« Ô temps ! Suspends ton vol », s’exclamait dans Le lac, Alphonse de Lamartine !
Dans la ville de Gemena le chef-lieu de la Province du Sud-Ubangi, le temps s’est momentanément arrêté dimanche 20 novembre 2022 à la Paroisse Sainte Elisabeth dans le diocèse de Molegbe.
Avec la grandiose célébration de la Messe d’ordination sacerdotale et diaconale pour le compte du diocèse de budjala sous une ambiance plutôt électrique en cette Solennité du Christ-Roi de l’Univers, la fête y était totale, Mgr Philibert TEMBO NLANDU cicm ayant imposé les mains sur les abbés AKUMABI DENGANDO Nestor et ENGITA MALUKWA Adrien devenus ainsi des Prêtres à jamais selon l’Ordre du Roi Melchisédeck; tandis que NDUADE NGULE Félix et NIABOLENDE BOBUYA Joseph ont été ordonnés Diacres.
C’était en présence d’une foule immense constituée de nombreux fidèles de Gemena et ses environs ainsi que ceux, indéchiffrables venus d’horizons les plus lointains et les plus divers.
Ce qui s’explique, la circonscription ecclésiastique diocésaine de Budjala étant présente dans la Province du Nord-Ubangi dans le Territoire de Businga ; dans la Province du Sud-Ubangi dans les Territoires de Gemena, Budjala et Kungu ainsi que dans la Province de l’Equateur dans les Territoires de Bomongo et de Mankanza, bref, à cheval sur 6 territoires et 3 provinces.
Tous accourus pour cet événement-avènement à la veille du premier dimanche du temps de l’Avent, massés devant l’immense cour, la tribune servant d’autel ceinturée par des tentes fabriquées minutieusement à base des matériaux bio couvertes des branches des palmiers, ce symbole de nos rencontres événementielles africaines, l’assistance aux couleurs bigarrées faites d’hommes et des femmes de toutes races, ethnies et tribus venues rendre grâce et gloire au Christ-Roi de l’Univers.
Autour de leur Père-Evêque de Budjala Mgr Philibert TEMBO NLANDU cicm, une quarantaine des prêtres venus concélébrer, les religieuses diocésaines et missionnaires parées de leurs plus jolies pagnes, coiffées de leurs foulards de grand jour, des chrétiens catholiques et des croyants dignes représentants de diverses confessions religieuses unies dans la foi en Dieu, véritable configuration du festin du Royaume.
Grand-Prêtre et digne Représentant du Saint-Père le successeur de Pierre, celle sur laquelle Jésus promit de bâtir son Eglise, d’un ton exceptionnellement magistral et solennel, Mgr l’Evêque Philibert TEMBO NLANDU cicm à qui tout pouvoir a été donné arrive, avec lui dans une longue et interminable procession, les prêtres unis dans le Ministère sacerdotal dans la fidélité aux engagements librement souscrits et consentis.
Dont les vœux de chasteté, de pauvreté évangélique et d’obéissance, et dans la suite, les impétrants appelés à l’œuvre du Seigneur, tout aussi beaux pour le service de la vigne, dans une oblation totale d’un « OUI »-IYO en langue du coin à Celui qui, depuis les Saints Apôtres, les appelle lui-même à sa suite et qui à chaque instant le leur réitère instamment en leur disant : « Viens et suis-moi » !
Comme l’a affirmé l’un des fidèles à nos correspondants dépêchés sur place pour la circonstance : « Jamais de mémoire de chrétien catholique pratiquant, je n’avais eu la chance d’assister à un événement aussi émouvant et d’une si grande ferveur ».
C’est tout dire quant au sérieux mis dans la préparation de l’événement que dans la qualité d’une telle organisation où, tous protocoles confondus, les choses se sont déroulées sans anicroches, comme chronométrées et millimétrées Top Chrono comme seuls savent le faire les cérémoniaires formés de l’Eglise catholique.
Présence remarquée des majorettes, ces fillettes candides toutes de blanc vêtues, avec des pas des danses rythmées et cadencées, sans omettre de signaler celle de ces jeunes en raphias traditionnels aux pas de Zebola, les religieuses consacrées pour qui la tradition est une valeur supplétive culturelle et cultuelle, dans ce rendez-vous du donner et du recevoir de l’inculturation de la liturgie et de la Parole Evangélique.
Cette Parole faite chair, Mgr l’Evêque du diocèse de Budjala qui maîtrise le lingala et le parle presqu’à la perfection aura ici fait la démonstration d’une intégration réussie d’un Berger qui connaît ses brebis et que ses brebis connaissent, Tout en Tous, communiant de cœur et d’esprit, tel un Pain rompu avec son peuple qu’il aime et qui le lui rend si bien.
Comme dans une transmutation horizontale et verticale, digne Ambassadeur du Christ et temporellement du Magistère de l’Eglise catholique romaine, il a officié en Médiateur entre l’humain et le divin, conciliant dans cette célébration haut en couleurs pleine de sens et de signification, le sacré et le profane traditionnel, offrant ainsi par le sacrifice de la sainte Messe, les ferventes prières du peuple de Dieu tel un parfum de bonne odeur vers les lieux très élevés.
Une homélie pratique…
Voilà pourquoi, a-t-il dit aux nouveaux prêtres consacrés, que leur meilleure photo de profil n’est pas celle de leurs Android mais celle inscrite dans leurs cœurs et qui s’appelle la Parole de Dieu.
Prêtre, étymologiquement du latin « presbyter », issu lui-même du grec « presbuteros » veut dire « ancien », aîné, adulte, mûr, berger, bref, un homme doué d’expérience. Voilà pourquoi dans l’Eglise catholique, ne devient pas Pasteur ou Prêtre qui veut.
En effet du fait de son expérience, le prêtre est un grand conseiller, capable de relire le passé, de confronter le présent et de se projeter vers le futur et l’avenir. Parce que capable d’invoquer et de révoquer le passé, capable de confronter le présent, il est donc apte d’affermir, d’exhorter, d’enseigner et de conduire le troupeau du Seigneur à bon port, contrairement aux mercenaires qui ne sont que des loups à la peau d’agneau qui eux ne viennent que pour dérober, égorger et détruire.
S’appuyant sur l’Exhortation apostolique post-synodale PASTORES DABO VOBIS A l’Episcopat, Au Clergé et Aux Fidèles sur la Formation des Prêtres dans les Circonstances Actuelles de Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II du 25 mars 1992, Mgr Philibert TEMBO NLANDU cicm a exhorté les nouveaux Prêtres à se comporter en « Alter Christus », entendez « un autre Christ » ou en imitateur du Christ en qui le peuple de Dieu est sensé trouver un recours et un répondant.
Sans être un thaumaturge faiseur des miracles, un magicien ou un féticheur, le prêtre par les mains que lui impose le Père-Evêque et l’huile sainte dont il est oint reçoit ainsi la grâce du Saint-Esprit qui fait de lui un pont, « gbagba » en langue lingala chargé entre autres d’administrer les sacrements aux fidèles.
Le diacre quant à lui, du grec diaconos est avant tout un Serviteur, un Ministre, tout comme les Ministres de nos gouvernements qui doivent être d’abord et avant tout des Serviteurs, des personnes au service de la communauté, de Mgr l’Evêque, des Prêtres par la prédication de la Bonne Nouvelle du salut et l’administration des sacrements par le don de soi. Tout en étant astreint à une nouvelle vie faite de discipline, de modération et des vertus.
Cependant le prêtre, parce qu’étant « la voix des sans-voix » sera souvent la cible et le mal-aimé de ceux qui voudront torpiller l’œuvre de l’Eglise, en en faisant un bouc-émissaire.
Malgré cela, le prêtre sera toujours l’Eglise au milieu du village, tout en tous, ouvert à tous sans aucune discrimination car en Christ et par le prêtre, il n’y a plus ni Ngbaka, ni Ngombe, ni Ngbandi, un Serviteur sachant aimer sans limites, jusqu’à aimer et prier pour ses ennemis, jusqu’à les pardonner.
ITE MISSA EST, la messe étant dite, tout s’est clôturé par divers cadeaux faits aux heureux nominés ordonnés, la fête s’étant poursuivie jusque dans la soirée en divers lieux particulièrement auprès des familles.
Place donc au travail pastoral à la base tant « la moisson est abondante, mais très peu d’ouvriers ».
Un commentaire
cinq décès dont quatre prêtres et une brave religieuses tous en une année 2022 dans le diocèse de Budjala, Gilbert Tembo tu es la première personne qu’on pose la question .