à sa création ? Bref, quelles sont les origines historiques de l’UKV dont nous célébrons en cette année le jubilé d’argent ?
Pour répondre à ces questions, nous subdivisons notre exposé en huit (8) points, à savoir :
- La cause immédiate de la création de l’UKV.
- Les visionnaires, co-initiateurs et co-fondateurs de l’UKV.
- Création de l’UKV par deux Eglises : l’Eglise catholique et l’Eglise protestante.
- De la dénomination.
- Du siège.
- De nombreux défis à relever.
- Diocèse de Boma : le plus grand bienfaiteur de l’UKV.
- La prise en charge de l’UKV par l’Etat congolais.
Une conclusion résume les acquis majeurs de notre investigation et ouvre des perspectives d’avenir.
1. Fermeture des campus de l’Université Kongo (U.K) à Boma et Matadi :
cause immédiate de la création de l’UKV
La création de l’UKV est intervenue après que l’Université Kongo (UK ex-UNIBAZ) – qui avait fonctionné dans la ville de Boma de 1990 à 1998 – décida de fermer ses campus de Boma et Matadi[2] qui avaient connu de sérieux problèmes de gestion : problème de ressources humaines et financières, problèmes issus de la mauvaise répartition des Facultés et de la spécialisation de chaque campus, problème de transparence et d’intégrité morale des dirigeants.
Concernant l’enseignement supérieur et universitaire, cette décision inattendue créa, d’après l’Honorable César LUBAMBA NGIMBI[3], un vide immense dans la partie ouest, la plus peuplée de la province du Kongo Central. Il fallait donc réparer ce qui était ressenti par les habitants de Boma, Muanda, Matadi et Bas-Fleuve comme une grande injustice à leur égard. C’est pourquoi, il était impérieux de remédier immédiatement à cette grave situation, en créant l’UKV.
La création de la nouvelle université fut l’œuvre de quatre dignes fils du Mayombe dont il est question au point suivant.
2. Les visionnaires, co-initiateurs et co-fondateurs de l’UKV
Selon le Prof. Julien NYIMI PHANZU, l’idée de créer l’UKV « germa dans l’esprit d’un digne fils du Mayombe, Monsieur Justin MAKAYA NZUZI. Il s’en ouvrit à Monseigneur NTEDIKA KONDE, à l’époque Professeur aux Facultés Catholiques de Kinshasa (aujourd’hui Université Catholique au Congo (UCC)) et Vicaire Général du Diocèse catholique de Boma. Tous deux réussirent à gagner à leur projet le Professeur Zéphyrin BUTSANA BU NIANGA de l’UNIKIN et poids lourd à la Faculté des Sciences ainsi que Monsieur Sylvestre MBUINGA MVUBU, neveu biologique de feu le premier Président de la République du Congo (RDC). Ces quatre personnalités sont donc à considérer comme les cofondateurs initiaux de l’Université qui porte le nom du premier Président de notre pays »[4].
Cependant, il manquait à nos visionnaires les moyens matériels et financiers pour réaliser leur projet de création de l’UKV. C’est pourquoi, ils sollicitèrent les trois (3) grandes Eglises implantées dans la ville de Boma. La réaction de ces dernières ne se fut pas longtemps attendre : l’Eglise catholique de Boma et l’Eglise protestante (CEAC) s’engagèrent sans réserve. L’Eglise kimbanguiste exprima sa sympathie, sans pour autant s’engager comme les deux autres.
Toutes les conditions étaient enfin réunies pour la création de l’UKV.
3. Création de l’UKV par les deux Eglises fondatrices : le diocèse
catholique de Boma et la Communauté Evangélique de l’Alliance au
Congo (CEAC)
« Cédant à la pression des notables et de toute la population, les Eglises Chrétiennes Catholique et Protestante de la région décidèrent de créer, en date du 27 mars 1999, l’Université Président Joseph KASA-VUBU, U.K.V en sigle, à Boma »[5].
Ainsi, pour tout dire, l’UKV est un projet ou mieux une œuvre communautaire de grande envergure. Jusqu’en 2006, c’est-à-dire avant sa prise en charge par le Trésor public, elle avait donc fonctionné comme une université communautaire ou en d’autres mots comme un établissement privé et agréé par l’Arrêté ministériel n° MINEDUC/CABMIN/ESU 01/2002 du 12 mars 2002, un établissement d’inspiration chrétienne, interconfessionnelle qui entend contribuer au bien-être et au développement du Congolais, de l’Africain et du citoyen du monde vivant désormais dans un contexte de la mondialisation.
Ici plus qu’ailleurs, il sied de préciser que l’UKV n’était pas conçue comme une université des gens de Boma, Muanda et Bas-Fleuve, mais comme une propriété des deux Eglises fondatrices. Celles-ci en portaient l’entière responsabilité.
4. Dénomination
Les quatre initiateurs du projet de création de l’UKV, à savoir Monsieur Justin MAKAYA NZUZI, Mgr Prof. Joseph NTEDIKA KONDE, Prof. Zéphyrin BUTSANA BU NIANGA et Monsieur Sylvestre MBUINGA MVUBU, ont eu le trait de génie de baptiser la nouvelle université du nom du premier Président de la RDC, Son Excellence Monsieur Joseph KASA-VUBU (1917-1969). En d’autres mots, l’UKV fut placée sous le haut patronnage de ce dernier.
Cette dénomination entend immortaliser l’œuvre grandiose accomplie par Son Excellence feu le Président Joseph KASA-VUBU, pérenniser sa mémoire « et citer en modèle les vertus dont ce digne fils du pays a fait preuve dans sa vie d’homme d’Etat »[6] : il visait en permanence l’intérêt général du peuple congolais, il a brillé par son honnêteté, son intégrité, sa constance, son patriotisme, son humanisme intégral, ses nombreux sacrifices, sa transparence dans la gestion des finances et des biens de l’Etat, etc.
Il n’est donc pas surprenant que Son Excellence Mgr Cyprien MBUKA di NKUANGA, Evêque Emérite du diocèse de Boma et Président honoraire du Pouvoir Organisateur de l’UKV communautaire, s’exprime en ces termes : « Ce n’est pas par hasard ou par snobisme que cette jeune université est consacrée à la mémoire de Joseph Kasa-Vubu. Il a fallu de longs et durs débats pour créer cette Université et lui donner un nom. La motivation première et fondamentale était d’inciter les jeunes et la postérité à la pratique des vertus qui ont illustré cet homme d’Etat. Aussi l’UKV doit-elle être consciente qu’elle est appelée à être une mémoire vivante de ces vertus : sens de décision et ténacité ; intégrité ; rigueur dans le travail ; sens de l’honneur ; fidélité à la parole donnée ; patriotisme intransigeant ; courage politique intrépide ; ardente ambition pour l’édification d’une nation fière, prospère et libre ; hantise du bonheur du peuple et du bien commun ; enfin, volonté de rassembler le peuple Kongo autour d’un pacte de réconciliation au-delà de toutes sortes de diversités »[7].
Pour faire brévissime, en créant l’UKV et en la mettant sous le haut patronnage de Son Excellence feu le Président Joseph KASA-VUBU, ses Pères fondateurs avaient placé la barre très haut : bâtir, à Boma, au moyen de la rigueur scientifique et morale à la KASA-VUBU, une Université de l’excellence et non une Université de la médiocrité.
5. Du siège
Le siège de l’UKV fut fixé à Boma qui est le deuxième Port National (500 Km de Kinshasa et 100 Km de la côte atlantique), la porte d’entrée et de sortie de la RDC par voie maritime, une ville historique et touristique et ancienne capitale du pays à l’époque coloniale. Bien plus, c’est à Boma que Son Excellence feu le Président Joseph KASA-VUBU, originaire de ce coin du pays, passa ses derniers jours, de 1965 à 1969, après avoir quitté le pouvoir.
6. De nombreux défis à relever
A ses débuts, l’UKV fut confrontée à beaucoup d’enjeux et de défis parmi lesquels :
- Méfiance et crise de confiance vis-à-vis de la nouvelle Université qui de surcroît était privée ; c’est l’une des causes qui expliquent le peu d’effectifs à l’inscription enregistré les années après l’ouverture de l’Université.
- Dès la première année de son existence, s’est posé le problème de manque d’enseignants dans la ville de Boma. Il a fallu recourir à des compétences non résidentes à Boma : « Ce qui ne pouvait que grever fortement le budget de l’université principalement alimentée par l’apport financier des étudiants »[8].
- Après sa création, l’UKV fut confrontée à une vague d’hostilité et de suspicion au niveau de la province. Le Gouvernorat du Kongo Central a fustigé les Bayombe pour leurs tendances séparatistes avérées et a qualifié d’erreur la création de l’UKV à côté de l’UK. Pour les Gouverneurs BAVUIDI BABINGI et TSASA di NTUMBA, le postulat en vigueur était clair : « Une Province, une Université. Le peuple Kongo étant un et la Province si petite, une seule Université, à ériger à Matadi sur la rive droite du fleuve Congo, devait suffire amplement »[9]. De leur côté, 22 Professeurs de l’Université Kongo originaires des districts des Cataractes et de la Lukaya avaient publié un mémorandum contre l’ouverture de l’UKV. Pour l’essentiel, ils reprochaient aux fondateurs de l’UKV d’avoir programmé la mort de l’Université Kongo et aux Bayombe de fragiliser l’unité du peuple Kongo, le district du Bas-Fleuve étant, selon eux, entré en dissidence. Car ils prenaient l’UKV pour une Université des Bayombe, comme si seuls les Ne-Kongo yombe devaient y être admis au titre d’étudiants, d’enseignants ou d’agents administratifs. Ce fut là un grand défi à relever en convertissant l’hostilité en collaboration pour la survie de l’UKV à qui ses détracteurs accordaient à peine 3 mois d’existence avant sa déconfiture totale.
- Parmi les défis, il convient de citer aussi l’absence de tradition/culture universitaire avec pour conséquences : la propension à l’anarchie, à la contestation sans aucune raison valable, à la loi du moindre effort ; la tendance à étudier non pour connaître (pour la vie), mais seulement pour avoir les points et le diplôme.
- Les difficultés financières constituaient un autre grand défi. Premièrement, l’UKV ne pouvait nullement compter sur l’aide des Autorités provinciales qui lui étaient hostiles. Deuxièmement, les parents des étudiants – dans leur grande majorité – étaient dans l’incapacité de payer les frais d’études de leurs enfants suite à l’effondrement économique du Mayombe. Troisièmement, les Eglises fondatrices, elles-mêmes confrontées à d’énormes problèmes financiers, avaient du mal à financer le fonctionnement de l’UKV. Quatrièmement, bien que s’étant engagés à verser chacun une contribution annuelle de 200 USD au compte de l’Université, très peu de membres du Conseil d’Administration et du Collège du Pouvoir Organisateur s’acquittaient de leur promesse. Par conséquent, l’UKV privée communautaire connut, à ses débuts, un marasme financier.
A ce stade de notre investigation, il sied de signaler la précieuse contribution du diocèse catholique de Boma à la survie de l’UKV confrontée autrefois à de nombreux défis.
7. Diocèse de Boma : le plus grand bienfaiteur local de l’UKV,
des origines à nos jours
- L’Eglise catholique a mis gracieusement à la disposition de l’UKV un bâtiment à deux étages et d’autres locaux, dans l’enceinte de l’ancienne Colonie scolaire de Boma, actuel Institut Boma Mungu (IBM).
- Chaque année, le diocèse de Boma organisait aussi des quêtes dans toutes ses paroisses afin de financer le fonctionnement de l’UKV.
- Redisons-le ici que le site définitif de l’UKV – un terrain de 27,6 ha situé au Km 8 – fut acquis par le deuxième Recteur, Mgr Prof. Dr. Dr. Maître Agrégé Joseph NTEDIKA KONDE, d’heureuse mémoire, dans le but de donner à la jeune Université dédiée au Président KASA-VUBU un grand terrain, une adresse et des infrastructures propres.
- A travers feu le Recteur Mgr Prof. Joseph NTEDIKA KONDE, le diocèse de Boma s’est également investi dans les démarches de prise en charge de l’UKV par le Trésor public.
On le voit aisément, le diocèse de Boma est demeuré le plus grand bienfaiteur local de l’UKV tant au plan matériel que financier.
8. La prise en charge de l’UKV par l’Etat congolais
Comment l’UKV fut-elle prise en charge par le Trésor public ? Notre ouvrage sur le Président KASA-VUBU a clairement répondu à cette question[10].
Dans les lignes qui précèdent, nous avons épinglé les nombreux problèmes ou défis qui menaçaient gravement l’existence de l’UKV. Pour éviter la fermeture de cet outil de formation de la jeunesse congolaise, le pouvoir organisateur, notamment l’Evêque de Boma à l’époque, Son Excellence Mgr Cyprien MBUKA di NKUANGA, a décidé de recourir à l’Etat.
Les démarches furent entreprises et rondement menées par le très dévoué feu le Recteur Mgr NTEDIKA KONDE, fort du poids des deux Eglises fondatrices sur l’échiquier politique du pays. Suite à ces démarches, l’UKV fut prise en charge par l’Etat congolais le 29 juin 2006 à la faveur de l’Arrêté Ministériel n° 197/MINESU/CAB MIN/PL/AB/2006 du 29 juin 2006.
CONCLUSION
Voilà brossée à grands traits la genèse de l’UKV privée communautaire devenue officielle. Vous l’aurez compris : chèrement acquise, l’UKV est le fruit d’énormes sacrifices, d’abnégations, de longs et durs combats de nombreuses personnes, notamment de ses fondateurs, pionniers et de ses différents comités de gestion. En effet, écrit le Professeur Abbé César VUMUKA, « les tout premiers gestionnaires de l’UKV tant communautaire (privée) qu’officielle ont travaillé dans des conditions extrêmement difficiles : très peu d’effectifs, pas de frais de fonctionnement, pas de frais connexes, pas de prise en charge par l’Etat congolais lorsque l’UKV fut privée, les frais académiques payés par les étudiants étaient dérisoires (le tiers de ce qu’on paie aujourd’hui), plusieurs enseignants et Autorités de l’UKV ont travaillé bénévolement en étant de vrais bienfaiteurs. « Tout début a toujours été difficile », dit-on. Ce sont donc les sacrifices exceptionnels, le courage, la modestie, l’intégrité, la détermination héroïque ainsi que le génie créateur des pionniers et de tout premiers gestionnaires de l’UKV tant communautaire (privée) qu’officielle sans oublier la contribution précieuse de l’Eglise catholique qui ont tracé le chemin pour les autres et qui ont permis »[11] à l’Université dédiée au Président Joseph KASA-VUBU de subsister jusqu’à ce jour.
Ainsi, nous osons croire que ce bref historique vous a permis de redécouvrir le Président Joseph KASA-VUBU, de comprendre les origines historiques et les dures années antérieures de fonctionnement de l’Université qui porte son prestigieux nom ainsi que les démarches ayant abouti à la prise en charge de ladite Université par le Trésor public.
De même, nous espérons que la présente conférence vous a incités à tout mettre en œuvre pour continuer de construire résolument et progressivement l’UKV c’est-à-dire cette Université de l’excellence rêvée par ses Pères fondateurs et ses pionniers.
Que vive la RDC.
Et que vive à jamais l’UKV.
Je vous remercie de votre aimable attention.
[1] C. VUMUKA-ku-NANGA, La vie et l’action politique de KASA-VUBU. Pour une culture de bonne gouvernance et de développement, préface du Professeur Julien NYIMI PHANZU, Kinshasa, Imprimerie MÉDIASPAUL, 2018, p. 45, note 49.
[2] Pour de plus amples informations sur les raisons qui ont milité en faveur de la création de l’UKV, nous recommandons la lecture du témoignage du Secrétaire Général Académique honoraire de l’UKV, Prof. Julien NYIMI PHANZU : « le marasme économique du pays, déjà vécu à l’époque, a entraîné la récession, voire la ruine, de la quasi-totalité des entreprises soutenant l’économie de la Province du Kongo Central alors Bas-Zaïre. Ce qui a conduit à la paupérisation croissante des masses jadis laborieuses soudainement rendues au chômage et pratiquement condamnées à ne plus vivre que d’expédients.
De ce fait, les ménages peinèrent de plus en plus à subvenir à leurs besoins, même aux plus élémentaires. Ils n’osaient même plus penser à envoyer leurs enfants diplômés du secondaire aux études universitaires à Kinshasa, la Province étant alors dépourvue d’université. Ce qui accroissait le taux du chômage postsecondaire.
Aussi, émus par cette grande détresse de la jeunesse scolarisée bloquée dans son ascension intellectuelle, les notables, les professeurs d’université originaires du Bas-Zaïre et d’autres « vertébrés » de la Province tel que Maître Pascal NDUDI NDUDI alors Ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire, ont-ils pensé à créer une université provinciale, évidemment privée, afin de rapprocher l’institution universitaire de ses usagers et de réduire, du même coup, et l’impact financier des études universitaires, les étudiants pouvant vivre chez leurs parents ou proches, et la grande dépendance de la Province des universités kinoises. Ainsi est née l’université du Bas-Zaïre (UNIBAZ) créée en 1990.
Et pour servir toute la Province, l’UNIBAZ devait absolument s’éclater en plusieurs campus et s’implanter dans les grandes villes et autres cités à forte densité scolaire : Kisantu et Mbanza-Ngungu au nord, Matadi et Boma au sud.
Néanmoins, la répartition des Facultés et la spécialisation de chaque campus ont occasionné de sérieux problèmes de gestion dans deux d’entre eux. En effet, certains campus, ceux du nord, ont été dotés des Facultés les plus courues à l’époque (médecine, droit, économie) tandis que ceux du sud ont dû se contenter des Facultés qui, généralement, rebutent (polytechnique, agronomie). Et comme on devait s’y attendre, ces derniers campus étaient obligés de fermer les portes pour non-viabilité en mai 1998, 8 ans à peine après leur ouverture. Un seul campus aurait dû demeurer fonctionnel si celui de Kisantu n’avait pas oublié de fermer son site.
Avec ce nouveau coup du sort, le sud de la Province se trouvait dégarni en université et les anciens de l’UNIBAZ qui ne pouvaient émigrer avec leur université vers les nouveaux sites, ceux du nord, se retrouvaient dans la rue. L’urgence de créer un autre Etablissement en remplacement de l’UNIBAZ s’imposait » (J. NYIMI PHANZU, Préface, dans C. VUMUKA-ku-NANGA, op. cit., pp. 13-15).
[3] Lire à ce sujet : Président du Conseil d’Administration, M. César LUBAMBA NGIMBI parle de l’U.K.V. La première promotion, déjà en 2ème graduat, dans Le monde de jeunes, Bimensuel de Formation Générale, N° 24-25 du 07 au 22 août 2001, p. 6.
[4] J. NYIMI PHANZU, Préface…, art. cit., p. 15. Précisons que Monsieur Justin MAKAYA NZUZI a été le premier Président du Conseil d’Administration de l’UKV, une fois qu’elle avait été créée. Monseigneur NTEDIKA KONDE a succédé au tout premier Recteur de cette université : le Professeur Natalis BELE BINDA. Le Professeur Zéphyrin BUTSANA BU NIANGA a, finalement exercé les fonctions de Secrétaire Général Académique après le Professeur Julien NYIMI PHANZU, troisième de la liste. Monsieur Sylvestre MBUINGA MVUBU a animé l’antenne de l’Université Président KASA-VUBU à Kinshasa sous la formule privée communautaire.
[5] Université Président Joseph KASA-VUBU (U.K.V), Programme des cours. Année académique 2002-2003, p. 5. Lire aussi : Signature à Boma de l’acte fondamental portant création de l’Université KASA-VUBU (UKV), dans Agence Congolaise de Presse (ACP), N° 087, du 27/04/1999, p. 9.
[6] Université Président Joseph KASA-VUBU (U.K.V), op. cit., p. 6.
[7] Cité par C. VUMUKA-ku-NANGA, op. cit., pp. 64-65.
[8] J. NYIMI PHANZU, L’Université Joseph KASA-VUBU alors université communautaire : quels défis ?, dans C. VUMUKA-ku-NANGA, op. cit., p. 93.
[9] Ibid., p. 94.
[10] Cf. C. VUMUKA-ku-NANGA, op. cit., pp. 61-79.
[11] Ibid., 73.
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