Les Cliniques Universitaires de Kinshasa fondées en 1957 ayant bénéficié pour leurs structures en bâtiments de trois édifices hérités du site construit par l’OTRACO ; seules les ailes construites par l’Université Lovanium, à en croire ekinshasa.net, elles devraient revenir à l’Office National des Transports et des Autoroutes l’ex ONATRA, aujourd’hui SCPT. Ainsi les vaches seront bien gardées. Et Dieu saura bénir les siens.
- LA DESCENTE AUX ENFERS
Pathétique et inadmissible, la description que le Professeur Daniel Gambembo Fumu wa Utadi alors Doyen de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines en 1999 fait des pratiques devenues monnaie courante sur « La Colline Inspirée » dans son article intitulé «De Lovanium à l’Université de Kinshasa», p.75 dans l’ouvrage collectif « Sous la direction de NDAYWEL-è-Nziem, L’Université Lovanium 1954-2004, Paris L’Harmattan, 2007 » :
«Vente de syllabus(au contenu scientifique parfois douteux) dont la confection était pourtant obligatoire, suivant une instruction académique; correction des interrogations et des travaux pratiques contre paiement alors que l’exercice fait partie de la charge horaire pour laquelle on perçoit une prime; négociation de bonnes notes d’examen, payables en espèces ou en nature (pour les étudiantes) ;offre d’argent, d’habits, de cartes téléphoniques ou tout autre !Le doyen était plus occupé à trancher des conflits entre collègues ou entre professeurs et étudiants, qu’à statuer sur des travaux de recherche ou d’enseignement. La mort dans l’âme, j’ai dû mener des interrogatoires, confronter professeurs et étudiants pour ce genre de litiges, finalement courants».
Ce n’est donc pas pour rien que d’analystes avertis ont plaidé pour la fermeture pure et simple de cette université, avant une évaluation sans feinte pour un nouveau redécollage… !
Qui peut se gausser d’être fiers de notre université à ce jour ?
Est-il pensable que l’Etat congolais aujourd’hui, par un tour de passe-passe idéologique se saisisse d’une Université confessionnelle privée pour en faire sa propriété ?
Est-il moralement juste et équitable que des biens des tiers, arrachés par la volonté d’un tyran restent en l’état ?
En 2004 à la célébration du Cinquantenaire de l’Université Lovanium, l’UNESCO plaidait pour la restitution de Lovanium à son propriétaire naturel qu’est l’Eglise Catholique.
N’est-ce pas venu le temps de débattre, sans tabous, de la question de la propriété de l’Eglise catholique qu’est l’Université Lovanium, étatisée, nationalisée et zaïrianisée ?
L’heure, croit-on ici est à la restitution par l’Etat congolais de tous les biens pris à l’Eglise catholique.
Dans certains cercles conservateurs de l’Eglise catholique romaine, l’on croit le moment venu pour revendiquer, non seulement le home « Thelem » et le home « Vatican », mais pour tout le patrimoine de l’Université Lovanium, ainsi que divers tous autres biens que l’Etat congolais a subrepticement « arrachés » à l ’Eglise Catholique.
Pour rappel, le home « Vatican » à proximité de la Paroisse universitaire de l’Unikin est cet autre domaine construit par les fonds de l’Eglise catholique.
Au demeurant, explique un dignitaire de l’Eglise catholique sous le couvert de l’anonymat, les autorités de l’Unikin doivent s’activer à recenser tous les biens de l’Université spoliés de manière scandaleuse dont des pans entiers cédés, concédés, vendus, alors que l’Université de Kinshasa les avait pourtant dans son patrimoine.
Cas des espaces aujourd’hui disparus comme le site de Ndjili-Brasserie qui était une réserve pour la Faculté d’Agronomie… Liste non exhaustive.
- UNE CRISE LARVEE
A l’ Université de Kinshasa où nous avions rencontré les 11 et les 18 novembre 2014 des préposés du service des logements de l’Université de Kinshasa sous la gestion du Secrétaire Général Administratif, il ressort que la question du logement relève de la Direction des Affaires Sociales de l’Unikin qui a mission, entre autres, de loger le personnel de l’Unikin, c’est-à-dire de tout agent repris dans l’ « Annuaire du Personnel de l’Unikin ».
Notamment : les Professeurs, les Chefs des Travaux, les Assistants, le Personnel Administratif, le Personnel Technique et le Personnel Ouvrier.
L’Université étant devenue depuis 1971 une Université de l’Etat, elle a donc repris en cette qualité, toute la gestion de l’Université Lovanium, en ce compris, tout le patrimoine de l’Etat ici dépendant du Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire.
Autrement dit, la Direction des Affaires Sociales par sa Direction des Logements s’occupe du patrimoine immobilier, « un patrimoine jadis florissant mais amoindri à ce jour tant il ne comprend plus que les seules maisons des plateaux des résidents répertoriés dans la « Grille des logements des maisons du Plateau de l’Unikin ».La Commission Technique Permanente des Logements, composée de la Direction des Affaires Sociales et de la Mairie a donc mission de confirmer qu’il n’y aucun appartement qui échappe au comité de gestion ».
HOME « THELEM »…
Dans cette « Grille », la Direction des Affaires Sociales a la charge de toutes les maisons ici classifiées en 18« Types », parmi lesquels, celui spécifique des Maisons de « Thelem ».
Au Secrétariat Général Académique de l’Unikin, l’on reconnait que le home « Thelem » fut un Patrimoine de l’Eglise Catholique mais devenu-depuis-,un patrimoine public où l’Etat a repris tant le passif que l’actif lui légué par l’Eglise Catholique.
Voilà pourquoi ne peuvent loger dans ces maisons que les agents actifs qui portent le Numéro Matricule de l’Unikin.
Le 1er octobre 2014, nous a-t-on appris, le Comité de gestion a décidé de l’attribution de quelques maisons de l’Unikin à quelques membres de la communauté universitaire.
Ayant donc pris connaissance de quelques appartements du home « Thelem » qui seraient disponibles, le Comité de gestion a décidé de les attribuer à quelques membres du personnel actif.
Mais lorsqu’au niveau de « Thelem », le personnel désigné y va pour prendre possession des lieux, des prêtres trouvés sur place vont prétendre y loger les leurs au titre des ayant-droits et opposer une farouche résistance.
Ainsi, les services administratifs qui doivent exécuter les actes d’attribution vont alors se rendre sur les lieux munis des documents officiels.
Ayant donc trouvé les prêtres avec la même prétention d’y loger les leurs, les « missi dominici » envoyés spéciaux du Secrétariat Général Administratif vont exiger de ceux-ci des documents opposables susceptibles d’asseoir leurs prétentions et autres exploits.
Malheureusement, explique-t-on au Secrétariat Général Administratif, ceux-ci n’auraient aucun document. Et de constater que les personnes qu’on voulait y loger par leurs compères seraient d’agents pastoraux prêtres mais qui ne feraient pas partie des agents actifs immatriculés de l’Université.
Considérant que les copies d’actes d’attribution des logements que l’on adresse au bénéficiaire du logement sont également adressées aux membres du Comité de gestion, de la Direction des Affaires Sociales au Commandant de la Police Universitaire de l’Unikin; à la Mairie des Résidents du Plateau, il est alors fait recours à la Force publique.
La Police universitaire dépêchée sur les lieux va ainsi s’employer à scier, sans autre forme de procès et sans ménagement, loin des règles de courtoisie et de bienséance, les cadenas de l’appartement querellé et au finish, y loger «manu militari» les personnes désignées par l’autorité de l’Université.
- LE FETICHISME DES TEXTES
Comme en 1971 lors de la privatisation des biens de l’Eglise au plus fort de la dictature mobutienne, une nouvelle crise larvée couvait entre l’Eglise et l’Etat congolais dont les signes avant-coureurs étaient perceptibles.
En cause : la gestion du site « Thelem » réservé jadis au logement des prêtres et autres agents pastoraux mais qui désormais reçoit de plus en plus des laïcs, au mépris du mode de vie distinct des serviteurs de Dieu d’obédience catholique.
Le site « Thelem » à côté de l’aumônerie catholique universitaire Notre Dame de la Sagesse, distinct des habitations des Professeurs du Plateau des Résidents, des habitations des assistants, des étudiants mariés et de la Cité des travailleurs fut, dès la création de l’Université Lovanium réservé exclusivement au personnel ecclésiastique.
Notamment les clercs professeurs ou étudiants, les agents pastoraux, les pères et les collaborateurs spirituels pour l’animation spirituelle de la communauté universitaire.
Sans oublier que la Faculté de Théologie était partie prenante du cursus des enseignements de l’université Lovanium à côté des Facultés de Droit, de Médecine, de Philosophie et Lettres, de Psychologie et de Pédagogie, des Sciences, des Sciences Politiques, Sociales et Economiques, de Polytechnique, d’Agronomie.
Certaines d’entre elles précédées de la Propédeutique générale et la Propédeutique scientifique.
La construction en 1965 du Centre paroissial à côté de Notre-Dame de la Sagesse, agrandi en 1987, et l’érection du nouvel home « Vatican 2 » ou « Vatican » tout court non loin du home « Thelem » attestent de la destination première de tous ces sites configurés prioritairement et exclusivement au travail du personnel ecclésiastique de l’Eglise catholique.
Voilà pourquoi lorsque le home « Thelem » est construit, il dispose en son sein, des appartements privés faits d’un salon et d’une chambre pour chaque prêtre, abbé ou religieux missionnaire, mais aussi d’une chapelle, d’un réfectoire, d’une cuisine et des toilettes communes.
Preuve que le site était construit pour y accueillir, non des familles, mais des célibataires appelés à partager une vie communautaire.
La prégnance et la paternité de l’Eglise catholique explique également la présence, à côté des Cliniques universitaires, d’« un logement pour les sœurs hospitalières des cliniques en construction… (afin de libérer) quelques locaux aux cliniques universitaires dont les services s’étendent et réclament de plus en plus d’espace ».
C’est ce qui ressort de l’ouvrage de référence « Université Lovanium 1961-1962 », page 249.
Cela veut dire que le home « Thelem » doit être pris pour un site « réservé » destiné à n’accueillir que les agents pastoraux à l’œuvre de l’évangélisation.
Vouloir coûte que coûte y loger toute personne généralement quelconque de l’Université est perçu comme un affront pour le personnel ecclésiastique.
Et lorsque le Comité de gestion de l’Unikin entend y loger ses agents et cadres, toutes catégories confondues, en les faisant accompagner au besoin, des commis de la force publique, notamment d’ agents de la Police universitaire ou nationale congolaise, et donc « manu militari », cela s’apparente aux yeux des ecclésiastiques d’un mépris inacceptable.
Surtout lorsqu’ à l’endroit d’une certaine frange du personnel laïc, le même Comité de gestion semble afficher un favoritisme plutôt outré, voire obséquieux.
Il est de bon ton de bannir, en pareilles circonstances, des attitudes faites d’effronterie et d’insolence, voire d’autoritarisme.
Le Comité de gestion peut bien loger de plein droit toute personne qu’il juge opportun d’y loger, au regard des textes légaux et réglementaires qui régissent l’Université de Kinshasa.
C’est de bonne guerre.
Mais il est faux et impudent de vouloir tout régenter et de tout régler sur le plan strictement des textes.
Car si, comme nous l’avions appris, les trois aumôneries classiques jusqu’ici opérationnelles que sont les catholiques, les protestants et les kimbanguistes, en attendant une ouverture à l’Armée du Salut, bénéficient des lignes de crédit social de l’Université de Kinshasa via la Direction des affaires sociales, cela est la preuve que l’Eglise participe à sa manière d’une fonction d’utilité publique en appui à la mission régalienne de l’Etat dans sa mission d’éduquer, de former, par le biais de la science, de la recherche, de la morale, de la religion et de la spiritualité.
- EN UN MOT COMME EN MILLE
La Maison ou « La Résidence Thelem » est un patrimoine indivis, construit pour des personnes appelées à partager la vie communautaire, qui leur évite, soit dit en passant, une promiscuité dans l’accomplissement de leur ministère.
Le sentiment qui prévaut dans le chef du personnel ecclésiastique est que les prêtres ici se sentent littéralement « malmenés » alors que dans « l’esprit Lovanium », il n’a jamais été question d’y mélanger prêtres et familles laïques.
Revendiquer la propriété des lieux-à ce stade, c’est réclamer le respect de la destination et de l’orientation initiale d’un bâtiment construit pour un usage ecclésiastique.
Car il est inconvenant, dans un Etat constitutionnellement laïc, de considérer la communauté des clercs et des religieux comme étant une catégorie qui aurait disparu de la cité universitaire.
Le Comité de gestion de l’Unikin a mission de protéger l’état clérical, l’engagement pastoral de tous les membres que la hiérarchie de l’Eglise catholique juge nécessaire à la gestion des tâches ecclésiales.
A moins de vouloir transformer la Cathédrale Notre-Dame de la Sagesse en un lieu d’habitation ou à un auditoire des cours, comme le sont devenus, les réfectoires construits jadis par l’Eglise catholique.
Car il est même arrivé qu’on loge au home Thelem des Pasteurs d’autres aumôneries, au grand dam de agents pastoraux à qui l’on refuse les lieux, alors que les trois aumôneries distinctes et reconnues sur le site universitaire ont chacune un champ d’apostolat qui ne devrait appeler aucune confusion.
La solution n’étant ni dans une casuistique dépassée, ni dans un juridisme plat, mais dans une voie plutôt éclectique de dialogue et de concertations, le vœu dans le chef du personnel ecclésiastique est de voir l’autorité de l’Université de Kinshasa amorcer rapidement ce dialogue franc et sincère en évitant de laisser planer un esprit plutôt partisan, discriminatoire et offensif à l’endroit des paisibles serviteurs de Dieu.
Et qui ne demandent pas le ciel-ni l’enfer non plus-mais le respect et la prise en compte de leur état et de leur foi, dans un esprit de tolérance, d’ouverture et non dans celui d’affront et d’entrave à leur pleine jouissance.
L’autorité actuelle de l’Université de Kinshasa n’a rien à gagner à attiser des vieilles rancœurs.
Faute de mettre un peu d’eau dans son vin et ayant choisi d’opter pour une gestion du patrimoine hérité de l’Eglise catholique de manière outrageusement outrecuidante et oukasienne, remuant au passage un couteau dans une plaie à jamais cicatrisée, l’actuel Comité de gestion, par un zeste de zèle un peu excessif, vient de relancer le débat qui, nous en sommes convaincus, aura eu le mérite, malencontreux,de contraindre les autorités ecclésiastiques, de ramener à la surface, la question de son patrimoine, de tout son patrimoine qui lui a été spolié par l’Etat congolais.
Que l’on rende donc à l’Eglise catholique romaine en général, congolaise en particulier, tout ce qui lui revient de plein droit : non seulement le site « Thelem » et le home « Vatican », mais l’Université et tous les autres biens patrimoniaux lui spoliés.
Pareil de l’Université de Kisangani pour l’Eglise Protestante et des Cliniques Universitaires de Kinshasa à l’endroit de l’ONATRA propriétaire.
Vivement le débat.
Eugène Ngimbi Mabedo
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