UN CHANT D’HONNEUR À PHILIPPE MASEGABIO NZANZU
Voilà l’irréparable! Il sévit de nouveau à la Mongala, avec fracas et tracas!
L’un de nos plus brillants esprits, Philippe MASEGABIO, vient de succomber, haché par la morsure de la mort.
Vivant, il l’a été jusqu’au bout, plein de projets et réalisations.
L’une de ses plus nobles réalisations est, sans nul doute, son titre de docteur en lettres et son habilitation comme professeur d’université.
Philippe y est arrivé tard, à 70 ans passés, esprit fertile et créatif, assagi par le long labeur d’un écrivain précoce, engagé consciemment à décrire poétiquement le monde et à conceptualiser les situations humaines les plus diverses et variées afin d’en épeler le sens dans une configuration stabilisée de nos vies où la beauté du vécu et la gaieté de l’existence s’entrelacent continûment.
Nombreux souvenirs heureux s’éveillent à l’évocation du nom de Philippe.
J’en indiquerai brièvement trois.
Le premier se situe dans sa résidence de Binza Pigeon, voici une vingtaine d’années déjà.
Pointant le sol de sa maison, il en décrivait avec fulgurance et jouissance la beauté et la qualité de l’ouvrage, deux réalités qui lui faisaient tant désirer et aimer les Belles Lettres et les Beaux arts que les Belles créatures animées.
Le deuxième souvenir, datant de 2015-2016, est tapi dans mon ancien bureau d’autorité académique à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Pédagogique Nationale.
Philippe venait d’être reçu docteur d’université et était en quête d’une nomination comme professeur associé. Il y arrivait déjà auréolé par son prestigieux parcours d’écrivain confirmé par les Critiques.
Du coin de ses lèvres, j’ai néanmoins perçu que le poste dorénavant brigué représentait le couronnement d’une longue vie dédiée à l’écriture, à l’enseignement et à la recherche. En même temps, comme son cadet de plus de vingt ans, j’eus la grâce, avec un brin de fierté non feinte, d’en être le porte-voix au sein de la réunion du bureau facultaire.
Oui, devenu plus tard professeur attitré, Philippe ne dissimulait pas sa joie de compter, parmi ses désormais collègues, les jeunes de sa province d’origine à laquelle il était viscéralement attaché.
Lors des réunions facultaires et assemblées générales des professeurs, lorsqu’il renchérissait mes propos, il aimait préciser « comme l’a dit le Professeur MOLEKA, mon jeune frère… ».
Par cette tournure langagière qui m’enchantait, Philippe me rattachait inexorablement et publiquement à lui, signe que l’ouverture à l’autre s’opère aussi et singulièrement dans la revendication de ce qu’on est primitivement. J’étais donc de sa communauté, issu de mêmes entrailles que lui.
Avec le départ de Philippe, une partie de nous-mêmes s’en est aussi allée.
Dans nos cœurs, des souvenirs communs sont toutefois ensevelis, conservés.
Repose en paix de tes œuvres, Cher Professeur Docteur Philippe MASEGABIO NZANZU.
Professeur MOLEKA LIAMBI Jean de Dieu, Sénateur.