Mbanza-Ngungu le 26 novembre 2022
Honorable Pierre Anatole Matusila, Président Général
C’est avec une grande joie que je vous accueille dans ce beau cadre du Centre Saint-Gérard de KOLA et vous souhaite une chaleureuse bienvenue.
Chacun de vous a quitté ses occupations professionnelles et son milieu de vie pour participer à ce congrès de notre parti, l’Alliance des Bâtisseurs du Kongo, ABAKO en sigle.
Nous remercions chacun de vous pour avoir exprimé, par sa présence, son engagement et sa détermination pour la croissance et le rayonnement de notre parti.
Nous saluons particulièrement la présence de nos invités des partis alliés, particulièrement ceux avec lesquels nous luttons dans le cartel des fédéralistes. Nous sommes sensibles à leur témoignage de l’attachement et de solidarité.
Au moment où s’ouvrent les travaux de ce Congrès historique, le premier depuis 2009, il me semble que nous avons le devoir de répondre à trois questions pour mieux restituer le sens de ces travaux : D’où venons-nous ? Où sommes-nous ? Et où voulons-nous aller ?
D’où venons-nous ?
L’Alliance des Bâtisseurs du Kongo, héritier de l’Alliance des Bakongo, parti d’avant-garde dans la conquête de l’indépendance de notre pays, qui a eu le privilège et l’honneur de donner à ce dernier son premier Président de la République en la personne de notre héros national Joseph Kasa-Vubu, a été refondé et enregistré par Arrêté ministériel n° 92-190 du 14 août 1992.
Depuis cette refondation, il a connu des fortunes diverses.
Ayant évolué dans une relative léthargie dans les années 90, c’est au milieu de la décennie 2000 qu’il va véritablement prendre son envol grâce au leadership de Mbuta François KIMASI, un digne fils Kongo dont je voudrais saluer ici la mémoire.
Je vous prie de vous lever pour une minute de silence en son hommage et en hommage à tous les membres et dirigeants du parti qui nous ont quittés.
C’est grâce à son leadership qu’on assistera à un véritable envol de notre parti aux élections de 2006, élections au cours desquelles l’ABAKO avait pu gagner 3 sièges de députés nationaux et 7 sièges des députés provinciaux (Kinshasa et Kongo Central).
Ces résultats assez satisfaisants vont être couronnés par l’élection de l’Honorable KIMASI comme Président de l’Assemblée provinciale du Kongo Central. L’espoir semblait être permis avec une telle moisson. Mais la suite ne fut pas à la hauteur de nos espoirs : le parti doit faire face à des dissensions et des conflits judiciaires qui avaient sérieusement plombé son élan.
Ces péripéties affectèrent légèrement les résultats du parti lors des échéances électorales de 2011 avec 2 sièges des Députés nationaux, la Députation provinciale n’ayant pas été organisée cette année-là.
Malgré le temps assez important qu’ont pris ces conflits judiciaires, ils sont désormais derrière nous. Nous avons tous surpassé nos egos pour privilégier la croissance et le rayonnement de ce patrimoine historique commun qu’est l’ABAKO.
Nous nous félicitons tous pour ce sens de dépassement de soi qui a rendu possible l’avènement d’une ABAKO unique, toute engagée à s’affirmer comme une véritable force politique d’envergure aux échéances électorales prochaines.
Il est vrai qu’en décidant de fédérer nos énergies et nos intelligences, nous sommes conscients qu’il y aura toujours des points de divergences ou des désaccords, mais nous avons pris la résolution de trouver à chaque fois un consensus grâce au dialogue permanent.
A la question de savoir « où sommes-nous aujourd’hui ? »
La réponse parait donc claire : nous sommes dans un parti réconcilié, résolument engagé vers les échéances à venir avec lucidité, courage et détermination pour qu’il pèse positivement sur la marche politique de notre pays par le triomphe des valeurs qui sont au cœur de son combat.
Mais s’engager avec lucidité dans les échéances électorales à venir signifie être pleinement conscient de nos forces, de nos faiblesses et des opportunités à saisir.
Dans le registre de nos forces, il faut de toute évidence mentionner cette unité retrouvée et la fin des conflits judiciaires, le crédit dont jouit notre parti auprès de l’opinion nationale et provinciale (Kongo Central et Kinshasa) du fait qu’il défend la vision politique de l’icône de la bonne gouvernance et de la justice sociale, le Héros national Joseph Kasa-Vubu et du fait qu’à chaque fois que des membres de notre Parti ont occupé des fonctions politiques, ils se sont toujours montrés dignes de cette figure emblématique de l’histoire congolaise.
Nos forces contrastent malheureusement, avec nos faiblesses, dont nous devons prendre pleinement conscience pour les surmonter.
Au nombre de ces faiblesses, on peut noter l’éternel problème des moyens financiers, la faible implantation du parti entraînant un déficit de visibilité, une certaine timidité dans la prise des risques sur le plan politique, etc.
Quelles sont les opportunités actuelles que notre parti se doit de saisir ?
Il y a d’abord ce dynamisme ravivé par l’unité du parti, entraînant une synergie de forces et d’idées.
Chacun de nous a l’opportunité d’apporter ses énergies et les ressources de son intelligence pour le triomphe de notre parti aux échéances électorales à venir afin que ce parti occupe la place qu’il mérite sur l’échiquier politique national.
Une autre opportunité, c’est l’adoption des textes directeurs de notre parti : les Statuts révisés et le Règlement Intérieur, qui ont nettoyé les textes antérieurs des ambiguïtés et des imprécisions qui ont été, par le passé, sources de conflits de compétences entre les organes du parti.
Chacun de nous peut dès lors comprendre tout le sens de ce Congrès dont le thème est « Refonder l’ABAKO sur ses principes idéologiques et ses valeurs politiques pour relever les défis d’avenir ».
L’objectif des travaux de ce Congrès est de tirer des leçons de la marche de notre parti durant plus d’une décennie pour baliser le chemin à venir en se fondant sur les principes idéologiques et les valeurs politiques définies dans nos statuts.
Nous ne pouvons atteindre un objectif si ambitieux que si nous faisons preuve de sérénité, de lucidité et du sens de la responsabilité.
L’ABAKO est héritière d’un patrimoine historique de notre pays. En tant que dépositaire de ce patrimoine, nous avons l’obligation d’avoir toute la conscience de notre responsabilité tout aussi historique pour œuvrer à sa croissance et à son rayonnement en transcendant nos individualités, conscients de n’être que des maillons d’une chaîne.
Le programme de ce Congrès prévoit l’élection du Président Général du Parti et de ses adjoints, du Directeur du Bureau Politique et de ses adjoints ainsi que du Secrétaire général et de ses adjoints.
L’idéal démocratique aurait été que les électeurs soient eux-mêmes issus d’une élection dans les différentes structures du parti.
Mais qu’à cela ne tienne, si les participants approuvent cet ordre du jour, nous rappelons à chacun de nous le sens de la responsabilité pour que durant ces élections, soient privilégiés l’intérêt supérieur de notre parti et la volonté de le voir peser véritablement sur la marche de notre pays pour le triomphe de ses options idéologiques et des valeurs qu’il défend pour l’avènement de la République démocratique du Congo rêvé par les Pères de notre indépendance et auquel les populations congolaises aspirent ardemment.
S’agissant précisément des options idéologiques, c’est le moment de crier haut et fort, et de souligner en lettres indélébiles la démocratie fédéraliste déjà consacrée par nos illustres fondateurs.
Le colloque des partis fédéralistes qui s’est tenu dans ce même cadre en septembre 2012, sur l’initiative de notre parti, avait déjà démontré la faillite du Centralisme et même du Régionalisme politique consacré par la Constitution actuelle.
Tant que les élections urbaines, municipales et locales ne seront pas organisées, la politique de la Décentralisation restera toujours au niveau théorique par rapport à ces trois objectifs, à savoir : la promotion de la Démocratie pour amener le peuple à prendre son destin en main, le développement et la lutte contre la Pauvreté.
Les oligarchies politiques très peu intéressées au développement de ce pays ont pris le dessus, à la fois au centre à Kinshasa et à la périphérie aux Provinces et aux Entités territoriales Décentralisées(ETD).
Certaines options levées dans la Constitution, n’ont jamais été intégralement appliquées. L’exemple le plus flagrant est le non-respect des dispositions légales relatives à la retenue à la source des 40% des recettes à caractère national.
La Décentralisation peine à s’imposer. Les effets de la Caisse Nationale de Péréquation lancée depuis janvier 2020, dans une vision d’équilibre provincial, ne sont pas visibles.
Nos entités Territoriales Décentralisées se meurent, 16 ans après le lancement de la décentralisation faute d’un cadre légal ou règlementaire définissant la clef de répartition des recettes d’intérêt commun entre les Provinces et les ETD etc.
La véritable chance de survie pour notre pays le Congo demeure le Fédéralisme. Ce système est fondé sur base de la confiance en nous-mêmes, en notre propre génie créateur, nous permettant ainsi de refonder notre destin dans l’éthique, l’unité nationale, l’autonomie réelle et la foi en l’avenir.
Le Fédéralisme offre un cadre rationnel et cohérent de contrôle territorial, de démocratie et d’impulsion du développement économique de ce pays pluricommunautaire aux dimensions continentales.
Tout en préservant l’unité du pays au sommet, le Fédéralisme s’avère la seule forme d’Etat susceptible de préserver les diversités identitaires et culturelles à la base.
Le Congo notre pays, a autant besoin de son unité que de sa diversité. Les congolais ont démontré à plusieurs reprises leur capacité et leur farouche détermination à conserver l’unité de leur pays.
Nous saluons la naissance du Cartel des Partis Fédéralistes, dont les représentants des partis membres sont avec nous et auquel nous invitons les autres partis fédéralistes à se joindre.
Je souhaite que les travaux de ce Congrès affirment avec énergie cette option salutaire pour notre pays.
Tout en implorant l’assistance et l’accompagnement de nos illustres Bambuta Fondateurs et Animateurs de notre parti, je souhaite à chacun des participants de fructueux travaux du Congrès ordinaire sur la Thème : « Refonder l’ABAKO sur ses principes idéologiques et ses valeurs politiques, pour relever les défis d’avenir », travaux que je déclare, du reste ouverts.
Je vous remercie.