Qu’on se rappelle que du 29 décembre 2000 au 10 janvier 2001, Mgr Mbuka Cyprien, Evêque auxiliaire de Boma, a séjourné à la Demiap, accusé faussement pour de menées et attitudes subversives. Grâce à Dieu, la vérité, comme toujours, a triomphé.
Beaucoup ignorent que peu de jours avant la mise aux arrêts du Prélat, la communauté diocésaine de Boma, en pleine ambiance de l’Avent, temps de l’espérance, a vécu une période de violentes turbulences provoquées et entretenues par un certain abbé du diocèse de Boma, du nom de Félix Mabiala ma Kubola.
En effet, en espace d’une semaine, ce dernier a mis devant le public des plaquettes d’une rare agressivité avec la bénédiction, semble-t-il, de l’Evêque titulaire, Mgr Joachim Mbadu Kikhela Kupika.
Les plaquettes sont consacrées à Mgr Mbuka, ses trois années d’évêque auxiliaire de Boma.
L’auteur n’est pas tendre vis-à-vis de ce serviteur de Dieu. Au contraire. A toutes les lignes de ses textes, se lisent des paroles et expressions incendiaires, insolentes et outrancières. Nous avons lu pour vous, chers lecteurs, ces deux plaquettes que nous vous présentons de façon critique, lucide et honnête.
Félix Mabiala ma Kubola (abbé)
1. Les facultés spéciales d’un auxiliaire, la « psychose du dernier mot » et le principe sacré de l’unité de gouvernement et d’administration d’une Eglise particulière. Réflexions sur les trois ans d’épiscopat de S.E. Mgr Cyprien Mbuka, cicm, Evêque auxiliaire de Boma. Collection « Tata, ngola mbe diata », Editions Ecce Homo 2000,39 pages.
2. La pêche dans l’eau à troubler. Collection « Tata, ngola mbe diata », Editions Ecce Homo 2000,23 pages.
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N.B. Les deux ouvrages constituent respectivement les volumes II et III de la Collection « Tata ngola mbe diata » qui, en ce jour, comprend 3 volumes. Ils seront désignés dans le corps de notre analyse respectivement par T II et T III (NDLR).
Lecture critique
Présentation
Auteur.
Né en 1957 à Phalanga-Ndenga dans la paroisse de Nganda-Tsundi (Mayombe) dans le district du Bas-Fleuve au Bas-Congo, l’auteur, un prêtre diocésain de Boma du nom de Félix Mabiala ma Kubola est détenteur d’une thèse de doctorat en théologie, défendue voici deux ans en Allemagne, consacrée, de son aveu, à la problématique de la violence !
Objectif.
L’auteur estime que « le cours actuel des choses nous oblige de nous arrêter un moment pour procéder à une autopsie critique et sans complaisance des causes du désagrément que, toute honte bue, on fait subir à notre cher diocèse de Boma » (T II, p.2-3).
Il entend donc « dénoncer le jeu qui consiste à troubler l’eau afin de pêcher »(T III, p.5).
Il s’agit de « livrer à notre communauté diocésaine, en tant qu’Eglise-Famille, des explications nécessaires et indispensables sur les lois, les règles et les normes qui régissent l’Episcopat de l’Eglise catholique en général et sur les facultés spéciales d’évêque auxiliaire en particulier »
(T II, p.4).
Et finalement, l’auteur pense fournir des éléments qui serviront à
« redorer le blason de l’Episcopat et du clergé du bijou qu’était le diocèse de Boma, pour sauver et sauvegarder l’honneur, la dignité et la crédibilité de l’Eglise et pour préserver l’unité de gouvernement et de l’administration de notre diocèse de Boma ainsi que sa communion avec Rome »(T II,p.38).
Démarche.
La méthodologie de l’abbé Félix procède en trois temps :
Primo, rappeler brièvement quelques faits anodins « mais d’une importance historique » qui ont plongé et plongent le diocèse dans une crise profonde ;
Secundo, résumer la constitution apostolique du Pape Jean-Paul II qui accompagne la promulgation du nouveau Code de Droit Canon;
Tertio, jongler avec les textes du Concile Vatican II et ceux du Droit Canon.
Contenu.
Constat.
Le diocèse de Boma, remarque l’abbé Félix, est sombré dans une crise et un cataclysme sans précédents. La crise se manifeste principalement par le fait que, même muni des facultés spéciales, Mgr Mbuka
« aura lamentablement échoué en ce qu’il n’aura pas réussi à réconcilier les abbés de Boma et en ce qu’il n’a pas réussi non plus, malgré les entrées qu’il a dans CICM et dans les organismes d’aide et de financement, à améliorer l’économie diocésaine et les conditions de vie et de travail des ouvriers apostoliques »(T II,p.12).
On constate, affirme l’abbé Félix, que « des dommages et des préjudices sont actuellement causés au principe sacré de l’unité de gouvernement diocésain, à l’honneur, à la dignité de l’église universelle et à la crédibilité de notre chère église particulière, ainsi qu’à ceux de l’évêque diocésain et de son clergé »(T II,p.3).
La crise, aux dires de l’auteur, prend aussi la forme d’une compromission dangereuse de « l’œuvre d’évangélisation en profondeur initiée par S.E. Mgr Joachim Mbadu parce que l’évêque aux facultés spéciales est en train d’enfoncer le clergé diocésain dans une psychose paralysante de division, de sabotage du travail pastoral, de médiocrité et de vilenie »(T II,p.38).
Causes.
Les causes de la crise actuelle du diocèse sont, selon l’auteur, principalement trois : le colonialisme missionnaire, les missionnaires de Scheut et la mauvaise interprétation des facultés spéciales concédées à l’évêque auxiliaire.
Ce sont là les divergences d’intérêts, les combines, les complots et tant d’autres mesquineries et vilenies de l’époque coloniale et de l’ère missionnaire qui perdurent et s’aggravent davantage dans notre cher diocèse (Cfr T II, p.6).
« S.E. Mgr Mbadu, écrit Monsieur le Dr abbé Félix est depuis son accession au siège épiscopal de Boma, l’objet d’accusations calomnieuses, de critiques destructrices-on ne peut plus- acerbes, de combines et de complots divers, de diffamations et injures publiques, de pamphlets et de maintes atteintes à son intégrité physique, morale et spirituelle, à la dignité de sa personne et de son épiscopat…dans le but de replacer un missionnaire cicm ou leur dauphin diocésain au siège épiscopal de Boma. L’antipathie et l’insubordination des missionnaires cicm envers l’évêque diocésain, S.E. Mgr Mbadu, ainsi que les actes de sabotage orchestrés par nos missionnaires cicm et leurs dauphins dans le clergé diocésain n’étaient plus un secret pour personne»
(T II, p.8).
L’œuvre de corrosion et de sape dans le chef du clergé de Boma à l’endroit de l’évêque diocésain, affirme encore l’abbé Kubola, est continuellement perpétrée par des missionnaires cicm avec leur argent (Cfr T II, p.9).
L’abbé Félix reconnaît que de par la Bulle de nomination du 21 avril 1997, Mgr Mbuka, évêque auxiliaire reçoit du Saint Père des facultés spéciales en matière économique et pour toutes les affaires qui concernent le clergé diocésain.
Pour notre prêtre, néanmoins, « loin d’être une grâce qui nous porterait bonheur, les facultés spéciales de notre évêque auxiliaire semblent devenir une source de conflits perpétuels, une cause de scandale, de désordre et d’anarchie dans notre cher diocèse de Boma. Elles portent surtout un préjugé et un dommage on ne peut plus scandaleux au principe sacré de l’unité de gouvernement et d’administration de notre cher diocèse » (T II, p.3).
Muni de facultés spéciales, Mgr Cyprien Mbuka, selon l’abbé Félix, met l’évêque diocésain dans une position « désobligeante et honteuse ».Et de lancer net : les facultés spéciales telles qu’elles s’exercent vont entrainer le diocèse de Boma vers une catastrophe ou vers un cataclysme certain, « aux conséquences insoupçonnables »(T II,p.20).
Propositions.
Selon l’abbé Félix, la crise actuelle est volontairement provoquée comme un environnement créé pour un objectif plus profond et raffiné, dont l’auteur relève deux dimensions principales.
« La première concerne les actes de sabotage savamment orchestrés par notre auxiliaire et ses protégés pour extorquer de notre évêque diocésain la renonciation à son office »(T II, p.12) « ou de précipiter son limogeage du siège épiscopal de Boma, afin de l’investir sous peu (frapper le berger et disperser le troupeau (Mt 26,31) »
(T III, p.4-5).
La seconde est « de maintenir le clergé diocésain et la famille chrétienne diocésaine tout entière sous le joug du néocolonialisme et de l’impérialisme scheutiste » (T III, p.5).
Survolant des textes conciliaires et canoniques, l’abbé Félix démontre que la gestion courante des affaires du diocèse ne peut être entravée par des dispositions particulières dont procèdent les facultés spéciales, celles-ci devant aider à sauvegarder le principe sacré de l’unité de gouvernement et d’administration.
Ainsi, quoi qu’il en coûte, souligne l’abbé Félix Mabiala ma Kubola, il faut que Mgr Mbadu prenne toutes ses responsabilités, car c’est à lui que le Saint Père a confié le diocèse de Boma et non à Mgr Mbuka (sic).
D’où sa conclusion sous forme de propositions concrètes qu’il adresse au législateur suprême pour que :
- Cessent les actes de sape des missionnaires de Scheut et de leurs adhérents ;
- La succession revienne le temps venu à un prêtre incardiné à Boma, saint et digne de succéder à l’évêque Mbadu ;
- Les facultés spéciales n’enfoncent plus le clergé diocésain dans une psychose paralysante de division, de sabotage du travail pastoral, de médiocrité et de vilenie ;
- Rome cherche pour S.E. Mgr Mbuka un diocèse autre que celui de Boma car « Nous le déclarons solennellement persona non grata à Boma » (TII, p.38) ;
- Un terme soit mis à l’expérience non concluante de l’auxiliaire aux facultés spéciales ;
- Mgr Cyprien soit taxé de crime d’hérésie, de blasphème, de sacrilège ;
- Le diocèse de Boma soit libéré bientôt de toutes ces abominations d’un évêque auxiliaire aveuglé par la soif effrénée de pouvoir.
Que dire?
Quatre aberrations grossières
Les deux plaquettes de notre Dr Félix exhibent quatre aberrations grossières fondamentales :
-style indigne d’un prêtre et d’un docteur ;
-une attitude moqueuse à l’égard du Saint-Siège ;
-une lecture matérialiste et partisane de l’histoire ;
-une insolence crasse vis-à-vis de l’évêque auxiliaire et de la famille diocésaine de Boma.
Style indigne d’un prêtre et docteur.
L’auteur est un prêtre ordonné en 1982 par Mgr Mbadu. Cependant le style qu’on y découvre n’est pas digne d’un prêtre, d’un homme ayant suivi un cursus régulier et soumis à une déontologie. Car ses deux plaquettes sont truffées d’injures « véritablement » copieuses, d’allégations indignes de son rang qui donnent à penser qu’on est en face d’un vulgaire monsieur tout le monde. Alors qu’il s’agit bien d’un prêtre qui livre ici quelques-unes de ses réflexions autour du bilan d’un évêque auxiliaire qui, aux termes du droit ecclésial, participe de la gestion au sommet du troupeau du Seigneur avec l’évêque diocésain.
Sous d’autres cieux, il aurait écopé d’une sanction exemplaire vu la gravité et la grossièreté en termes d’outrages et d’imputations dommageables du prêtre à l’endroit de son évêque auxiliaire. N’est-ce pas outrepasser les limites du raisonnable que de taxer l’auxiliaire de crime d’hérésie, de blasphème et de sacrilège allant jusqu’à le déclarer
« Persona non grata » au diocèse de Boma dans un document vendu sur la place publique ?
L’intellectuel prêtre doit avoir une manière de se comporter lorsqu’il s’agit d’appréhender et de circonscrire des problèmes : une manière d’être et de faire qui doit le distinguer du « vulgus », du « mvavala », du « kibola » pour employer des termes bien de chez nous.
C’est une question sans doute d’éthique et de bon sens. D’éducation aussi.
Et c’est là l’autre interrogation que suscite la lecture froide et critique de ces deux plaquettes, à savoir que cette manière vulgaire et légère de traiter des questions sémantiques, dogmatiques, canoniques et ecclésiologiques par un Docteur en théologie laisse pantois.
La manière basse, terre-à-terre et brouillonne avec laquelle il a écrit ses plaquettes ne font honneur ni à son rang de docteur, encore moins à son niveau supposé naturellement élevé assumant les fonctions de Secrétaire général administratif à l’Université Président Joseph Kasa-Vubu de Boma.
Et c’est franchement dommage. Car est-il besoin de rappeler au Docteur en Théologie que la vérité est une vertu chrétienne ? Trêve de Docteurs car il y sans doute Docteurs et Docteurs.
Attitude moqueuse à l’égard du Saint-Siège.
A la vérité et notre lecture, tant des documents cités que de l’argumentation de l’auteur, nous conforte que même dans le chef de Mgr Cyprien, il n’a jamais été dans ses visées de violer ces dispositions constitutionnelles (Lumen Gentium, la Constitution Dogmatique de l’Eglise) et réglementaires (Code de Droit Canon, Bulles et autres documents…) qui reconnaissent à l’évêque diocésain dans le contexte de Boma de gouverner le diocèse.
En revanche, il apparaît de façon claire et nette dans la réponse du cardinal Jozef Tomko, Préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des Peuples, que le dernier mot et le recours ultime reviennent, en fait et en droit, dans les domaines relatifs au clergé et à l’économie, à l’évêque auxiliaire, étant donné que les facultés spéciales dans les deux secteurs spécifiés sont clairement indiquées dans la Bulle pontificale de nomination.
Qui, mieux que le cardinal Tomko est donc habilité dans ce débat ? Alors que le cardinal Tomko affirme clairement qu’étant donné que les facultés spéciales ont été accordées par le Saint-Père et clairement indiquées dans la Bulle pontificale de nomination, l’évêque auxiliaire a le droit d’exercer ces facultés spéciales dans les deux secteurs spécifiés comme s’il était un administrateur apostolique « sede plena » (Cfr T III, p.12).
Il est franchement étonnant que l’abbé Dr Félix déclare sans ambages qu’ « il n’y a aucune raison de dire ou de penser que Mgr Mbuka ait le droit d’exercer ses facultés spéciales comme s’il était administrateur apostolique, parce que cela n’est pas dit dans la Bulle pontificale de nomination du 21 avril 1997 »(T III, p.16).
Nous aurions aimé, au nom de l’ « objectivité intellectuelle et scientifique», que l’abbé Félix avertisse ses lecteurs qu’il avance ici une interprétation purement personnelle, voire même contraire à celle du Saint-Siège afin d’éclairer davantage la religion des lecteurs intéressés à la question, et éviter ainsi que son approche pèche par une manipulation gratuite et ridicule.
La nomination de Mgr Cyprien Mbuka est intervenue, selon l’auteur une année après la crise violente qui a opposé Mgr Mbadu aux 26 abbés
« Pétitionnaires ».Crise à la faveur de laquelle le Saint-Père a eu à désigner Son Eminence le cardinal Tumi du Cameroun pour une sérieuse enquête au diocèse de Boma.
La désignation de l’auxiliaire muni de facultés spéciales est intervenue sans nul doute après les conclusions du cardinal Tumi auprès du Saint-Siège.
Si donc la nomination d’un auxiliaire muni de facultés spéciales est intervenue après l’enquête que l’archevêque du Cameroun, le cardinal Tumi a menée au diocèse de Boma, c’est que cette nomination est intervenue dans des circonstances graves. Et l’on peut supposer que c’est le rapport après enquête du cardinal Tumi qui a fait apparaitre ces circonstances graves.
Pour quelles raisons le pape confie-t-il ces deux secteurs à l’auxiliaire? Ne serait-ce pas parce que c’est dans ces deux domaines que s’est révélée une grave déficience dans la gestion de l’évêque diocésain ?
Et si d’aucuns, comme l’affirme notre confrère Nzuzi Muanda de
« La Cité », ont pris l’évêque diocésain « pour fini », c’est parce que la nomination d’un auxiliaire aux facultés spéciales avait bel et bien un caractère pénalisant, de condamnation sévère, bref, d’une sanction.
Voilà qui fait peur à l’auteur Félix Mabiala ma Kubola et sa majorité silencieuse, et c’est ce qu’il refuse ridiculement d’admettre.
Lecture matérialiste et partisane de l’histoire.
L’auteur cite la lettre confidentielle EVB/EA/195/2000 DO.Clergé de Mgr Cyprien dans laquelle il dit le 8 novembre 2000 qu’ « en somme, je suis prêt à ce que mes trois années d’engagement épiscopal à Boma soient soumises à une évaluation critique, lucide et vraie ».
A lire les deux plaquettes, l’on est en droit d’affirmer que ses réflexions sur les trois ans d’épiscopat sont tout, sauf une évaluation critique, lucide et vraie.
Nulle part dans les deux plaquettes, l’auteur qui veut faire le bilan de trois ans d’épiscopat de Mgr Mbuka n’évoque préalablement le contenu du programme d’action que Mgr Mbuka se serait fixé au départ afin de mieux le tailler en pièces.
Que non. L’homme sort ses allégations de nulle part et soutient que ce missionnaire cicm aura lamentablement échoué en ce qu’il n’aura pas réussi à réconcilier les abbés de Boma et en ce qu’il n’a pas réussi non plus à améliorer l’économie diocésaine et les conditions de vie et de travail des ouvriers apostoliques. L’abbé Félix est-il conscient de la situation dont Mgr Mbuka a hérité ?
Pour mieux nous faire comprendre l’échec de Mgr Mbuka, il serait plus juste que l’on nous dise de quelle situation il est parti, où il se trouve aujourd’hui et vers où il se dirige.
Curieuse et surprenante manière de faire le bilan de quelqu’un, chose que l’on devrait être capable de maîtriser en cycle doctoral, du moins dans les institutions qui se respectent.
Ce qui intéresse l’abbé Félix, c’est l’avoir (argent) et le pouvoir. Rien sur l’être, sur le savoir-être, le savoir-faire et le faire-savoir du prêtre.
Nulle part, il y a trace sur des questions de spiritualité alors que la bonne moralité et la vie digne du prêtre sont là les points focaux sur lesquels le clergé diocésain de Boma a toujours été critiqué.
Plutôt que de ne s’arrêter qu’aux signaux d’alarme, encore faut-il qu’ils en soient effectivement, l’auteur aurait pu aussi évoquer des signaux d’espoirs.
Car c’est du pur égocentrisme que de ne pas reconnaitre les efforts menés jusqu’ici par Mgr Mbuka pour le réarmement moral et spirituel et pour une amélioration progressive des conditions des ouvriers apostoliques.
Notamment la relance des retraites annuelles pour le clergé et les séminaristes, les journées sacerdotales annuelles, les sessions pour prêtres et séminaristes, l’attention soutenue à la formation spirituelle et humaine des séminaristes ;
ainsi que diverses approches d’animation pour les laïcs, surtout dans le domaine de justice, paix et développement ;
les efforts consentis pour redynamiser certaines formations médicales, les impulsions normatives pour les projets de développement, les efforts pour doter les paroisses et autres doyennés des comités de gestion, l’octroi équitable des intentions de messe…La liste n’est pas exhaustive.
Dans un contexte de crise spirituel et moral tel que celui dans lequel Mgr Mbuka s’est retrouvé il y a trois ans, le défi majeur primordial n’était-il pas la promotion des valeurs spirituelles et morales, la conversion en profondeur ?
A en croire ceux qui vivent dans le diocèse, l’action actuelle met en évidence la promotion de l’honnêteté, la transparence, la vérité, le rendre-compte, la concertation et la justice.
Même nous fidèles laïcs comprenons que tel est le programme à privilégier en premier lieu. Ce n’est sans doute pas encore le grand miel mais l’auteur aurait été plus honnête en relevant qu’il y a des signaux au diocèse de Boma au cours de ces trois dernières années qui donnent à espérer.
L’auteur révèle que Mgr Mbadu Joachim qui a été le secrétaire-chancelier de ses deux prédecesseurs, Mgr André-Jacques, cicm et Mgr Ndudi Nianga Raymond a eu, lui aussi à bénéficier des facultés spéciales en tant que évêque coadjuteur.
Mais l’histoire renseigne qu’aussitôt nommé en 1975, il s’empressa de faire monter à la place haute de la résidence officielle épiscopale, toutes les hautes autorités religieuses qui avaient pris part à son intronisation avec pour seul point à l’ordre du jour : obtenir la démission illico presto de l’évêque diocésain, Mgr Raymond Ndudi Nianga.
Au point qu’il aura suffi seulement de 48 heures à l’évêque coadjuteur aux facultés spéciales, Mgr Joachim Mbadu pour contraindre l’évêque diocésain à la démission.
Car quarante-huit heures après son intronisation, Mgr Ndudi faisait circuler à travers tout le diocèse, la décision– « poussée par les événements ou par un homme ? » qu’il venait de prendre, de laisser tous les pouvoirs à son successeur qui estimait qu’il ne pouvait pas travailler, muni seulement des facultés spéciales! Oublier cela dénote d’une attitude partisane.
Au demeurant, les insinuations malveillantes de néocolonialisme qu’on impute aux CICM sont des allégations sans fondement car il y a belle lurette que les missionnaires de Scheut ont tourné la page et mis un terme à leur présence au diocèse de Boma. De tels propos relèvent d’un complexe d’infériorité quasi maladif.
Insolence crasse vis-à-vis de l’évêque auxiliaire et de la famille diocésaine de Boma.
Le prêtre Félix Mabiala ma Kubola se permet de proférer des paroles injurieuses à l’endroit de son évêque auxiliaire. Il écrit sans hésitation ceci : « Ce jeu enfantin et ce manque criant de bon sens dans le chef de notre évêque auxiliaire… »(T II, p.16).
Il dira également : « …en trois ans, S.E. Mgr C. Mbuka a donné l’occasion aux observateurs avisés, prêtres et laïcs, de découvrir en lui un prélat imbu de lui-même, têtu, aux idées fixes, qui confond ses bavardages-monologues avec du dialogue… »(T II, p.38).
Il ira même jusqu’à accuser l’évêque auxiliaire de crime d’hérésie, de blasphème et de sacrilège (TII, p.39).
Il défie l’évêque auxiliaire avec un langage sournois : « …Si vous doutez de la mauvaise foi de notre auxiliaire, veuillez attendre voir comment il va réagir à nos explications(…).N’empêche que nous attendons de tous nos vœux que quiconque se sent morveux use de son droit de réponse». (T II, p.39).
Il s’autorise à réclamer de graves décisions à l’autorité compétente à l’insu, voire même en opposition avec la communauté chrétienne.
Ainsi l’abbé Félix écrit sans crainte : « nous trouvons nécessaire, indispensable, urgent et salutaire que Sa Sainteté cherche pour S.E. Mgr Mbuka un diocèse autre que celui de Boma. Nous le déclarons solennellement « persona non grata » à Boma» (T II, p.38).
De telles affirmations, qui concernent des décisions sur toute une communauté chrétienne, ne devraient pas être tenues par une seule personne, fut-elle prêtre et docteur en théologie.
Nous voici ramenés au cléricalisme bas et plat d’avant Vatican II.
Le « nous » dont il s’agit se réfère-t-il à Sa Majesté le Roi Dr Félix ou à sa fameuse majorité silencieuse ?
Où est cette fameuse majorité quand on sait que tous les chrétiens de Boma, toutes confessions confondues, se mobilisent pour défendre leur évêque auxiliaire ?
La bassesse d’un tel langage ne relève ni de la tradition africaine, respectueuse de l’autorité, ni de la vertu chrétienne, promotrice de l’humilité et de l’amour. La majorité silencieuse est sombrée dans le maquis, traquée par la vérité qui, seule, libère.
Conclusion : halte…aux mensonges !
Le réductionnisme de l’abbé Dr Félix, qui va jusqu’à affirmer que rien n’a été fait par l’auxiliaire les trois dernières années et que ce dernier n’est bon qu’à être déclaré solennellement « persona non grata » à Boma, enlève à son évaluation tout le sérieux qu’on était en droit d’en attendre.
A vouloir tenter une approche à travers des lunettes myopes, on aboutit aux résultats tout aussi myopes. Et l’optimisme béat ainsi que la manière rose et belle avec laquelle il caresse la personne et les actions de l’évêque diocésain dessert ce dernier selon le principe que c’est trop beau pour être vrai. Tout ceci, malheureusement jette un véritable discrédit sur la valeur d’une telle évaluation.
En un mot, notre vœu, le seul, est de voir le Saint-Siège, cette fois-ci ou jamais, trancher net, pour éviter que prévalent intrigues et légèreté, que dis-je, le laisser-aller au diocèse de Boma.
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(NDLR: Le 13 Mars 2001, Mgr Cyprien Mbuka est nommé Évêque Titulaire du diocèse de Boma).
Eugène Ngimbi Mabedo
(Tiré de L’INTERMEDIAIRE, N° 37 du 1er au 8 mars 2001, pp 1-2-3).