Conférence présentée par le Professeur Docteur Abbé César VUMUKA-Ku-NANGA le 24 mars 2023 à l’UKV/Boma à l’occasion de la commémoration du 54è anniversaire de la mort du Président J. KASA-VUBU sur le thème général « L’université au service de la société »
L’ auteur: Prof. Dr. Abbé César VUMUKA-ku-NANGA
Prêtre du diocèse de Boma et Directeur honoraire du Centre Pastoral Diocésain de Boma
Président de la Fraternité des Consacrés originaires des paroisses de Kidima et de Lovo au diocèse de Boma
Professeur à l’Université Président Joseph KASA-VUBU / Boma
Ancien Secrétaire Général Académique de l’Université Président Joseph KASA-VUBU / Boma
Vice-Doyen chargé de la recherche dans la Faculté des Sciences Sociales, Politiques et Administratives à l’Université Président Joseph KASA-VUBU / Boma
Co-fondateur et Vice-recteur de l’Université de Management et de Communication / Boma
Membre du Comité Scientifique de la revue Cahiers Africains des Droits de l’Homme et de la Démocratie
Promoteur des « Pharmacies LUZINGU » et du « Centre Hospitalier LUZINGU »
Membre du Conseil d’Administration et Partenaire de la Zone de Santé rurale de Boma-Bungu au Kongo Central
Directeur des projets innovants « Puits et source d’eau protégés » réalisés dans l’agglomération de Mangala dans le Kongo Central
Président de l’ONGD « Solidarité pour l’Emergence de Mangala ».
Chers compatriotes,
Mesdames et Messieurs,
Distingués invités en vos titres et qualités respectifs,
0. INTRODUCTION
Ma conférence entend répondre à la question suivante : comment la vie ainsi que l’action politique de KASA-VUBU constituent-elles un appel au développement intégral de la RDC. La présente conférence est divisée en 3 parties, à savoir :
- KASA-VUBU : un grand patriote et gestionnaire exemplaire de la chose publique.
- Actualité de la vision politique de KASA-VUBU
- La vie et l’action politique de J. KASA-VUBU : un appel au développement intégral de la RDC
I. Joseph KASA-VUBU : GRAND PATRIOTE ET GESTIONNAIRE EXEMPLAIRE
DE LA CHOSE PUBLIQUE
Nous épinglons ici les valeurs exceptionnelles de J. KASA-VUBU qui ont fait de lui un véritable paradigme d’une gestion politique responsable et promotrice de développement.
1.1. KASA-VUBU : Précurseur, Héros et vrai Père de l’indépendance du Congo-Kinshasa
Pratiquement, de 1956 à 1965, KASA-VUBU a été l’acteur principal. Il est celui qui a initié, guidé et conduit jusqu’à son terme le mouvement de libération nationale. J. KASA-VUBU a donc incarné les aspirations du peuple congolais et a réussi à arracher sans armes aux très puissantes forces coloniales l’indépendance nationale. C’est en ce sens qu’il est appelé « Père de l’indépendance du Congo-Kinshasa ». En effet, « C’est lui le premier qui a fait résonner à travers tout le Congo le tam-tam de l’indépendance immédiate et inconditionnelle », disait le Cardinal Joseph Albert MALULA, Archevêque de Kinshasa, le 26 mars 1969, dans son oraison funèbre, en l’église Notre Dame du Congo. « … C’est surtout par l’engagement politique de l’ABAKO que Joseph KASA-VUBU, Président Général de cette Association, fit montre d’un combat politique acharné. Il est le premier dans notre pays, à réclamer l’indépendance immédiate pour l’ensemble du territoire congolais, et pas pour les Bakongo seuls, comme les esprits peu lucides et mal intentionnés l’ont souvent pensé. Et c’est essentiellement, grâce au combat acharné, très actif et fort stratégique de KASA-VUBU, à travers l’ABAKO, que le Congo arrive à arracher l’indépendance du pays » aux toutes puissantes forces coloniales belges. C’est donc à juste titre que Pierre Anatole MATUSILA (Président Général de l’ABAKO), s’est demandé : Quel aurait été le cours de l’histoire de ce pays sans Joseph KASA-VUBU ?
En résumé, le leitmotiv de toute l’action politique de Joseph KASA-VUBU est : « le Congo aux Congolais » ou « droits du premier occupant » pour mettre fin à l’obscurantisme et à la chosification de l’homme congolais.
Voilà pourquoi, pendant de nombreuses années et avec ténacité, j’ai milité avec beaucoup d’autres et mené des campagnes de sensibilisation/mobilisation afin que le Président J. KASA-VUBU soit reconnu comme un patrimoine national commun à préserver et à honorer et pour qu’il soit élevé au rang de Héros National.
Bien plus, dans une interview que j’ai accordée à la Radio Télévision Nationale Congolaise, RTNC en sigle, à Kinshasa le 20 mars 2021, je suis revenu à la charge en faisant un plaidoyer pour que soit publiée une ordonnance présidentielle élevant le véritable Père de notre indépendance politique au rang de Héros National – avec succès, fort heureusement.
C’est pour moi l’occasion de remercier une nouvelle fois et solennellement S. E. Monsieur le Président Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO qui a élevé son illustre prédécesseur au rang de Héros National et d’avoir publié à cet effet une ordonnance présidentielle. Je lui rends un vibrant hommage d’avoir sorti KASA-VUBU des oubliettes de la mémoire collective en le proclamant « Héros national ». Tenez : après cette annonce du Président de la RDC, la pluie est tombée dans la nuit du 29 au 30 juin 2020 à Signini où fut enterré S. E. Monsieur le Président Joseph KASA-VUBU : signe que les ancêtres de la RDC ont accueilli avec joie cette décision présidentielle.
Toutefois, beaucoup reste à faire, comme je ne cesse de le répéter. Par exemple : Tout en félicitant le Président de la République d’avoir élevé notre ancêtre politique et leader charismatique KASA-VUBU au rang de Héros National, je continue à plaider pour que le 24 mars, date de sa mort, soit déclaré chômé et payé sur toute l’étendue de la RDC.
1.2. KASA-VUBU : UN GESTIONNAIRE EXEMPLAIRE ET DOUE D’UNE PROBITE MORALE EXCEPTIONNELLE
D’une intelligence extrême et fort de sa formation chrétienne ainsi que morale reçue aux petit et grand séminaires, notre premier Président de la République a brillé par sa rectitude et sa transparence dans la gestion des finances et des biens de l’Etat. Il y aurait beaucoup à signaler sur ce thème. Qu’il nous suffise de relever ici sept (7) points saillants qui illustrent d’une meilleure manière les vertus qu’il a incarnées notamment son dévouement sans limite au service du bien-être de la population congolaise.
1.2.1. Le barème salarial
« Le barème salarial congolais de l’Administration publique ou de la Fonction Publique permettait aux agents et fonctionnaires d’avoir un pouvoir d’achat et un train de vie équilibrés. Ils menaient une vie avec aisance.
Les salaires humanitaires et humanistes étaient attribués à tous les agents et fonctionnaires (…).
Un Assistant de l’Enseignement Supérieur et Universitaire ne pouvait pas envier le salaire d’un agent de la Société Congolaise de Surveillance, l’actuel OCC ou celui de l’OTRACO, l’actuelle SCTP ou ex. ONATRA et le Professeur d’Université ne pouvait pas envier un politicien, Ministre ou Député ou un Sénateur.
Le retard dans le chef de paiement des salaires n’existait pas à travers les entreprises publiques et privées en République Démocratique du Congo. Dans l’enseignement comme dans l’Administration Publique, la corruption n’existait presque pas (…) ».
1.2.2. Au plan économique
« Le tissu économique congolais était comparable à celui du Canada et avait pour objectif le bien-être du Congolais.
Le Congo jusqu’en 1967 avait un standing de vie sociale et socio-sanitaire voire socio-économique supérieur à celui de l’Afrique du Sud et des Corées du Nord et du Sud ».
1.2.3. Au plan sanitaire
Le Congo était une référence en matière de santé par ses cliniques universitaires à telle enseigne que même les Sud-africains venaient se faire soigner en RDC. Les cliniques universitaires et celles de l’Union Minière du Haut Katanga (GECAMINES) furent les meilleures d’Afrique. Les Rwandais, Burundais, Ougandais, Tchadiens et autres venaient se faire soigner aux cliniques universitaires de Lovanium (UNIKIN) ou aux cliniques Reine Elisabeth et Danoise, actuellement Ngaliema et Kinoise à Kinshasa, ou encore à la clinique de la GECAMINES à Lubumbashi.
« Les soins médicaux étaient gratuits ». « Les soins et les examens médicaux furent administrés sur présentation d’une carte d’ayant droit sans frais pour les fonctionnaires et agents des services publics de l’Etat. Les indigents avaient aussi droit à la gratuité des soins médicaux ».
1.2.4. Défenseur des droits de l’homme et de la politique de la non-exclusion,Apôtre du dialogue, de la réconciliation et de l’unité nationale
« Malgré les deux sécessions katangaises et du Sud-Kasaï, respectivement avec TSHOMBE et KALONDJI MULOPWE, Mbuta KASA-VUBU a pesé de tout son poids pour se réconcilier avec les sécessionnistes dans la perspective de pérenniser l’intégrité territoriale, car l’unité du grand Congo demeurait son cheval de bataille ». Oui, J. KASA-VUBU, « ce grand combattant de notre libération du joug colonial avait su, dans des moments fortement agités que connut notre jeune République, garantir la permanence de l’unité nationale contre des appétits sécessionnistes et assurer avec force la continuité de l’Etat congolais ». Comme on le voit, J. KASA-VUBU n’était plus l’homme d’un parti ou d’une tribu, mais l’homme au-dessus des partis et des tribus. C’était la conviction intime qu’il se faisait de ses fonctions.
Par ailleurs, J. KASA-VUBU « a veillé à ce que notre pays soit un Etat de droits, de justes salaires, d’abondance, d’accès pour tous aux soins de santé et aux bienfaits de l’éducation, d’égalité devant la loi, de sécurité pour les personnes et les biens, de liberté et de bien-être pour tous les citoyens ».
Avec son sens élevé de justice sociale, « aucun Mukongo n’a accédé pendant son règne au poste de Premier Ministre parce qu’il était hostile à la politique d’exclusion ».
1.2.5. Le secteur de l’enseignement
Parce qu’il avait un souci particulier pour la formation de la jeunesse, espoir et avenir de la Nation congolaise, J. KASA-VUBU tenait compte de cette sagesse qui stipule : « Si vous voulez détruire une nation, il faut détruire son enseignement ».
C’est pourquoi, il a mis tout en œuvre pour que les Etablissements de l’Enseignement Supérieur et Universitaire soient les meilleurs de l’Afrique. Les Angolais, Rwandais, Burundais, Ougandais, Tchadiens et autres « venaient étudier dans les établissements de l’Enseignement Supérieur et Universitaire congolais ».
L’enseignement primaire était gratuit ; on payait un peu de frais à l’école secondaire. « Tandis que les universitaires recevaient mensuellement une bourse d’étude ». Je vous fais une révélation : KASA-VUBU a créé et fut Président de la « Bourse d’Etudes du Mayombe ». Lorsqu’il est devenu Président de l’ABAKO, cette Bourse est devenue la « Bourse d’Etudes de l’ABAKO » dont ont bénéficié plusieurs jeunes congolais toutes tribus et provinces confondues. Parmi les bénéficiaires de la Bourse d’Etudes de l’ABAKO, citons : Théodore UMBA-di-LUTETE, Charles BOKONGA et Marcel LIHAU.
1.2.6. Homme du peuple, homme de cœur, simple et pondéré
« Homme d’Etat et intellectuel, le Président KASA-VUBU est resté pourtant l’homme du peuple, simple, cultivant parfois ses champs à côté de ceux de nos braves mamans. Très souvent, il pouvait circuler seul à bord de sa petite VW sans garde de corps, pour se rendre réellement compte de la situation sociale de la population ».
KASA-VUBU, « préoccupé par la situation politique de son pays et la question sociale des populations, accordait peu d’importance aux biens matériels. Il laissait la fortune et les biens matériels à ceux qui en avaient besoin. Au premier plan, pour lui, c’était le bien-être de la communauté qui était son souci majeur » et quotidien.
1.2.7. Probité morale dans la gestion de la res publica : équité dans la répartition du patrimoine national
« Joseph KASA-VUBU fut un bon gestionnaire et doué d’une probité morale exceptionnelle. Il reversait au trésor public le reliquat de ses frais de mission ».
De cette manière, ce Président hors du commun, nous a donné l’exemple d’une honnêteté et d’une intégrité exceptionnelle, l’exemple d’un dévouement sans limite au service du bien-être de la population à tous les niveaux en faisant en sorte que la base et les classes modestes ne soient pas abandonnées à elles-mêmes et au dénuement. D’aucuns se rappelleront que le salaire du Président de la République pendant le premier régime, ceux des membres du Parlement, du Gouvernement et de tous les autres fonctionnaires de l’Etat étaient connus par toute la nation et publiés dans le Moniteur, aujourd’hui appelé « Journal officiel ». La tension salariale accordait au Président de la République 75.000 Fc et au Huissier 10.000 Fc. De telles normes témoignent à suffisance de son impartialité, de son équité dans la répartition du patrimoine national, bref de son combat pour l’amélioration des conditions sociales de ses frères et sœurs pour lesquels il avait réclamé l’indépendance. Le peuple congolais rendra continuellement grâce à Dieu de lui avoir donné l’occasion de vivre l’expérience de la gestion d’un vrai Père de la nation.
Tel est, en bref, l’héritage que J. KASA-VUBU nous a légué. Le devoir de mémoire recommande que le peuple congolais s’en souvienne et s’en inspire pour bâtir un pays plus beau qu’aujourd’hui, d’autant plus que la vision politique du premier Président de la RDC demeure actuelle, comme je m’en vais vous l’expliquer au point suivant.
II. ACTUALITE DE LA VISION POLITIQUE DE KASA-VUBU
Dans un contexte où la RDC va très mal, puissent les Congolais écouter le cri d’alarme que J. KASA-VUBU leur a lancé et mettre en pratique les conseils qu’il leur donne en ces termes pathétiques : « Devant le pays qui souffre et qui reste déchiré, chacun doit maintenant prendre ses responsabilités : si les appétits individuels ne cèdent pas le pas à l’intérêt général, si les dirigeants politiques ne s’emploient pas à faire taire les semeurs de discordes et ne les empêchent pas de nuire, si chacun ne se met pas au travail de suite pour assurer l’activité économique, pour la bonne administration du pays, nous connaîtrons des jours plus sombres encore que ceux que nous avons vécus ». Ces conseils demeurent plus que jamais actuels.
Vu l’étonnante actualité de ces conseils ainsi que de sa vision politique, J. KASA-VUBU est devenu une référence en matière de bonne gouvernance ou encore un véritable paradigme d’une gestion politique responsable et promotrice de développement. C’est pourquoi, au mois de mars 2009, lors de grandioses journées scientifiques et culturelles organisées par le Comité de Gestion Abbé André-Edouard YENGO-ki-NGIMBI sur le thème général « Joseph KASA-VUBU : sa vie et son œuvre », du 21 au 24 mars 2009, dans le cadre des festivités du 40ème anniversaire de la mort de KASA-VUBU et du 10ème anniversaire de l’Université qui porte son prestigieux nom, tous les participants ont reconnu unanimement et en toute honnêteté intellectuelle, qu’au regard de son combat politique pour l’indépendance et le développement de notre pays, feu le Président Joseph KASA-VUBU est le symbole de l’unité nationale, de la bonne gouvernance et de la gestion transparente. Tout le monde était unanime pour reconnaître que c’est depuis l’abandon de la rigueur dans la gestion financière ou l’abandon de la bonne gouvernance et de la moralité publique à la KASA-VUBU que l’appauvrissement des masses congolaises s’est accru de façon dramatique. Ainsi, la moralisation de la classe politique ou des responsables politiques s’avère plus que jamais urgente et nécessaire.
Dans cette optique, Il n’est donc pas surprenant que la Ligue Nationale pour les Elections Libres et Transparentes, LINELIT en sigle, considère feu le Président Joseph KASA-VUBU comme la référence en matière de bonne gouvernance. En témoigne la présente déclaration qu’elle a faite en 2006 sur Son Excellence Monsieur le Président Joseph KASA-VUBU :
« La bonne gouvernance a une référence : Joseph Kasa-Vubu,
- l’homme de la transparence
- l’homme hostile au détournement des deniers publics
- l’homme qui octroyait un salaire décent aux fonctionnaires et agents de l’Etat
- l’homme qui restituait les frais de mission au trésor public
- défenseur des droits de l’homme et de la politique de la non-exclusion
- Apôtre du dialogue et de l’unité nationale
- Patriote luttant contre le bradage de la nationalité
Tous pour un Kasa-Vubu « New-look » ».
Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes,
s’il est admis que cet homme d’Etat d’exception aux qualités légendaires, J. KASA-VUBU, mérite bien d’être considéré comme une référence en matière de bonne gouvernance ou encore comme un véritable paradigme d’une gestion politique responsable et promotrice de développement, nous sommes dès lors en droit de tirer de sa vie et de son action politique quelques leçons et reformes susceptibles de nous aider dans notre combat pour un développement intégral de la RDC. Quelles sont donc ces leçons et reformes à retenir de l’héritage de J. KASA-VUBU ? La réponse à cette question est donnée au troisième et dernier point de ma communication.
III. LA VIE ET L’ACTION POLITIQUE DE J. KASA-VUBU : UN APPEL AU DEVELOPPEMENT DE LA RDC
Quatre leçons et reformes sont à retenir de la vie et de l’action politique que J. KASA-VUBU a léguées au peuple congolais comme un héritage inaliénable :
3.1. Message à tout le peuple congolais : changement de mentalité et engagement de tous dans l’action pour un développement intégral de la RDC
La renaissance morale, la conversion radicale de l’homme congolais et de notre peuple par l’intégrité, l’honnêteté, la réflexion comme conditions essentielles pour le relèvement ou le développement intégral de notre pays.
Le respect constant des droits humains, de sorte que chacun puisse se sentir libre dans un pays libre, où il fait bon de vivre, de s’exprimer, de travailler, de circuler à l’aise et en toute sécurité.
La réalisation d’un travail acharné comme condition sine qua non d’un développement durable et irréversible ; l’engagement, en d’autres mots, d’un combat sans merci contre la paresse sous toutes ses formes.
3.2. Appel à tous les dirigeants : responsabilité sociale de l’Etat et des dirigeants
La restauration de la puissance agissante et mobilisatrice de l’Etat, le rappel de ses responsabilités dans la coordination, la planification, le rassemblement et l’encouragement des efforts des citoyens au lieu de l’abandon, de l’étouffement de ce peuple et de ses initiatives.
Imiter et même reproduire J. KASA-VUBU qui nous a légué un pays dont il a préservé l’intégrité territoriale, grâce à son habileté et à son énergie.
Etre de « nouveaux KASA-VUBU » c’est-à-dire prendre J. KASA-VUBU pour modèle, lui qui a veillé à ce que notre pays soit un Etat de droits, de justes salaires, d’abondance, d’accès pour tous aux soins de santé et aux bienfaits de l’éducation, d’égalité devant la loi, de sécurité pour les personnes et les biens, de liberté et de bien-être pour tous les citoyens.
Qu’il me soit permis ici de prodiguer à nouveau et de manière pathétique à nos frères et sœurs bakongo en particulier, et à tous les Congolais, en général, ce conseil : pendant que d’autres s’organisent et préparent sérieusement leur avenir, nous ne devrions pas continuer à être distraits et à nous entre-déchirer pour des futilités. Souvenons-nous de l’adage qui dit : « malheur à ceux qui comprennent toujours en retard ! ».
Que les Nekongo aspirent à l’émergence d’un leadership Nekongo dans le but de promouvoir notre province et notre pays sur tous les plans, en refusant de servir de marchepieds à d’autres. Chers politiciens NeKongo, vous n’avez pas pour vocation d’être des porteurs des malettes des autres ou des « Kinati-Khutu ». Non, cela n’est pas digne du peuple mukongo, ce peuple qui a été à l’avant-garde du combat pour la liberté et l’indépendance de ce pays. Dites-moi : après l’ABAKO, quel est ce grand parti qui fut créé par des Bakongo ? Quel est ce jeune leader mukongo qui a émergé en politique ces dernières années ? Les Bakongo s’illustrent dans des querelles/divisions/bassesses/guerres fratricides inutiles/stériles/sans intérêt pour la communauté. Quelle honte ! Un grand fossé sépare les Bakongo d’aujourd’hui de leurs vaillants et glorieux ancêtres KASA-VUBU, KIMBANGU et KIMPA VITA. Où sont donc les nouveaux KASA-VUBU, les nouveaux KIMBANGU et les nouvelles KIMPA VITA qui incarnent les aspirations du peuple mukongo en particulier et du peuple congolais en général ? Depuis de très nombreuses années, je ne cesse de vous le répéter à la radio, à la télévision, dans les journaux et dans les réseaux sociaux : les Nekongo du Bas-Fleuve, Cataractes et Lukaya, en particulier, et les Congolais, en général, devraient sortir de leur torpeur, bannir la peur, transcender les clivages tribaux, « cesser de s’entre-déchirer, mettre de côté leurs intérêts égoïstes au profit du développement de la communauté, en vue du bien-être de ses filles et fils ». Plus particulièrement, nous devrions cesser avec la politique de division et des recommandations en devenant de grands défenseurs des intérêts du peuple congolais, de grands acteurs de la réconciliation et de l’amour aussi bien du développement au sein du peuple mukongo. Dans l’intérêt supérieur du Kongo Central et de notre pays, appuyons-nous les uns les autres sans tenir compte de couleurs politiques. Chers Bakongo, si vous continuez à dormir/sommeiller, alors vous n’aurez bientôt que vos yeux pour pleurer. Ce sera trop tard !
3.3. Mobilisation de toute la jeunesse : déterrer le message de J. KASA-VUBU,prendre le relais, ressaisir fermement son flambeau et le porter plus loin, en avant
J. KASA-VUBU est certes mort. Mais l’esprit KASA-VUBU est à l’œuvre dans ceux qui imitent ce Président hors du commun. Ainsi, c’est maintenant aux citoyens congolais, c’est aux jeunes surtout à faire la différence, c’est aux jeunes qui sont à l’âge où se forge l’idéal des grands projets de vie, de déterrer le message de KASA-VUBU, de prendre le relais, de ressaisir fermement son flambeau et de le porter plus loin, en avant.
Suivre l’exemple de J. KASA-VUBU qui était inflexible par rapport aux valeurs qu’il défendait, mais qui savait aussi privilégier le dialogue.
3.4. Message à la communauté universitaire de l’UKV
Qu’est-ce qui montre que l’UKV a J. KASA-VUBU comme tête de proue ? C’est la question centrale à laquelle il sied de répondre ici. Je ne reviendrai pas sur les états des lieux des universités rdcongolaises, thème qui fut longuement abordé dans mon livre sur KASA-VUBU publié en 2018[1]. A ce stade de notre exposé, je me limiterai à reprendre l’essentiel des recommandations que j’avais déjà faites le 22 mars 2011 à l’occasion des journées scientifiques de l’UKV. Après douze ans, ces recommandations demeurent toujours actuelles.
Aux étudiants : acquérir la culture universitaire en rejetant la culture du mensonge, de l’anarchie et de la contestation non fondée ; prendre conscience que les points doivent se mériter par l’ardeur au travail et que le passage d’une promotion à une autre n’est pas une simple formalité ; viser l’excellence intellectuelle et morale ; rejeter les antivaleurs comme la tricherie, la corruption, les points sexuellement transmissibles, le plagiat.
Aux Professeurs et autres enseignants : même s’ils se sentent insuffisamment valorisés par l’Etat, ils se convaincront que le meilleur service qu’on peut rendre à la jeunesse, c’est de bien la former, en lui dispensant un enseignement de qualité ; ils mettront tout en oeuvre pour faire de l’UKV une université de l’excellence et de renommée internationale en étant eux-mêmes de véritables hommes de science, c’est-à-dire de vrais intellectuels qui sont respectueux de la vérité, qui ne recourent pas à des arguments fallacieux, mais qui opposent argument contre argument et non calomnie contre argument ; être des professeurs compétents, des chercheurs acharnés, des intellectuels profonds et productifs qui se caractérisent par l’excellence, la raison critique et l’universalisme. On ne vient pas à l’UKV comme enseignant ou membre du comité de gestion pour voler et rançonner les étudiants, pour promouvoir la médiocrité et les autres antivaleurs comme la tricherie, la corruption, le tripatouillage des cotes des étudiants non méritants, le favoritisme, le clientélisme, la coterie, le tribalisme ; s’interdire d’exercer la profession d’enseignant comme un commerce ou business. Car nos universités ne devraient plus être confondues à des fonds de commerce, à des boutiques (ligablos) ou encore à une jungle où l’accent est mis sur l’argent et non sur l’enseignement de qualité. Des professeurs et autres enseignants est exigé un minimum de moralité/éthique, de conscience professionnelle et de déontologie. Leur mission n’est pas de déformer la jeunesse, mais celle de transmettre la science et de former une élite destinée à assurer demain avec compétence et efficacité le leadership social, intellectuel, politique et culturel. Autrement dit : leur vocation est de préparer la relève du pays par l’éducation de la jeunesse à l’excellence. Ceci n’est rien d’autre que garantir le bien-être des générations futures. Aux Professeurs, Chefs de Travaux et Assistants de l’UKV : je vous exhorte à travailler tous main dans la main pour protéger notre patrimoine, en évitant les coups bas.
Aux autres agents de l’UKV : nous les invitons à continuer à être dévoués, malgré la situation difficile que nous connaissons en RDC. Ils doivent savoir réclamer leurs droits.
Au comité de gestion : celui-ci a une mission définie par l’Etat congolais, celle de gérer l’université au quotidien, de rassembler et d’unir tout le monde autour des enjeux et des valeurs qui nous élèvent. Il est tenu à respecter le Vade-mecum du gestionnaire d’une institution d’enseignement supérieur et universitaire ainsi que les instructions officielles. Qu’il suive le charisme de J. KASA-VUBU. Qu’il introduise dans le programme de formation un cours sur la vie et l’action politique de KASA-VUBU afin d’informer les étudiants sur le Père de notre indépendance politique ; ou prévoir dans le cours d’Education à la Citoyenneté un chapitre sur le Président KASA-VUBU. Au niveau local, national et international, il s’efforcera de trouver des partenaires pouvant venir en aide à l’université : il le fait déjà bien. Nous exhortons le comité de gestion d’imaginer des stratégies pour la viabilité matérielle et financière de l’université, en initiant par exemple des actions génératrices des revenus, pour faire aussi de l’U.K.V une unité de production. Le comité de gestion veillera à ce que le jury des examens exerce pleinement et correctement ses responsabilités, car au cas contraire, le manque de respect des critères d’excellence lors des délibérations discréditerait toute l’université qui, par voie de conséquence, aurait un avenir sombre ; bref, comme je l’affirme haut et fort depuis de nombreuses années, les principes d’excellence et de méritocratie ne doivent en aucun cas être bafoués par le jury des examens lors des délibérations qui ne devraient pas être des « Messes Noires » sous la trilogie « argent-points sexuellement transmissibles-coterie » ; de même, ces délibérations ne devraient pas devenir une occasion de règlement des comptes avec les étudiants ; enfin, le comité de gestion veillera non seulement à ce que le jury ne compose pas les questionnaires en lieu et place des professeurs, mais il luttera également contre les pré-défenses devenues des marchés noirs où tout se règle à l’avance. Je propose la création d’un centre culturel J. KASA-VUBU au sein de l’UKV. Cette dernière, comme on le sait, ne peut pas encore fonctionner normalement suite à la dette colossale et injuste dont l’actuel comité de gestion a héritée des anciens gestionnaires ; à ce sujet, ma proposition est connue depuis fort longtemps ; je l’ai émise dans le but de permettre à l’UKV de fonctionner normalement ; dans cette optique, je félicite vivement Monsieur l’Abbé Recteur Darius BAMUENE SOLO pour sa prise de position publique et courageuse sur la question, hier jeudi 23 mars 2023 dans son discours devant le Ministre de l’ESU, MUHINDO NZANGI. Je ne saurai clore ce point sans adresser mes chaleureuses félicitations et encouragements à l’actuel comité de gestion de l’UKV qui vient de réaliser tant de prouesses en très peu de temps. Tenez : Tous les esprits lucides et honnêtes sont unanimes pour affirmer qu’un grand changement est en train de s’opérer à l’UKV dans le sens positif. A titre illustratif, citons :
- La re-ouverture de la Faculté de médecine ;
- L’UKV dispose aujourd’hui des laboratoires modernes construits en seulement 7 mois ;
- De nouveaux bâtiments « dans les normes » sont en train de sortir de terre comme des champignons ;
- Un charroi ou parc automobile qui s’enrichit de jour en jour ;
- Le retour de la rigueur et de l’excellence au plan académique ;
- Il y a maintenant l’accalmie, la paix et la liberté d’expression à l’UKV : ce qui nous a fait défaut pendant plus de dix ans ;
- La liste n’est pas exhaustive.
Mesdames et Messieurs,
Toutes ces prouesses prouvent que les membres du comité de gestion sont là non pour se servir, mais pour servir l’intérêt général. De ce fait, ils incarnent l’esprit KASA-VUBU : l’esprit d’abnégation et de générosité, l’esprit d’honnêteté et de transparence, l’esprit de travail acharné et d’un dévouement sans limite au service de l’intérêt général… Avec le peu dont ils disposent, ils ont pu réaliser beaucoup de prouesses… Nous pouvons donc affirmer que l’actuel comité de gestion est un don de Dieu ou une bénédiction pour l’UKV.
Nous prions le comité de gestion de continuer sur cette lancée dans l’intérêt supérieur de notre université, de notre pays et du monde entier. SVP, chers membres du comité de gestion, gardez le cap !
CONCLUONS
Mesdames et Messieurs,
Chers compatriotes congolais,
Nous avons à apprendre à être forts pour être respectés chez nous et ailleurs. L’unique voie, c’est de reconnaître la puissance de l’éthique, des compétences intellectuelles, de la bonne gouvernance et du leadership éclairé. Tel est en bref la leçon que nous pouvons tirer de cette conférence sur J. KASA-VUBU.
Ainsi, en ce jour commémoratif du cinquante-quatrième anniversaire de son retour triomphal au village glorieux de nos ancêtres, puisse l’esprit de J. KASA-VUBU, Père de l’indépendance et Héros national, « cette étoile scintillante dans le firmament politique congolais », (puisse cet esprit KASA-VUBU) éclairer/guider notre agir politique et nous aider à affronter courageusement les défis de développement auxquels notre pays fait face actuellement.
Que vive la République Démocratique du Congo !
Que vive S. E. feu le Président Joseph KASA-VUBU, vrai Père de l’indépendance et Héros National !
Et que vive à jamais l’Université Président Joseph KASA-VUBU !
Je vous remercie.
[1] C. VUMUKA-ku-NANGA, La vie et l’action politique de Kasa-Vubu. Pour une culture de bonne gouvernance et de développement, Kinshasa, Imprimerie MEDIASPAUL, 2018, pp. 61-79.