Jeudi 25 mai 2023 en fin de soirée a eu lieu le vernissage de l’Essai signé de la plume alerte de l’honorable sénatrice, championne reconnue pour la défense de la jeunesse Francine MUYUMBA FURAHA NKANGA avec pour titre : « ASSURER L’EMERGENCE DE L’AFRIQUE PAR SA JEUNESSE ».
C’était dans l’une de salles des conférences lambrissées de l’hôtel ROTANA/Kin Plaza « Chez Nicolas » au croisement des avenues de la Justice et de l’Ouganda dans la commune de la Gombe aux encablures du rond-point Socimat.
La charge de la présentation de l’ouvrage est revenue-A tout seigneur tout honneur- au Recteur Honoraire de l’Université de Lubumbashi, l’Honorable Sénateur Elu du Lualaba le Professeur KAUMBA LUFUNDA SAMAJIKU.
Tandis que le baptême l’a été par le Doyen de la Faculté de Droit de l’Université Protestante au Congo, le Professeur ANDENDE APINDIA Roger dont l’auteure est l’Assistante en Droit Public International.
L’Honorable Sénateur élu du Lualaba le Professeur KAUMBA LUFUNDA au cours de sa Présentation de l’Essai…
Le Professeur ANDENDE APINDIA Roger baptisant l’ouvrage…
Avec un public soft d’officiels d’où l’on pouvait reconnaître le premier vice-Président du sénat l’honorable Sénateur Eddy MUNDELA KANKU, le premier vice-président de la commission des Relations Extérieures du sénat l’honorable Sénateur le Professeur Jean de Dieu MOLEKA LIAMBI ainsi que le rapporteur adjoint de l’Assemblée nationale l’honorable Colette TSHOMBA NTUNDU.
Agape scientifique, littéraire, politico-diplomatique voire géostratégique à l’invitation de la FONDATION qui porte son nom et reconnaissable à son Logo arc-en-ciel, l’asbl d’envergure continentale présente dans 14 pays africains a également convié pour la circonstance, un panel des jeunes étudiants hyper motivés triés sur le volet.
« Le symbole donne à penser », écrivait bien-à-propos le philosophe français Paul Ricœur.
Pour la symbolique « Côté Cour », la présidente honoraire de « l’Union Panafricaine de la Jeunesse » fait dans cet ouvrage un plaidoyer pour la jeunesse panafricaine pour une démarche entrepreneuriale volontariste, afin qu’assurée de ses ressources et de ses capacités innovantes, elle figure, elle aussi, dans les instances décisionnelles internationales, africaines et nationales plutôt que d’en être exclue, sinon marginalisée.
Voilà qui explique la raison fondatrice de cet ESSAI qui transite par le narratif de ce qu’aura été son expérience, son vécu, son expertise, sa vision, son obsession, bref, son combat dans la persévérance.
Une conviction qui tire sa sève de cette maxime de Frantz FANON selon laquelle « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission : la remplir ou la trahir ».
Le lecteur sera heureux d’y découvrir des non-dits ainsi que des confidences, loin des secrets d’Etat ou des secret-défense qu’infère le langage diplomatique fait généralement de la langue de bois.
L’essentiel en les livrant, croit-elle, est d’aider la jeunesse panafricaine à mieux fourbir ses armes en se mettant en ordre de bataille pour l’émergence du continent africain.
« ASSURER L’EMERGENCE DE L’AFRIQUE PAR SA JEUNESSE » signifie ainsi pour le Présentateur de l’ouvrage le Professeur KAUMBA LUFUNDA SAMAJIKU : « ASSURER LA PARTICIPATION DE LA JEUNESSE AFRICAINE A LA VIE PUBLIQUE »(Sic).
Point besoin pour cela de confiner la jeunesse aux rôles de mobilisation des marches des rues au profit d’acteurs politiques, lorsqu’on n’en fait pas des chantres d’« autorités morales » de toutes les obédiences qui s’accaparent de tous les avantages lorsqu’il s’agit des dividendes politiques.
Faute de briser cette instrumentalisation de la jeunesse sans emploi « taillable et corvéable à souhait », on plante le décor d’une déstabilisation future des Etats africains.
La date symbolique du 25 mai est celle de la célébration du Jubilé de Diamant de l’Organisation de l’Unité Africaine créée voici 60 ans en1963 et consacrée désormais « Journée Mondiale de l’Afrique ».
Mais qui rappelle « Côté Jardin » dans le chef de l’auteure, la naissance le 25 mai 2021 des filles jumelles du couple « Patrick NKANGA-Francine MUYUMBA FURAHA NKANGA ».
L’ essai aura été porté à l’ enfantement en même temps qu’une grossesse primipare « gémellaire », sous les soins d’un époux attentionné.
L’époux de Madame Francine MUYUMBA FURAHA, le ci-devant Monsieur Patrick NKANGA écoutant religieusement le Mot de la Sénatrice… assis aux côtés du Professeur KAUMBA LUFUNDA SAMAJIKU
« INVESTIR DANS LA JEUNESSE » reste donc le leitmotiv de l’auteure: Une jeunesse inventive, débrouillarde et résiliente.
Pour laquelle elle se sera battue becs et ongles, démentant de ce chef tous les oiseaux de mauvais augure pour que soit créé au Parlement panafricain, le « FONDS AFRICAIN POUR LE DEVELOPPEMENT DE LA JEUNESSE » devant être constitué par le débours de 1% du budget de la Commission de l’Union Africaine.
Soit un budget total de 7 Millions USD/l’an qui tarde à être matérialisé, les Etats africains n’étant pas à l’abri des pesanteurs et autres querelles byzantines.
Bientôt traduit en diverses langues ayant cours sur le continent africain, notamment l’anglais, l’arabe, le swahili, le portugais ou l’espagnol, l’ Essai est une fierté pour la Présidente de la Commission des Relations Extérieures du sénat rd-congolais, Sénatrice élue du Haut-Katanga, native du Sud-Kivu et ancienne Chef du gouvernement des étudiants en Namibie, l’Honorable Francine MUYUMBA FURAHA NKANGA qu’on ne présente plus.
Son ouvrage mérite d’être lu, et sa FONDATION, soutenue.
ASSURER LA PARTICIPATION DE LA JEUNESSE AFRICAINE A LA VIE PUBLIQUE
PRESENTATION DE L’OUVRAGE
de l’Honorable Sénatrice Francine Muyumba Furaha Nkanga,
« Assurer l’émergence de l’Afrique par sa jeunesse »
(Paris, Les impliqués Ed., 2023, 186 p.)
Mesdames et Messieurs,
Aujourd’hui est un jour mémorable, vraiment une date qui mérite d’être commémorée avec faste et enthousiasme, car c’est la date anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Déjà le 15 avril 1958, les chefs d’Etats des pays africains indépendants, réunis en Congrès à Accra au Ghana, avait décidé de la création d’une « journée africaine de la liberté », un jour pour « marquer chaque année le progrès du mouvement de libération et pour symboliser la détermination des peuples d’Afrique à se libérer eux-mêmes de la domination et de l’exploitation étrangère. »
Après la vague des indépendances proclamées dans les années 1960, les chefs d’Etat se réunirent à Addis Abéba et décidèrent de la création de l’OUA, avec pour premier objectif d’apporter un soutien actif aux combattants de la liberté et à la décolonisation de l’Angola, du Mozambique, de l’Afrique du Sud et de la Rhodésie du Sud. C’était le 25 mai 1963. La journée africaine de la liberté fut alors dénommée Journée Mondiale de l’Afrique. Soixante années se sont écoulées et nous sommes en droit de célébrer ce bel anniversaire de diamant.
Pour les dirigeants africains de l’époque, l’unité, l’indépendance et la liberté allaient de pair. Il fallait marquer définitivement la rupture avec l’esclavage, le racisme, la colonisation, l’apartheid et mettre fin une fois pour toutes aux atteintes à la dignité des peuples d’Afrique.
Mais, dès 1960, des crises surgirent dans certains pays africains et les colonisateurs récemment partis tiraient les ficelles pour modifier le système de contrôle de l’espace politique et économique africain. Il y eut des sécessions et des rébellions au Congo et dans d’autres pays africains. En même temps, d’autres colonisateurs résistaient aux pressions des mouvements de libération et il faudra attendre des années pour enfin obtenir la libération totale de l’Afrique.
Soixante ans après, quel est le bilan des indépendances africaines ? Où en sommes-nous avec le panafricanisme ? Les dirigeants africains actuels sont-ils tous suffisamment de conscients des risques de dislocation auxquels sont exposés certains pays depuis la rectification des frontières du Soudan et de l’Ethiopie, et la création de l’Erythrée et du Soudan du Sud ?
Notre pays, qui abrita la 4ème conférence des chefs d’Etats, Du 11 au 14 septembre 1967, mit les petits plats dans les grands, notamment en construisant la belle Cité de l’OUA, débaptisée malencontreusement depuis la transformation de l’OUA en Union Africaine. Ce à quoi d’ailleurs les historiens et chargés du patrimoine et de la mémoire s’opposent vigoureusement. Si l’on veut honorer l’UA, on a qu’à construire une nouvelle Cité qui portera ce nom ; tout comme il n’y a aucun sens à débaptiser la Place des Evolués en lui administrant de nombreuses appellations dont la plus récente est celle de l’Arrêt de bus !
Mais dans ce brouhaha, une voix se lève et nous rappelle à nous ressaisir : tala sima zonga moto. De quoi nous rappeler une mélodie de 1967 : Rochereau agrémentant le séjour des chefs d’Etat africains au rythme d’une composition de circonstance : Congo nouveau Afrique nouvelle. C’est cette voix que nous aimerions entendre nous parler de la manière d’assurer la participation de la jeunesse africaine à la vie publique pour garantir l’émergence de l’Afrique. Comment ne pas me réjouir de contribuer à ma manière à cette fête de la citoyenneté africaine, à travers cette cérémonie de vernissage d’une œuvre de l’esprit ?
Il y a quelques années, nous avions assisté à la présentation des mémoires de l’Honorable Léon Kengo wa Dondo (La passion de l’Etat, Mémoires, Paris, L’Harmattan, 2019), Président honoraire du Sénat, puis à la sortie des mémoires de l’Honorable Alexis Thambwe Mwamba (Du village à la République, Mémoires, MEO/Monde Editions Ouverture, Bruxelles, 2021), lui aussi Président honoraire de notre Chambre. Aujourd’hui, c’est encore du Sénat que nous vient un ouvrage qui aurait pu être du genre Mémoires, mais qui s’affiche comme un « Essai ». Il s’agit de l’ouvrage de l’Honorable Francine Muyumba Furaha Nkanga, intitulé « Assurer l’émergence de l’Afrique par sa jeunesse » (Paris, Les impliqués Ed., 2023).
Il n’y a pas lieu d’oublier les autres genres exploités à profusion par l’Honorable Didier Mumengi Tshikudi, sur une infinie palette de thèmes, dont celui de la rumba dans tous ses trémoussements.
Il est vrai qu’il aurait été un peu présomptueux, même quand on a présidé aux destinées de l’Union Panafricaine de la Jeunesse pendant cinq ans (2014-2019), de penser à publier des mémoires, alors qu’à la clôture de la publication de l’ouvrage on était encore dans la fourchette d’âge de la jeunesse, soit entre 15 et 35 ans.
Le choix porté sur ce genre littéraire qu’est l’essai était donc simplement un choix judicieux. Depuis Michel de Montaigne (1533-1592) qui l’avait créé au XVIè siècle, l’essai est une œuvre de réflexion qui aborde de manière personnelle, subjective, des sujets relevant des divers domaines, qu’ils soient historiques, scientifiques ou même politiques. L’auteure peut donc s’y offrir certaines libertés que ne permettraient guère ni les Mémoires ni la biographie. La biographie est comme on le sait, le récit de l’histoire d’une vie ; les Mémoires, qui sont des recueils de souvenirs d’événements historiques ou anecdotiques, sont aussi des récits de vie ayant vocation de mettre en valeur les contextes historiques. Je pense ici par exemple à Madame Chantal Kanyimbo, qui a publié l’année dernière (Mémoires. Les plus belles années de ma vie » (Paris, L’Harmattan, 2022). Là, on peut voir qu’elle avait des choses à raconter sur le cheminement qu’elle avait suivi pour réaliser son rêve d’enfance, comme le fait remarquer si pertinemment son éminent préfacier, l’Ancien Premier Ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Comme l’aurait dit mon grand-père en pareille circonstance : « enfant, tu enviais les initiés ; la période de l’initiation est arrivée » (c’est donc l’occasion d’aller faire l’expérience de l’initiation, et l’on verra si tu ne vas pas fuire ou te dérober)
Dans le présent essai, l’auteure n’a qu’un seul et unique objectif : faire un plaidoyer pour la participation de la jeunesse à la gestion de la vie publique. Ce plaidoyer est lancé dès le titre de l’ouvrage, où elle conditionne l’émergence de l’Afrique par la participation de la jeunesse. Elle écrit à ce sujet : « Ce livre consigne mes observations, mon vécu, ma vision concernant le rôle de la jeunesse dans le développement du continent ; j’espère y transmettre l’espérance, la combativité et la persévérance qui sont mes compagnons de route » (p. 11). Elle aurait même pu dire mes compagnes en parlant de ces trois qualités qui sont au féminin !
La première partie de l’ouvrage se focalise sur « une jeunesse assiégée par les crises ». La deuxième partie fait état de « la puissance d’une jeunesse participative ». La troisième partie proclame « l’audace de la refondation ». Et de manière très équilibrée, chaque partie comprend quatre chapitres, soit douze au total.
Cette belle architecture se nourrit aux sources de la vie familiale, à partir de son lieu de naissance dans la zone tourmentée du Sud-Kivu, dont les horizons paraissaient fermés par des chaines de montagnes qui abritaient toutes sortes de groupes armés. Elle s’est développée lors de la formation universitaire en sciences de la communication entreprise à l’université de Namibie et qui lui avait permis de briguer contre vents et marées le poste de représentant des étudiants. Elle s’est épanouie davantage grâce à l’engagement dans une compétition au marathon organisé en vue de l’accès à la présidence de l’Union Panafricaine de la Jeunesse.
Ce que l’auteure a vécu de manière quasi spontanée et expérimenté de façon très pragmatique, tous ses rêves de jeunesse, prennent corps et font l’objet d’une réorganisation intellectuelle dans cet essai, qui dresse un état des lieux inquiétant de la situation actuelle de l’Afrique et le contexte de crise dans lequel la jeunesse ploie lamentablement. Comme elle n’est pas fataliste et ne croit pas aux prédications sur la malédiction de l’Afrique, elle préfère dresser son front face à la crise, pour la toiser et la défier, au nom de la jeunesse et avec la jeunesse.
Il est vrai que lorsque l’on est jeune, jeune sénatrice, jeune mariée et jeune maman, on n’a ni le droit, ni le temps ni le loisir de lâcher prise, de se livrer aux plaintes, d’organiser le deuil, au motif que le Covid-19 vous soumet au confinement, vous étouffe et vous empêche de respirer. L’auteure ne se contente donc pas de prêcher la résistance, elle organise plutôt la résilience, car le temps et le contexte du Covid-19 sont une belle opportunité pour retrouver l’espoir en l’avenir de l’Afrique, malgré une situation continentale et mondiale porteuse de nombreuses raisons objectives d’inquiétude (p. 11). Il ne faut pas fuir les difficultés, il faut les affronter.
Placé dans les mêmes conditions, d’autres auraient préféré fuir, émigrer, aller chercher le bonheur ailleurs en maudissant le pays et ses dirigeants. Elle a préféré prendre le taureau par les cornes, prêcher par l’exemple, revenir au pays pour y apporter sa pierre, son engagement et sa détermination. La diaspora n’est pas une mauvaise chose en soi ; tout est dans la manière de faire diaspora, « étant donné que la diaspora peut jouer un rôle important dans le redressement et la reconstruction des Etats, les jeunes africains de la diaspora et ceux du continent doivent se tenir la main pour développer notre cher continent » (p. 169). Mais, pour qu’il en soit ainsi, il ne faut pas que la diaspora soit constituée d’un « conglomérat d’opportunistes et d’aventuriers », selon la mémorable expression de l’inoxydable Mzee Laurent-Désiré Kabila.
Mais, pour mobiliser la jeunesse, il faut au préalable exorciser les crises qui l’assiègent : crise liée à la fragilité d’un Etat qui ne parvient pas à juguler l’insécurité, crise du système éducatif qui compromet l’éducation, crise du système économique qui accroit les exclusions sociales, crise de l’identité panafricaine du fait de la faible adhésion à un idéal qui donne foi en l’avenir (p. 24). Une jeunesse victime du chômage, de la précarité et du sous-emploi, peut-elle reconstituer sa dignité et retrouver la confiance elle-même ? Une jeunesse exposée aux risques sanitaires du Sida, bien que relativement épargnée par le Covid-19, chosifiée par la prostitution et bien d’autres affres qui frappent les jeunes filles à travers l’Afrique (mariages forcés ou mariages précoces, mutilations génitales, déscolarisation), cette jeunesse pourra-t-elle participer efficacement aux efforts de relèvement d’Afrique ? La dignité des jeunes, c’est aussi dans les conditions décentes de logement, mais où en est l’habitat dans les bidonvilles qui cernent les villes africaines ? A Kinshasa, quand un jeune vous invite à son palais, il est fort à parier qu’il vous accueillera dans un ligablo.
De bout en bout, l’auteure pense Afrique, chiffres à l’appui : insécurité au Nigéria, prostitution en Algérie, Sida en Afrique du Sud, analphabétisme au Soudan, etc. Dans ces conditions, les réflexes migratoires sont quasi-spontanés : migration de la campagne vers la ville, de tel pays vers tel autre pays africain, des pays africains vers l’Europe, les Amériques, voire l’Asie.
Alors que des leaders emblématiques africains et négro-africains avaient combattu la colonisation et l’esclavage, nous assistons à de nouveaux mouvements de populations qui tendent à jeter des jeunes africains dans des conditions de colonisation et d’esclavage sur des terres qui nous font miroiter la richesse, la prospérité et le bien-être. L’insécurité, la misère, et la mauvaise gouvernance n’ont jamais autant entretenu le mal-être chez les jeunes africains, au point de miner leur santé physique et mentale (dépression, schizophrénie), tout en aménageant le terrain pour la consommation de drogues. Récemment, les jeunes africains ont été victimes de racisme même dans des situations aussi tragiques que celle du conflit Russie-Ukraine, et cela restera longtemps gravé dans leur mémoire collective.
Par ailleurs, l’auteure fonde sa conviction dans le relèvement de l’Afrique sur les données de l’histoire ancienne, récente et contemporaine : Kimpa Vita et Simon Kimbangu, la révolution à Haïti, la naissance des mouvements pannégristes et du panafricanisme, l’engagement de Kwame Nkrumah et Julius Nyerere ; voire Lumumba et Mzee Laurent-Désiré Kabila. L’Afrique n’a jamais capitulé et elle ne capitulera jamais. Envers et contre tout, le ferment de la résistance, de la résilience n’aura jamais cessé de faire germer la graine du courage et de la persévérance. Nous retrouvons là tout le fond du plaidoyer de Mova Sakanyi pour la résilience ubuntu. Jamais, nous ne devrions nous laisser définir ou, encore pire, nous laisser abattre par notre condition. Comme elle est le résultat d’une construction historique, sociale ou institutionnelle, elle peut être déconstruite et remplacée par une autre condition » (p. 15).
La prise en main de la jeunesse africaine par elle-même ne saurait être le résultat d’une génération spontanée. Elle doit être soutenue et entretenue à la fois par le relèvement des conditions de gouvernance sociale et économique, d’éducation et de renforcement des capacités, et surtout par une éducation à la citoyenneté adéquate. L’éducation aux valeurs, à la responsabilité, est le premier levier de rectification de la perception de la situation par la jeunesse africaine et de réajustement du leadership des jeunes africains. « Il urge d’investir davantage dans la construction de cette jeunesse pour en faire une véritable actrice de développement et la rendre capable de répondre aux défis du continent africain » (p. 175), en ayant toujours à l’esprit que les jeunes d’Afrique ont tous un destin commun. Selon mon grand-père, « on sait depuis toujours que celui qui n’écoute pas les hiboux, finira par être capturé comme un otage » (celui qui ne suit pas les conseils des anciens finit toujours par se fourvoyer).
La participation de la jeunesse au processus de relèvement de l’Afrique est d’une impérieuse nécessité, d’abord du fait de l’importance démographique de la jeunesse en Afrique, de l’impact négatif que peut représenter son délaissement, ainsi que du capital social et humain qu’elle représente. Pensons ici au désastre des enfants de la rue, des enfants-soldats et au printemps arabe ! Toute participation de la jeunesse aux chantiers de la reconstruction de l’Afrique sera d’un grand bénéfice pour tous ! Offrir aux jeunes des opportunités de participation à la vie politique, de participation aux prises de décisions, d’autonomisation par l’emploi et l’entrepreneuriat, d’engagement dans les actions communautaires au sein de la société civile. Autant l’auteure a rendu hommage à des figures emblématiques de la lutte contre le colonialisme et l’esclavage, de la lutte pour les indépendances et la libération des pays africains, autant elle rend hommage à divers acteurs de la société civile, qui se sont battus à travers l’Afrique pour le respect des droits civils, politiques et socio-économiques des Africains. Et sur les listes dressées, les femmes ne sont pas en reste. Elles y sont encore plus présentes quand on considère le soin quasi-obsessionnel avec lequel l’auteure veille à reprendre systématiquement les termes masculins et féminins : « nos glorieux ainés et ainées » (p. 17, 82), « futurs contributeurs et contributrices » (p. 36), « le nombre d’usagers et d’usagères » (p. 55), « décideurs et décideuses » (p. 81) « agents et agentes de leurs vies » (p. 82), « jeunes africains et africaines » (p. 103), « seul celui ou celle » (p. 108), « des jeunes militants et militantes » (p. 125) ; « inclure des représentants et représentantes » (p. 157), etc.
Former les jeunes, renforcer leurs capacités, les responsabiliser, c’est une chose, mais comme le disait si bien mon grand-père, ce sont les vieux singes qui apprennent aux jeunes singes à faire de mauvaises grimaces. Changer la perception des vieux sur la jeunesse est une autre chose. « Les personnes âgées, y compris les décideurs et décideuses, semblent ne pas savoir grand-chose des jeunes de cette époque, en dépit de leur importance numérique et de leur contribution à la société. Au mieux, ils voient la jeunesse comme un espoir pour l’avenir » (p. 81-82). Mais, « beaucoup de jeunes ont fréquemment le sentiment d’être marginalisés de la vie sociale et économique » (p. 83). Et pourtant disait Koffi Annan, « une société qui se coupe de sa jeunesse se coupe de sa source de vie et se condamne à mort » (p. 83). A écouter mon grand-père, « le vieillard qui ne blague pas avec les enfants, s’amusera un jour avec les petits de la civette ». Les échanges intergénérationnels sont, en fait, bénéfiques pour l’équilibre et le progrès de la société.
La représentation des jeunes dans les structures communautaires et nationales doit être considérée comme un droit et non un cadeau (p. 155). Au cours de son double mandat en qualité de présidente de l’Union Panafricaine de la Jeunesse (UPJ), l’auteure a mené un combat intrépide pour le lobbying en faveur de la reconnaissance de la place des jeunes au sein des organes de l’Union africaine, et elle a réussi à faire décider de la création d’un Fonds africain pour le développement de la jeunesse (FADJ), lequel devrait représenter au moins 1% du budget de l’organisation. Dans la même perspective, elle militera pour la création, dans notre pays, de la Fédération Nationale des Jeunes Entrepreneurs du Congo (FNJEC), en tant que branche de la Fédérale des Entreprises du Congo (FEC) (p. 167).
Une fois élue sénatrice pour le compte de la province du Haut-Katanga, l’auteure a créé la Fondation Francine Muyumba, asbl, dont la mission est d’accompagner les jeunes pour qu’ils deviennent des agents du changement dans leur environnement (p. 180). Cette fondation se veut « un cadre de réflexion et de formation permanente, d’appui et d’actions en matière de renforcement des capacités sociales, professionnelles, démocratiques, économiques, de bonne gouvernance et de règlement pacifique des conflits de la jeunesse » (p. 180).
Face aux nombreux défis qui se dressent devant les jeunes africains, l’auteure se met debout sur ses hauts talons avec l’ambition de ré-enchanter l’avenir de la jeunesse, leur offrir des alternatives au défaitisme et à l’évasion migratoire, les réarmer moralement et psychologiquement pour qu’ils façonnent leur propre leadership d’un type nouveau : le leadership serviteur, un leadership de proximité animé de courage, de dignité et de patriotisme. Ici, ré-enchanter, ce n’est ni ensorceler, ni mettre sous un pouvoir magique, c’est plutôt remplir de nouveau d’un vif plaisir, susciter de l’enthousiasme.
Nous avons, en effet, de quoi nous réjouir de nouveau en prenant possession de cet ouvrage pour le lire et le relire, tant il nous instruit par la hauteur et la profondeur de sa réflexion, ainsi que par l’ampleur de sa documentation chiffrée. Tout est puisé aux bonnes sources des rapports d’experts internationaux et nationaux. Il n’y a rien qui soit affirmé de manière aléatoire, ni à travers de simples incantations. Même quand il est jeté des mabanga sur une cohorte d’amis activistes de la société civile, c’est au titre « d’hommages à quelques jeunes actifs et influents de mon pays la RDC ». Ils sont sérieux, entreprenants, engagés, et représentent l’espoir des générations à venir. Nous avons, dans l’ordre alphabétique :
Amani Mushizi Ghislain,
Amisi Sharufa Melissa,
Bakolwa Joëlle,
Basolana Anne,
Beleshayi Juan Ted
Biamba Michel,
Biringanine Claude,
Buela Françoise,
Bujakera Tshiamala Stanis,
Bunkulu Zola Yves,
Chalwe Adam,
Choukrani Litsani,
Ebambi Katalayi Isabelle,
Elua Willy,
Kabamba Tshimanga Junior,
Kabengera Ali,
Kabongo Blanche,
Kabongo Kabongo trésor,
Kabulo José,
Kabwabwa Jacques,
Kadima Serge,
Kambale Billy,
Kambetch Dominique Diamant,
Kambundi Thierry,
Kangudia Claude,
Kankolongo Henriette,
Katengo Mafo Parick,
Kavugo Rebecca,
Kenge Ben Kembala,
Kikuni Seth,
Kitsita Rachel,
Loimba Basea,
Lwamba Pakis,
Makuala Eric,
Malivika Oster,
Matoko Blaise,
Moleka Isaac,
Mubonzi Bertin,
Mukula Tysia,
Mulegwa Pascal,
Muloko Malonga Célestin Stedor,
Muzaliwa Pitchou,
Mwamba Lino Alain,
Ndatabaye Yannick,
Ngalula Allegra Fosh,
Ngoma Célestin,
Nkulula Luc d’heureuse mémoire,
Nsenga Gloria,
Ntumba Symphorien,
Nzatoto Floride,
Nzuzi Ricky,
Odia Elysée,
Okito Francis,
Pungu Lwamba Papy,
Ramazani Paul,
Sakombi Michael,
Sale Mwana Milongo Saïd,
Sinzahera Wolf,
Tshaba Nancy,
Wembi Steve.
And last, but not least, l’auteure cible, avec un libanga au superlatif, une personne douée d’une intelligence séductrice et qui s’appelle tout naturellement Patrick Nkanga Bekonda.
Tout le propos de l’auteure consiste à nous dire que les jeunes ne sont pas un problème qui aurait besoin d’être résolu, mais une chance pour la communauté et un privilège pour les jeunes eux-mêmes. C’est pourquoi ils doivent se prendre en charge, prendre leur destin en main, pour devenir des vecteurs de changement et de progrès dans notre pays (p. 178).
J’aurais bien aimé m’étendre davantage sur ce beau et bon livre, vous inviter à en offrir des exemplaires à ceux qui vous aiment, prendre un peu de votre temps pour le lire et l’apprécier davantage. Mais, je crois en avoir suffisamment dit.
C’est pourquoi d’ailleurs, je m’abstiendrai de rappeler à l’auteur que son beau-père, Jean-Paul Nkanga, de si heureuse et illustre mémoire, fut de ma génération sur le campus de Lubumbashi. Je n’évoquerai donc pas cet élément et je n’en parlerai pas ici. Tout comme je ne dirai rien sur le fait que l’auteure cible deux catégories de lecteurs, à savoir les jeunes et les vieux. Comme ce fait n’est pas à l’ordre du jour, je ne chercherai donc pas à savoir si vous êtes encore avec les jeunes dans la tranche déjà indiquée de 15 à 35 ans, ou si vous veniez de nous rejoindre depuis votre dernier anniversaire célébré le 18 février dernier, à l’occasion du 18ème anniversaire de la promulgation de la Constitution de la 3e République. Je me suis donc abstenu d’en parler. On comprend mieux la parole de mon grand-père quand on accède à l’âge adulte ; il disait toujours que « celui qui échappe à la jeunesse, échappe à un grand danger » (l’adolescence et la puberté sont des étapes particulièrement difficiles et périlleuses, les traverser sans encombre, c’est une chance et une bénédiction).
Mais si la modération m’en avait accordé l’autorisation j’aurais pu quand même signaler que vous faites montre d’un très grand attachement envers mes petites filles, que vous désignez en disant : « mes enfants » (p. 17). A une autre occasion, dans des circonstances semblables de temps et de lieu, j’avais invité un auteur à se souvenir du fait que le verbe « épouser » était un verbe transitif, et même transitif direct : on épouse quelqu’un et lui aussi vous épouse. L’adjectif possessif qui convient dans la désignation des enfants, c’est toujours celui qui renvoie aux deux parents « notre enfant », « nos enfants ». Vous savez que je suis un homme réservé ; je me réserverai donc d’évoquer publiquement cette question grammaticale à l’occasion de ce beau vernissage.
Bisous à Elikya et Victoria Nkanga, honorées par cette publication de bonne facture ; et toutes mes félicitations à l’auteure. Laissez-moi reprendre ici un propos que j’ai tenu à l’annonce de cet événement qui nous réunit : « aujourd’hui est un jour mémorable, vraiment une date qui mérite d’être commémorée avec faste et enthousiasme, car c’est la date anniversaire », de qui croyez-vous ? De celles qui sont nées le 25 mai 2021 et qui accomplissent deux ans : Elikya et Victoria Nkanga. Pétillant anniversaire de cuir à vous mes petites filles bien aimées, vous êtes l’avenir du Congo et de l’Afrique, vous êtes notre avenir. Puissiez-vous grandir et mûrir en âge et en sagesse.
Et à vous qui êtes venus participer à cette cérémonie de vernissage, et commémorer avec nous cette importante date dédiée à la liberté de l’Afrique, merci de votre engagement, qui rejoint celui des héros du panafricanisme.
A vous tous ici présents, mesdames et messieurs, merci de m’avoir prêté votre entière et aimable attention.
Fait à Kinshasa, le 25 mai 2023.-
Professeur KAUMBA Lufunda
Sénateur élu de la province du Lualaba
Membre Titulaire de l’Académie Congolaise des Sciences