Nous sommes vers la fin des années 1980,lorsque j’intègre la rédaction de « Stars » en tant que reporter.
Ce journal appartenait à Verckys Kiamwangana Mateta. Ses locaux se trouvaient dans l’immeuble Vévé Center, qui trône sur l’avenue Kasa-Vubu, non loin du mythique bar Vis-À-Vis.
À mon arrivée, j’ai découvert que Verckys s’était déjà attaché les services de quelques valeurs sûres de la presse congolaise : Eugène Ndongala, Michel Lady Luya, Nitumfuidi, Henri Fwamba, Kwamy Nsangu, etc. qui ne sont plus de ce monde.
L’équipe s’étoffe au fur et à mesure. Et au bout d’un moment, des étudiants en journalisme nous ont rejoints. Ils ont apporté une certaine fraicheur dans cette rédaction. Ils avaient généralement une haute opinion d’eux-mêmes, au point que l’un d’eux m’a une fois confié que les articles de « Stars » étaient écrits dans un « style administratif ».
La rédaction a ensuite déménagé, pour s’installer à l’intérieur de la concession où Verckys avait ouvert un studio d’enregistrement, vers le cimetière de Kintambo. Le matériel de ce studio bien équipé fut importé d’Europe. C’était à l’époque le nec plus ultra.
Le Verckys que j’ai connu était à la fois un véritable bourreau de travail et un visionnaire. Il lui arrivait de s’enfermer pendant de longues heures, de 9 heures à 22 heures par exemple, dans le studio pour en maîtriser le fonctionnement. Des appareils sophistiqués y furent installés par des ingénieurs belges qu’il avait spécialement fait venir à Kinshasa.
Kinshasa bruissait régulièrement de rumeurs. Des rumeurs farfelues traversaient, de façon cyclique, cette ville tentaculaire sur Verckys. De mon point de vue, il suscitait de la jalousie en raison de sa fortune supposée ou réelle. Était-il aussi riche qu’on le disait ? Je n’en sais strictement rien. Mais manifestement, il n’avait pas de soucis d’argent au quotidien.
Ce patron, qui n’avait pas fait de longues études, était d’une intelligence nettement au-dessus de la moyenne. Il avait toujours envie d’apprendre. Apprendre pour avoir toujours un coup d’avance sur la concurrence. Il organisait régulièrement des réunions au cours desquelles on pouvait s’exprimer librement. Il était lui-même connu pour son franc-parler.
On le disait pingre. Mais autant que je m’en souvienne, les salaires étaient payés régulièrement. Il pouvait y avoir, par moments, un peu de retard dans le versement de ces salaires. Verckys mettait toutefois un point d’honneur à régler le problème au plus tôt. Il était conscient du fait qu’il fallait maintenir la cohésion au sein de l’équipe pour que les journalistes puissent donner le meilleur d’eux-mêmes.
Il y avait une certaine distance entre le PDG et nous qui étions ses employés. Mais parfois il se lâchait et nous racontait des anecdotes, notamment sur ses relations avec Franco Lwambo et ses séjours en Europe.
J.J.A.