Par Pierre Anatole Matusila, Président Général
L’unicité du sigle de ces trois dénominations différentes, fruit du génie créateur de nos Bambuta, est souvent l’objet de connotations péjoratives entretenues à souhait par certains esprits malveillants, même par ceux que nous croyons, à tort ou à raison, les mieux avertis. Cela appellera toujours de notre part une clarification conceptuelle.
L’Association des Bakongo (ABAKO en sigle), est une ASBL créée en 1950 par Edmond Nzeza N’landu pour la réhabilitation culturelle et identitaire de l’être kongo, phagocyté par la colonisation.
Elle a connu deux grandes mutations au cours de son évolution. La première a été opérée par Joseph Kasa Vubu, deuxième Président de cette association en ordre de succession, après sa dissolution par les autorités belges. Ce nom suscitait un cauchemar auprès des européens pour le rôle central joué par l’ABAKO à la suite de l’insurrection populaire du 4 janvier 1959.
Ses principaux dirigeants furent ainsi arrêtés et l’Association des Bakongo fut dissoute. Ce mouvement était considéré comme le noyau dur de la lutte pour l’indépendance de notre pays. Las d’attendre une réhabilitation hypothétique, de la part des autorités coloniales après un non-lieu judiciaire, le Président Kasa-Vubu a opéré, au mois de juin de la même année, la mutation de l’association culturelle « Association des Bakongo », ABAKO en sigle, en un parti politique dénommé « Alliance des Bakongo », ABAKO en sigle pour canaliser et conduire les revendications de l’indépendance de notre pays. Si l’appellation a changé, l’abréviation restait la même à la grande satisfaction de tous.
Au Congrès de Thysville (Mbanza-Ngungu) en 1963, une résolution était prise pour sortir les Bakongo de l’Alliance des Bakongo, qui avait accompli sa mission historique d’avoir conduit tout le pays à l’indépendance. La question se posa de savoir s’il fallait la transformer en un parti national, ou bien l’intégrer sur le plan national dans un vaste regroupement politique. C’était la thèse de ceux qui voulaient dédouaner l’ABAKO de l’étiquette tribaliste.
Deux courants s’opposaient :
- l’ un incarné par Vital Moanda, ancien Président sectionnaire de l’ABAKO Kalamu, l’homme qui a convoqué la réunion à la place YMICA qui fut à l’origine de l’insurrection populaire du 4 janvier 1959. Ce dernier défendait l’intégrité structurelle de l’ABAKO et rejetait toute fusion avec un autre mouvement, acceptant juste la possibilité de constituer un cartel comme en 1959 (Cartel ABAKO), comprenant ABAKO (Alliance des Bakongo), PSA (Parti Solidaire Africain), le MNC/Kalondji (Mouvement National Congolais/Kalondji) et le Parti du Peuple et dont le mot d’ordre adopté fut «l’indépendance immédiate et totale pour un Congo uni et fédéral». Ce cartel a considérablement contribué à l’accélération du processus d’indépendance avec le démarrage dès le 20 janvier 1960 de la Conférence de la Table Ronde politique belgo-congolaise afin de discuter de l’avenir du Congo Belge.
- l’ autre courant représenté par Emile Zola, accusait le premier d’immobilisme, du refus de renouveler les cadres et de manque de démocratisation véritable. L’incapacité de l’Alliance des BAKONGO à sortir de son carcan ethnique et à devenir un parti d’envergure nationale a amené Emile ZOLA à le quitter pour intégrer le Comité Démocratique Africain (CDA), un mouvement qui voulait, selon la formule d’Emile Zola lui-même, «se mettre au diapason du Congo». Ce mouvement ne voyait «que la nation et non les tribus» et sa politique se voulait nationale «partant des particularités régionales».
L’organisation des Partis politiques, il faudra le rappeler, s’était appuyée, pour la plupart sur des groupes historiquement, ethniquement et linguistiquement ou culturellement unis ou apparentés qui fourmillaient à Léopoldville. C’était le cas de l’ABAKO. Certains partis politiques conservent à ce jour ces séquelles nées de balbutiement démocratique à l’origine de la naissance des partis politiques dans notre pays pour la conquête de notre liberté.
Le coup d’Etat de Général Mobutu le 24 novembre 1965 mit fin aux activités des partis politiques. Avec la réinstauration du multipartisme dans les années 1990, l’Alliance des Bakongo n’a pas pu vaincre ces divisions au point que plusieurs ailes se réclamant de ce parti ont émergé, affirmant chacune être l’héritière attitrée.
C’est dans ce contexte qu’est née l’Alliance des Bâtisseurs du Kongo, ABAKO en sigle. Son avènement s’inscrit dans une volonté, d’une part, de capitaliser l’héritage politique du parti d’avant-garde ayant conduit notre pays à l’indépendance, un héritage politique qui se résume dans des idées-forces, notamment la lutte ainsi que la sauvegarde de notre indépendance, un nationalisme lucide et vigilant, la promotion de la bonne gouvernance dans la gestion de la chose publique et le fédéralisme comme mode d’organisation et de gestion de l’Etat ; d’autre part, de le sortir de son carcan ethnique en le mettant «au diapason du Congo », pour reprendre les termes d’Emile Zola, en l’inscrivant dans un projet global de refondation et d’appropriation de l’Etat congolais, de réinvention de notre imaginaire en tant que peuple et de repenser la visée de l’action politique, perçue comme force de transformation qualitative de notre existence collective.
L’Alliance des Bâtisseurs du Kongo, en sigle « ABAKO » (Nsinga Kanda) est un parti politique créé suivant les statuts notariés du 12 juin 1992 et enregistré par Arrêté ministériel n°92 – 190 du 14 août 1992, sous la Loi n°90-007 du 18 juillet 1990, portant organisation et fonctionnement des partis politiques, telle que modifiée et complétée par la Loi n°90-009 du 18 décembre 1990. Elle a été régie par les statuts notariés du 12 septembre 2008 publiés au Journal Officiel de la République Démocratique du Congo, Deuxième partie – n° 5, du 1er Mars 2009, après le Procès-verbal administratif n°001 du 20 janvier 2005, puis l’accord de regroupement politique du 12 novembre 2005.
Ses nouveaux statuts révisés ont été adoptés à son Congrès ordinaire tenu du 26 au 27 novembre 2022 à Mbanza-Ngungu, au centre Saint Gérard des Pères Rédemptoristes de KOLA, après l’unité retrouvée et la fin des conflits judiciaires.
Ces indications suffisent amplement à démontrer que l’Alliance des Bâtisseurs du Kongo, ABAKO en sigle, est un Parti national dont le courant de pensée politique, a été insufflé par Joseph Kasa Vubu, Héros national et leader charismatique qui incarne à ce jour le vrai modèle d’homme d’Etat.