Conférence tenue à Boma/Kabondo dans la salle « Chez Ya TAMBA » lors de l’atelier d’échange sur l’éducation civique et électorale organisé par le Collectif des Jeunes Engagés pour le Développement Intégral (COJEDI), le 27 octobre 2023.
Par Prof. Dr. Abbé César VUMUKA-ku-NANGA
Prêtre du diocèse de Boma et Directeur honoraire du Centre Pastoral Diocésain de Boma
Président de la Fraternité des Consacrés originaires des paroisses de Kidima et de Lovo au diocèse de Boma
Professeur à l’Université Président Joseph KASA-VUBU / Boma
Ancien Secrétaire Général Académique de l’Université Président Joseph KASA-VUBU / Boma
Vice-Doyen chargé de la recherche dans la Faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques à l’Université Président Joseph KASA-VUBU / Boma
Membre du Comité Scientifique de la revue Cahiers Africains des Droits de l’Homme et de la Démocratie ainsi que du Développement Durable
Promoteur des « Pharmacies LUZINGU » et du « Centre Hospitalier LUZINGU »
Membre du Conseil d’Administration et Partenaire de la Zone de Santé rurale de Boma-Bungu au Kongo Central
Directeur des projets innovants « Puits et source d’eau protégés » réalisés dans l’agglomération de Mangala dans le Kongo Central
Président de l’ONGD « Solidarité pour l’Emergence de Mangala ».
Il tient plusieurs conférences au pays et à l’étranger. Il est également l’auteur de nombreuses publications scientifiques sur des thèmes très divers comme « Renouveau charismatique », « Justice, Paix et Développement », « Foi et Politique », « Eglise et Etat », « Démocratie et élections », « Président Joseph KASA-VUBU et bonne gouvernance », « Lutte contre les antivaleurs », etc. En 2013 et 2014, il fut Formateur en éducation civique et politique aux « Séminaires de renforcement des capacités des cadres et militants des partis politiques », dans les villes de Boma et Matadi au Kongo Central ; ces séminaires de formation furent organisés et financés par la République Fédérale d’Allemagne par le biais de la Fondation-Konrad-Adenauer (FKA).
Ci-devant Professeur Dr. Abbé César VUMUKA-ku-NANGA au cours de son intervention lors de l’atelier d’échange du 27 octobre 2023 dans la Ville de Boma sur le processus électoral
POUR UNE MEILLEURE PREPARATION
AUX ELECTIONS DE DECEMBRE 2023 EN RDC.
EDUCATION CIVIQUE ET ELECTORALE DE LA MASSE DES ELECTEURS
0. INTRODUCTION
A l’approche du scrutin présidentiel du 20 décembre 2023, qui sera couplé avec celui des députés nationaux et provinciaux, Human Rights Watch et le Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme signalent un climat tendu en République Démocratique du Congo (RDC) marqué par la répression des dirigeants de partis politiques de l’opposition, comme Moïse KATUMBI, Martin FAYULU, Delly SESANGA et Augustin MATATA PONYO.
Cette prise de position est contestée par le Ministre de la communication et porte-parole du gouvernement congolais, qui assure qu’aucune stratégie de répression n’a été mise en place contre les opposants qui se victimisent et ne pèsent rien pour faire peur au gouvernement. Dans l’entre-temps, la Commission Electorale Nationale Indépendante, CENI en sigle, a autorisé les 24 candidats enregistrés (Ndlr : qui sont passés à 26 à la suite des requêtes en contentieux électoraux introduites à la cour constitutionnelle qui a rendu ses arrêts le 30 octobre 2023) à se présenter à la prochaine élection présidentielle de décembre 2023.
A ce stade de notre exposé, il sied de souligner que ces élections se tiendront sur fond d’une crise sécuritaire à l’Est en proie aux groupes armés depuis près de trente ans : notre pays est constamment attaqué et pillé non seulement par des troupes venues du Rwanda et de l’Ouganda, mais également par des vautours en tout genre, qu’ils soient congolais, africains, européens ou américains. Il n’est donc pas étonnant que la RDC figure au bas de l’échelle c’est-à-dire parmi les cinq (5) nations les plus pauvres du monde.
Cette situation fait craindre le spectre du « glissement » des élections et beaucoup se posent plusieurs questions dont les suivantes : les résultats de ces élections présidentielle, législatives et communales seront-ils crédibles et surtout transparents ? Faut-il s’attendre à une amélioration sensible des conditions sociales de la population congolaise et bomatracienne après les élections ? Face à ces questions, le gouvernement fait tout pour rassurer que le calendrier électoral sera respecté.
C’est dans ce contexte pré-électoral tendu que certains candidats courtisent déjà la population bomatracienne et congolaise sur les chaines de radio et télévision tant locales que nationales. D’autres, d’après Me Timothée PHUNGI UMBA, Coordonnateur du Collectif des Jeunes Engagés pour le Développement Intégral (COJEDI), « se bousculent pour poser des actes de charme pour s’attirer la sympathie des électeurs ». Pour que les Bomatraciens en particulier tout comme les Congolais en général ne soient pas désorientés par « certains candidats qui s’écartent totalement des rôles d’un député », par des « distractions avec des slogans farfelus » et par des promesses fallacieuses, le Collectif des Jeunes Engagés pour le Développement Intégral (COJEDI) a jugé nécessaire d’organiser cet atelier d’échange sur l’éducation civique et électorale afin de sensibiliser les participants ainsi que la population bomatracienne sur le processus électoral. En d’autres mots, il s’agit d’une campagne de sensibilisation ou d’éducation civique ou encore d’éveil de la conscience citoyenne pour rappeler à la population sa responsabilité dans le choix de ses représentants. Ainsi, par cette campagne organisée par le COJEDI, les Congolais en général et les Bomatraciens en particulier, sont invités, en tant que citoyens responsables, à éviter d’opérer un choix motivé par les passions, les cadeaux, l’argent, l’achat des consciences, le fanatisme aveugle, la démagogie, les intimidations, la donne clanique, tribale et ethnique. Au contraire, il importe de bien peser les raisons de son choix : quel est le parti, quels sont les hommes et les femmes, qui offrent la meilleure politique pour le bien de tous ?
C’est pourquoi, je tiens à remercier profondément et à féliciter très chaleureusement Me Timothée PHUNGI UMBA, Coordonnateur du Collectif des Jeunes Engagés pour le Développement Intégral (COJEDI), d’avoir organisé cet atelier d’échange sur le processus électoral. Permettez-moi de rappeler ici que Me Timothée est un de mes anciens étudiants à l’Université Président Joseph KASA-VUBU (UKV) dont je garde le meilleur souvenir. Après ses études, il est devenu un ami, un collaborateur fidèle et un partenaire efficace. Je suis très fier de son engagement pour l’éveil de la conscience citoyenne et pour le développement intégral de notre ville de Boma ainsi que de notre pays. Je lui souhaite force, courage et protection divine. SVP, applaudissons pour lui !
Ma conférence s’intitule « Pour une meilleure préparation aux élections de décembre 2023 en RDC. Education civique et électorale de la masse des électeurs ». Nous commencerons par montrer l’importance de la politique dans le développement d’un pays ; nous en profiterons pour expliquer comment la politique est l’affaire de tous. En guise d’illustration, nous proposerons feu le Président Joseph KASA-VUBU, Héros national, comme modèle d’un bon bomatracien engagé politiquement et comme icône d’un bon leader politique congolais. Ce sera notre premier point. Tout ceci débouchera sur un deuxième point, à savoir : la recherche d’un profil idéal des hommes et femmes politiques dont la ville de Boma et la RDC ont présentement besoin. Suffisamment éclairée sur l’importance de la politique dans le processus de développement de notre pays qui va aujourd’hui mal et bien formée sur le profil idéal d’un bon leader sociopolitique congolais, la population bomatracienne sera ensuite encouragée à aller voter massivement et en connaissance de cause : c’est ce que nous appelons l’éducation civique et électorale de la population bomatracienne et congolaise qui constitue l’objet de notre troisième point. Comme la quasi-totalité des participants à la présente campagne de sensibilisation est chrétienne ou croyante, nous consacrerons notre dernier et quatrième point aux conseils que nous donnent les Chefs des confessions religieuses de la RDC – lorqu’ils étaient autrefois unis ; quelles que soient les dissensions apparues entre eux, leurs orientations demeurent néanmoins toujours actuelles. La conclusion reprendra les acquis majeurs de notre communication.
I. LA POLITIQUE : UNE NECESSITE ET UNE AFFAIRE DE TOUS
1.1. Nécessité de la politique qui est l’affaire de tous
Avant toute chose, il convient de souligner la nécessité de la politique qui est l’art et l’effort pour organiser la société d’une manière telle que toutes les aspirations de la collectivité nationale vers plus de justice et de bien-être puissent y trouver satisfaction. A cause du grand impact qu’elle exerce sur la vie humaine (où s’entremêlent la justice et l’injustice, l’épanouissement et l’écrasement), la réalité politique doit être prise au sérieux : la politique est alors l’affaire de tous ; elle est un service à rendre à la communauté. Ainsi, étant donné que tout le monde est appelé à conjuguer ses forces en vue d’une réalisation plus parfaite du bien commun, toute personne honnête ne peut jamais « faire de la politique » entendue dans le sens populaire de mentir, de tricher publiquement.
Bien que la politique soit l’affaire de tous, on ne peut néanmoins nier la réalité suivante : seul, isolé, un Congolais ne saura jamais transformer/améliorer/changer la vie de la société congolaise. C’est pourquoi, beaucoup de citoyens se regroupent en associations appelées « partis politiques ». Outils de la démocratie, les partis politiques sont des associations qui permettent aux citoyens de dire, et de faire connaître à tout le pays, quelle politique ils désirent ; ils s’organisent pour conquérir et exercer le pouvoir de l’Etat et aussi prendre la responsabilité du bien commun. Dans un programme, ils précisent leurs buts, leurs objectifs et leurs moyens. Après avoir défini ce qu’est un parti politique, que peut-on dire à présent de la structure des partis politiques ?
La structure des partis politiques en régime dictatorial n’est pas la même qu’en régime démocratique. Un seul parti : c’est le monopartisme.Alors le risque est grand de sombrer dans la dictature. En guise d’illustration, citons le cas du Mouvement Populaire de la Révolution qui, sous la deuxième République, était un parti politique, l’unique, où un seul homme, le Président MOBUTU, en véritable dictateur, décidait de tout et sur tout. Dans un régime dictatorial, ceux qui détiennent le pouvoir oublient ce que le peuple veut, pour ne songer qu’à leurs intérêts personnels. La condition d’une vraie démocratie, c’est l’existence de plusieurs partis : c’est le multipartisme. Alors les citoyens peuvent choisir un parti et en devenir membres, choisir la politique et les hommes d’un parti au moment des élections. Il n’est pas bon qu’il y ait trop de partis. La multiplicité des programmes pourrait désorienter les citoyens et leur cacher les vrais enjeux. Le parti ou le candidat qui remporte les élections est celui qui a obtenu la majorité des suffrages, autrement dit : le plus de voix. Il se dégage ainsi une majorité qui, associée aux partisans d’une même politique, pourra gouverner. Ceux qui n’ont pas eu la majorité – qui sont la « minorité » – forment alors l’opposition, nécessaire à toute démocratie. Son rôle est d’obliger les gouvernants à tenir compte des points de vue et des intérêts de la « minorité ». Grâce à l’opposition, le débat, pour trouver la meilleure politique et les meilleurs hommes de gouvernement, continue après les élections. C’est pourquoi, il ne faut pas considérer l’opposition comme un danger pour l’ordre public.
De tout ce qui précède, l’on peut conclure que le rôle des partis politiques est plus que décisif dans l’avènement du bien-être social. En d’autres termes, les partis politiques sont au service des citoyens et du bien commun, bref du développement intégral du peuple. Pour être au service des citoyens, du bien commun et du développement intégral du peuple, les partis politiques, les hommes et femmes politiques doivent au préalable connaître les défis sociopolitiques de la ville de Boma et du pays ou autrement dit les attentes/problèmes de la population pour mieux y répondre. Cela suppose, en outre, pour la ville de Boma, que les partis politiques, les députés et les candidats députés disposent de bureaux d’étude capables d’analyser les situations et les dossiers. Cela nécessite également l’existence d’un projet de société commun ou mieux de « notre projet commun » qui reflète les aspirations majeures du peuple congolais et qui a déjà été élaboré par la société civile. C’est ce projet commun de développement intégral contenant les priorités/aspirations majeures de toute la communauté bomatracienne et nationale que ceux qui seront élus (futurs députés provinciaux et nationaux dont le rôle est de produire des lois et de contrôler l’exécutif) iront défendre – en tant que porte-paroles de la population – devant les Assemblées Provinciale et Nationale. Dans cette optique, je suggère que chaque candidat ou acteur politique signe un contrat d’engagement avec la ville de Boma et la province du Kongo Central pour être le porte-parole ou le défenseur du projet commun que nous venons d’évoquer.
Pour être concret, mentionnons ici l’exemple de feu le Président Joseph KASA-VUBU, vrai Père de l’indépendance du Congo-Kinshasa et Héros national, un Bomatracien et ancien Leader charismatique du parti politique « ABAKO » qui s’est impliqué résolument à connaître et répondre aux attentes de la population congolaise qui aspirait à son indépendance et voulait jouir de tous ses droits humains. Parce qu’il visait en permanence l’intérêt général du peuple congolais, il a brillé par sa rectitude, ses nombreux sacrifices, sa transparence dans la gestion des finances et des biens de l’Etat ; bref il a brillé par son dévouement sans limite au service du bien-être de la population congolaise. C’est pourquoi, à tous les candidats députés tant provinciaux que nationaux, aux futurs conseillers communaux et au futur Président de la République, nous le proposons comme modèle à imiter. Car pratiquement tout le monde est aujourd’hui « unanime pour reconnaître que c’est depuis l’abandon de la rigueur dans la gestion financière ou l’abandon de la bonne gouvernance et de la moralité publique à la KASA-VUBU, Héros national, que l’appauvrissement des masses congolaises s’est accru de façon dramatique ». Ainsi, la moralisation de la classe politique ou des responsables politiques congolais s’avère plus que jamais urgente et nécessaire.
1.2. Joseph KASA-VUBU, Héros national : modèle d’un bon acteur politique Bomatracien et d’un leader sociopolitique congolais
Dans nos multiples publications et nos nombreuses conférences tenues à Boma, Matadi, Muanda et au-delà, nous avons déjà épinglé les valeurs exceptionnelles de J. KASA-VUBU qui ont fait de lui un véritable paradigme d’une gestion politique responsable et promotrice de développement. En ravivant la mémoire de J. KASA-VUBU, notre motivation première et fondamentale est d’inciter les différents candidats aux élections prochaines et la postérité à la pratique des vertus qui ont illustré cet homme d’Etat : « sens de décision et ténacité ; intégrité ; rigueur dans le travail ; sens de l’honneur ; fidélité à la parole donnée ; patriotisme intransigeant ; courage politique intrépide ; ardente ambition pour l’édification d’une nation fière, prospère et libre ; hantise du bonheur du peuple et du bien commun ; enfin, volonté de rassembler le peuple Kongo autour d’un pacte de réconciliation au-delà de toutes sortes de diversités ».
Voilà pourquoi le premier Président de la RDC est considéré par la Ligue Nationale pour les Elections Libres et Transparentes, LINELIT en sigle, comme la référence en matière de bonne gouvernance. En témoigne cette déclaration qu’elle a faite en 2006 sur Son Excellence Monsieur le Président Joseph KASA-VUBU :
« La bonne gouvernance a une référence : Joseph Kasa-Vubu,
- l’homme de la transparence
- l’homme hostile au détournement des deniers publics
- l’homme qui octroyait un salaire décent aux fonctionnaires et agents de l’Etat
- l’homme qui restituait les frais de mission au trésor public
- défenseur des droits de l’homme et de la politique de la non-exclusion
- Apôtre du dialogue et de l’unité nationale
- Patriote luttant contre le bradage de la nationalité
Tous pour un Kasa-Vubu « New-look » ».
En nous inspirant de cet homme d’Etat d’exception aux qualités légendaires, J. KASA-VUBU, qui mérite bien d’être considéré comme une référence en matière de bonne gouvernance ou encore comme un véritable paradigme d’une gestion politique responsable et promotrice de développement, nous pouvons donner ci-dessous le profil idéal des candidats hommes et femmes dont la ville de Boma ainsi que la RDC ont présentement besoin.
II. PROFIL IDEAL DES CANDIDATS DONT LA VILLE DE BOMA ET LA RDC ONT BESOIN
Si nous voulons le développement intégral de la ville de Boma et de notre pays, il nous faudra coûte que coûte avoir une bonne catégorie d’élites, de leaders politiques. Posons-nous dès lors la question suivante : quel est le profil idéal du candidat aux prochaines élections dont nous avons aujourd’hui besoin ?
Vu tout ce qui vient d’être affirmé précédemment, voici les profils des hommes et des femmes politiques dont la RDC a présentement besoin :
- des hommes et des femmes qui aiment notre peuple et s’occupent avant tout des intérêts de la Nation et du bien-être de notre peuple ;
- des hommes et des femmes qui ont un sens patriotique aigu et ne servent pas de relais aux intérêts de puissances étrangères au détriment du peuple ;
- des hommes et des femmes compétents, choisis non pas en fonction du clientélisme ou du tribalisme ou encore du copinage, sans aucune considération pour la compétence de celui qui est appelé à s’occuper de la chose publique, mais en fonction de leur capacité et de leur efficacité ;
- des hommes et des femmes honnêtes qui ne s’approprient pas les ressources du pays et ne détournent pas impunément les biens d’autrui ou de l’Etat ;
- des hommes et des femmes qui, dans un esprit de vérité et de dialogue sincère, favorisent la réconciliation et la solidarité entre les différentes ethnies sans les exploiter à des fins politiciennes pour la conquête et la conservation du pouvoir ;
- des hommes et des femmes qui garantissent la paix et la sécurité et qui s’engagent à améliorer les conditions de vie de la population : l’éducation, l’eau et l’électricité, l’alimentation et la santé, le transport, bref, les services sociaux de base ;
- des hommes et des femmes visionnaires avec qui le peuple trace et signe un contrat social de bonne gouvernance qui prend en compte les questions prioritaires de toute la communauté c’est-à-dire notre projet commun. Un contrat qui fournit les garanties pour que les dirigeants, une fois élus, acceptent de se faire évaluer et contrôler par la population ;
- des hommes et des femmes, avec un sens élevé de l’amour du pays, soucieux du bien commun, engagés dans la promotion de la bonne gouvernance, ayant une probité morale et une bonne capacité intellectuelle doublée d’une expérience bien éprouvée ;
- des hommes et des femmes capables d’affronter les grands défis du monde moderne marqué par la mondialisation et la complexité des problèmes ;
- des hommes et des femmes qui craignent Dieu et qui s’acquittent de leurs devoirs civiques comme le paiement des impôts.
Tel est, en résumé, ce que nous pouvions dire au sujet du profil idéal du leader sociopolitique congolais et du candidat bomatracien aux prochains scrutins. Seul un leader répondant à ce profil est à même de réaliser le projet de société ou mieux « notre projet commun » qui reflète les aspirations majeures du peuple congolais en général et de toute la communauté bomatracienne en particulier.
Nous venons de parler de candidats aux futurs scrutins. Que dire à présent des électeurs ?
III. ALLONS VOTER MASSIVEMENT ET EN CONNAISSANCE DE CAUSE. EDUCATION CIVIQUE ET ELECTORALE DE LA MASSE DES ELECTEURS
Loin d’être un moment de rêve et d’exaltation, les prochaines élections sont bien plutôt un moment de réflexion et de décision/choix qui aura un impact considérable sur l’avenir et le bien-être aussi bien de la ville de Boma que de la Nation congolaise tout entière. En tant que citoyens responsables, chrétiens ou adeptes d’autres confessions religieuses, il importe de ne pas se laisser entraîner par les passions, mais de bien peser les raisons de son choix : quel est le parti, quels sont les hommes et femmes, qui offrent la meilleure politique pour le bien-être de tous ? Ainsi, que faire concrètement ? Voici notre réponse :
- Cherchons à connaître le programme des candidats et de leur parti, c’est-à-dire le projet de société qu’ils proposent et les moyens dont ils disposent pour les réaliser ; est-ce que la ville de Boma abandonnée à son triste sort et son développement sont-ils pris en compte ? Diriger, c’est prévoir : comment vendre l’image de Boma pour attirer les investisseurs, comment faire le lobbing en faveur de la ville de Boma ? Posons cette question à chaque candidat : pourquoi es-tu candidat à la députation provinciale, nationale ou au scrutin présidentiel ?
- regardons les hommes et les femmes, qui demandent nos voix. Vérifions leur compétence, leur sagesse, leur valeur morale ;
- Faisons un choix politique, capable d’assurer la bonne marche du pays ;
- ne choisissons pas les candidats d’après leur ethnie, leur région ;
- ne choisissons pas les candidats d’après leur richesse ;
- ne choisissons pas les candidats d’après leur religion ;
- mais soyons chrétiens dans nos choix politiques, pour ceux qui sont chrétiens ! Chrétiens engagés dans la politique, ne cherchez le pouvoir que pour servir et non pour en profiter ! Electeurs, cherchons des gouvernants soucieux du bien de tous ! Nous voulons par dessus tout une démocratie qui reconnaisse dignité et responsabilité à tout homme, qui demande la concertation dans le respect de tous. N’enfreignons pas les règles de la démocratie pour de mesquins profits personnels et immédiats : la démocratie est trop précieuse pour l’avenir de notre pays ;
- nous devons acquérir une nouvelle culture politique pour rompre avec la culture de la passivité, de la résignation et briser le tabou de la peur ;
- nous devons, en toute circonstance, agir de façon réfléchie et ordonnée, pacifiquement mais efficacement, dans la non-violence ;
- prenons conscience de notre capacité à influer sur le processus politique et l’histoire de notre pays. En tant qu’électeurs et « souverain primaire », vous détenez une grande puissance : c’est vous qui donnez à tel ou tel autre candidat le droit ou le mandat de siéger à l’Assemblée Nationale ou à l’Assemblée Provinciale ; c’est vous qui décidez si un député peut être réélu ou pas. Je pense que vous avez même le droit de désavouer/sanctionner – en pleine législature – par une pétition un député qui durant son mandat trahit les aspirations de ses électeurs c’est-à-dire un élu qui ne respecte pas le contrat social de bonne gouvernance qu’il a signé avec ses électeurs.
Outre les propositions que nous venons d’émettre ici et vu que les participants dans leur grande majorité sont chrétiens ou croyants, il sied d’être aussi à l’écoute des Chefs des Confessions religieuses en République Démocratique du Congo.
IV. AUTRES RECOMMANDATIONS : A L’ECOUTE DES CHEFS DES CONFESSIONS RELIGIEUSES
Comme on le sait, les Chefs des Confessions religieuses en R.D.Congo jouent le « rôle d’interpellateur objectif des consciences, sans complaisance ni parti-pris ». Lorsqu’ils étaient encore unis, ils avaient, dans un document publié en 2011, recommandé à tous les Congolais l’adoption des attitudes précises. Leurs recommandations, qui demeurent toujours actuelles, peuvent se résumer de la manière suivante :
- Aux dirigeants des partis politiques, les Chefs des Confessions religieuses recommandent les vertus démocratiques, notamment : le respect de la Constitution et des textes en vigueur ; la confiance dans les Institutions du pays ; l’acceptation du pluralisme ; la lutte contre la corruption et l’impunité qui installent la méfiance et entretiennent les conflits ; la sagesse, la retenue et la maîtrise de soi ; la civilité et la tolérance ; l’humilité ; le rejet du triomphalisme en cas de victoire aux élections ; le rejet de la division et de la haine, des « injures, des mensonges, des attaques personnelles, des intrigues, des manipulations et de toutes les pratiques similaires susceptibles de créer ou d’envenimer des tensions dans le pays, tant au niveau national qu’au niveau local » ; un sens élevé de responsabilité et de patriotisme ; l’abnégation et l’oubli de soi pour servir le bien commun du peuple congolais ; l’organisation des campagnes électorales sur base des projets de société et non à coup des cadeaux et des libéralités visant l’achat des consciences ; répondre au profil de compétence, de loyauté, d’intégrité et de moralité ; prendre le peuple, souverain primaire, au sérieux en respectant le verdict des urnes, en évitant de recourir – en cas défaite – aux actions subversives, aux moyens illégaux ou violents ; considérer l’engagement politique comme lieu des services et des sacrifices, et non comme le chemin le plus court, le moyen par excellence de l’enrichissement personnel, lieu des honneurs et des privilèges ; la crainte de Dieu, la conversion de cœur et un bon témoignage de vie.
- Au peuple congolais, le souverain primaire, les Chefs des Confessions religieuses recommandent ce qui suit : la prise de conscience de son statut de « souverain primaire », c’est-à-dire que « chaque citoyen, par le droit de vote, détient une part de la souveraineté nationale » ; cultiver les vertus de la démocratie avant, pendant et après les élections, notamment la liberté de conscience et le fair-play en évitant de se laisser entraîner dans des conflits partisans et égoïstes ; durant la période électorale, avoir la sérénité et la lucidité qui exigent « de chacun et de son camp d’aller aux élections avec l’éventualité de perdre ou de gagner et de se comporter en conséquence, c’est-à-dire dignement aussi bien dans la victoire que dans la défaite ».
- A la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), il est recommandé : la mise en place « des mécanismes adaptés à une résolution prompte, juste et équitable des incidents électoraux » ; la neutralité et la transparence.
- Aux médias sont formulées les recommandations suivantes : une information correcte, car « la société a droit à une information fondée sur la vérité, la liberté, la justice et la solidarité » ; l’égal accès des candidats aux médias publics « avec un grand sens de responsabilité, puisqu’ils doivent être au service du bien commun » ; le respect strict de leur code de déontologie qui exige de « ne pas déformer, dénaturer ou fausser, par leur formulation, par insistance, grossissement, omission ou manipulation, les opinions d’autrui, les titres ou les commentaires des articles qui doivent être traités avec impartialité et bonne foi ».
- Au Gouvernement de la République, il est recommandé ce qui suit : dégager les ressources financières et logistiques nécessaires aux différentes opérations ; assurer l’impartialité de l’armée, de la police et des services de sécurité, ainsi que des mécanismes indispensables pour garantir l’indépendance de la CENI ; faire de la réussite des élections un point d’honneur ; être exemplaire en ce qui concerne le respect de la Constitution et des lois ; la mise en place des mécanismes qui garantissent la transparence sur les sources de financements des campagnes, la sécurité et la protection de la population en général, et des candidats en particulier ; faciliter la libre circulation et la libre expression des candidats aux fins de promouvoir les débats d’idées : ceci suppose la liberté de réunion, de manifestation et l’accès équitable aux médias pendant tout le processus électoral, pour que les prochaines élections se déroulent dans la transparence, la vérité et la paix.
- A la Communauté Internationale, les Chefs des Confessions religieuses de la R.D.Congo recommandent la neutralité. Ils invitent tout spécialement la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) « à assurer, conformément à sa mission, une protection accrue de la population et, au soir du vote, une sécurisation optimale des urnes, et d’aider à une bonne communication entre les différents intervenants au processus électoral en vue d’un climat de confiance réciproque ». Si j’ai bien compris, la communauté internationale ne devrait pas soudoyer et manipuler certains candidats pour les utiliser dans la destruction et le pillage de la RDC.
POUR CLORE MON INTERVENTION
Dernièrement, dans le cadre d’une conférence que j’ai tenue à l’UKV au mois de mars de cette année, j’avais prodigué des conseils à mes Frères et Sœurs, acteurs et actrices politiques originaires du Kongo Central. Qu’il me soit permis de les reprendre devant cette auguste assemblée afin que les participants, que vous êtes, en fassent large diffusion.
Mes Frères et Sœurs Bakongo engagés politiquement, une nouvelle fois et de manière pathétique, je vous prodigue ces quelques conseils dans l’intérêt supérieur de la province et de notre pays. Pendant que d’autres s’organisent et préparent sérieusement leur avenir, nous ne devrions pas continuer à être distraits et à nous entre-déchirer pour des futilités. Souvenons-nous de l’adage qu’évoquait souvent notre patriarche Ne MUANDA NSEMI : « Malheur à ceux qui comprennent toujours en retard ! ». Que les Nekongo aspirent à l’émergence d’un leadership Nekongo efficace dans le but de promouvoir notre province et notre pays sur tous les plans, en refusant de servir de marchepieds à d’autres. Mettons tout en œuvre pour que nous soyons toujours représentés là où se prennent les grandes décisions dans ce pays. Disons-le autrement : luttons afin que nous ayions une bonne catégorie de leaders politiques ou de représentants dans les grandes instances de décision de notre pays.
Chers acteurs politiques NeKongo et chers candidats, vous n’avez pas pour vocation d’être des porteurs des malettes des autres ou des « Kinati-Khutu » ou encore des « Malanda-Ngulu ». Non, cela n’est pas digne du peuple mukongo, ce peuple qui a été à l’avant-garde du combat pour la liberté et l’indépendance de ce pays. Dites-moi : après l’ABAKO, quel est ce grand parti qui fut créé par des Bakongo ? Quel est ce jeune leader mukongo qui a émergé en politique ces dernières années ? Citez-moi le nom de ce candidat mukongo au scrutin présidentiel : aucun ! Parce que nos politiciens par leurs œuvres et leur engagement politique n’ont pas une envergure nationale et de poids politique pour convaincre ou faire adhérer à leur vision une majorité du peuple congolais. Bien au contraire, ils se contentent d’être des « Kinati-Khutu », des « Malanda-Ngulu », des petits BITINDA, des applaudisseurs et flatteurs. Les Bakongo ne savent pas s’unir autour de leurs intérêts et les défendre. Ils s’illustrent dans des querelles, divisions, bassesses, guerres fratricides inutiles/stériles/sans intérêts pour la communauté. Quelle honte !
Comme on peut facilement le remarquer, un grand fossé sépare les Bakongo d’aujourd’hui de leurs vaillants et glorieux ancêtres KASA-VUBU, KIMBANGU et KIMPA VITA. Où sont donc les nouveaux KASA-VUBU, les nouveaux KIMBANGU, les nouvelles KIMPA VITA et les nouveaux Ne MUANDA NSEMI qui incarnent les aspirations du peuple mukongo en particulier et du peuple congolais en général, qui prennent en compte les frustrations du peuple mukongo qui n’est pas souvent accepté comme Chef ailleurs, alors que chez nous, nous acceptons tout le monde, tout non-originaire pour nous diriger ? Pourquoi ne pas introduire dans le programme des cours de nos universités ou plus précisément dans le cours d’Initiation à la Citoyenneté un chapitre sur le Président KASA-VUBU et même sur les autres grandes icônes du Kongo Central pour raviver nos valeurs culturelles et susciter des nouveaux KASA-VUBU ?
Depuis près de vingt (20) ans, je ne cesse de vous le répéter à la radio, à la télévision, dans les journaux, dans mes conférences et dans les réseaux sociaux : les Nekongo du Bas-Fleuve, Cataractes et Lukaya, en particulier, et les Congolais, en général, devraient sortir de leur torpeur, bannir la peur, transcender les clivages tant tribaux que claniques, « cesser de s’entre-déchirer, mettre de côté leurs intérêts égoïstes au profit du développement de la communauté, en vue du bien-être de ses filles et fils ». Plus particulièrement, nous devrions cesser avec la médiocrité pour privilégier l’excellence et la méritocratie. Je vous invite à rejeter la politique de division et des recommandations en devenant de grands défenseurs des intérêts du peuple congolais, de grands acteurs de la réconciliation et de l’amour aussi bien du développement au sein du peuple mukongo. Dans l’intérêt supérieur du Kongo Central et de notre pays, appuyons-nous les uns les autres sans tenir compte de couleurs politiques.
Aux jeunes acteurs politiques du Kongo Central. Les jeunes ont accentué les divisions de leurs aînés qui ont échoué en politique. Ils critiquent leurs aînés pendant qu’eux-mêmes manquent de respect mutuel ; ils n’encouragent pas la cohésion provinciale ; tout le monde se dit « LEADER », « GRAND » ; les adversaires politiques sont considérés comme des ennemis à abattre à tout prix alors que nous sommes tous frères et sœurs NeKongo. Le Kongo Central veut les voir unis dans l’amour sans tenir compte de leurs couleurs politiques parce qu’au-delà de leurs divergences politiques ils sont tenus à rester des frères et des sœurs dont la communauté provinciale a grandement besoin pour son développement intégral. La population du Kongo Central souhaite que ses politiciens s’apprécient mutuellement. Elle souhaite, que dis-je, elle réclame une nouvelle classe politique et un nouveau leadership provincial aussi bien fort que fédérateur. Si rien n’est fait pour remédier aux divisions et luttes fratricides actuelles, nous risquons de disparaître… Chers Bakongo, si vous continuez à dormir/sommeiller et même à ronfler dans votre imbécilité collective, alors vous n’aurez bientôt que vos yeux pour pleurer. Ce sera trop tard !
Chers participants à ce séminaire de formation sur l’éducation civique et électorale, je souhaite à chacun de vous en particulier et à vous tous en général une bonne assimilation des matières reçues afin que vous alliez voter, massivement et en connaissance de cause, un Président tout comme des députés intelligents, compétents, honnêtes, patriotes, constants, capables d’apporter un développement aussi bien intégral que durable à notre peuple et pour que les prochaines élections soient pacifiques, transparentes, véridiques et crédibles dans l’intérêt supérieur de notre pays, la RDC.
J’ai dit et je vous remercie.
Par Prof. Dr. Abbé César VUMUKA-ku-NANGA
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