Il n’y a rien pour rien, dit-on. Les tribunes et autres diatribes de nos honorables députés sont rarement faites dans la neutralité, teintées qu’elles sont généralement de partisannerie et de subjectivisme, motivées par des intérêts souvent diffus que l’on brandit sous le prétexte fallacieux de la recherche du bien commun. Pour vrai, le « Peuple d’abord » tant vanté n’est jamais à l’ordre du jour. Et le plaidoyer de l’élu de Goma qui milite pour Congo Airways en défaveur de Air Congo n’y fait point exception, loin s’en faut !
Car lorsqu’il prend la défense des actionnaires signataires à l’origine du capital de Congo Airways – le Gouvernement, la CNSS l’ex INSS, la SCTP ex ONATRA, le FPI, la RVA, l’OGEFREM, la GECAMINES, et les Employés de Congo Airways, il est important d’avoir à l’esprit que cette entreprise est créée le 15 août 2014, c’est-à-dire au moment où Modeste Bahati Lukwebo trône comme Ministre de l’Emploi, du Travail et de la Prévoyance Sociale (6 avril 2012-7 décembre 2014). Il ne s’agit donc pas d’une simple coïncidence !
Voilà qui laisse échapper l’odeur pestilentielle suffocante des laves que distillent des tireurs des ficelles embusqués, sacrés prédateurs attitrés qui se croient « nés » et prédestinés à l’exercice exclusif du droit de jouissance du fruit et de l’usufruit de la richesse nationale.
Sans la moindre commisération pour des compatriotes qui broient du noir, cet élu enfourche la trompette de la fanfaronnade au service de son autorité morale que plus rien n’arrête et qui se croit tout permis, vouant aux gémonies le sort d’anciens d’Air Zaïre mus en new lacustres de « LAC » qui s’abîment au fond des eaux avec plus de 200 mois des salaires non payés, son enviable patrimoine immobilier bradé à tour de bras par des vautours de tous bords sans état d’âme, lorsqu’il n’est pas l’objet d’un tirage au sort vil ou d’une vente aux enchères.
Des Lignes Aériennes Congolaises à faire disparaitre définitivement des lignes du radar. La messe étant dite, le député, faute d’y trouver son compte, ou celui de son mentor signe le certificat de décès de ce joyau qui pourtant a fait la pluie et le beau temps de la RDC.
Patrick Munyomo Basilwango estime Air Congo et Congo Airways impossibles de cohabitation, tels deux caïmans qui ne peuvent survivre dans le même marigot, le crash à l’origine de la déconfiture d’Air Congo 1ère formule, croit-il ayant été précipité par Scribe Zaïre Air Lift, Shabair transmuée en Hewa Bora Airways… et tutti quanti. Une vue « aux œillères » qui tente de nier les principes de la concurrence et de la mutualisation chers au secteur de l’aviation au plan international.
Car pour lui, c’est lorsque CAA a été clouée au sol en 2018 que Congo Airways a vu son chiffre d’affaires caracoler avec 80 millions USD des bénéfices.
Dans ce raccourci, il faut bien tuer Air Congo jadis la poule aux œufs d’or, morte de sa belle mort et en « faillite judiciaire » ainsi déclarée par lui pour que de ces cendres renaisse Congo Airways.
Sinon, menace-t-il, c’est 1000 agents au chômage, sans qu’il ne dise depuis combien d’années, cet autre personnel en chômage voici des lustres dont il ne comptabilise point les arriérés des salaires reste clochardisé.
Le seul pronostic qui vaille pour l’élu de Goma qui lit la situation d’Air Congo sous le prisme déformant des intérêts bien compris de son mentor, c’est un diagnostic sans feinte des difficultés que traverse Congo Airways qui aussitôt créée, aura figuré-selon Wikipédia-sur la liste des transporteurs aériens interdits dans l’Union européenne avec sa flotte brinquebalante.
Point besoin pour cela d’un leasing avec Ethiopian Airlines pour « garder saufs et intacts », c’est-à-dire sauvegarder les intérêts de Congo Airways. Et le Congo sera sauvé. Et tout va bien Madame la Marquise, comme dans le meilleur des mondes.
Mais « in cauda venenum »…
Le Président de la Sous-commission Transports et Développement Rural à l’Assemblée Nationale qu’est le député de la circonscription électorale de Goma pense qu’aucune reforme, ni aucune quelconque « re-création » d’une nouvelle compagnie aérienne ne saurait être amorcée sans le contreseing de l’Assemblée Nationale et d’autres institutions…suivez mon regard, en dépit d’une décision prise en Conseil des Ministres.
C’est à la lisière du chantage. Après un amalgame qui dissimule mal la volonté de ceux qui prêtent leurs voix aux mammouths tapis dans l’ombre craignant que le gâteau leur soit ôté de la bouche, tout flatteur survivant en effet aux dépens de ceux qui l’écoutent, le collectif pour la défense des Droits des Agents et Cadres de LAC ne s’est pas fait prier, le piège lui tendu sentant le coup fourré à mille lieux.
C’est tout le sens de leur Mémo sans complaisance visant à recadrer les propos dérapants d’un honorable député qui, on l’espère, retiendra la leçon, plutôt que de s’emmêler les pinceaux.
Eugène Ngimbi Mabedo
MISE AU POINT SUR LA CREATION DE LA COMPAGNIE « AIR CONGO »
- Inopportunité de la démarche du Député national Patrick MUNYOMO
La dangerosité de la démarche de cet élu du peuple saute aux yeux en ce que :
- Elle énerve la constitution de la RDC en matière de séparation des pouvoirs entre les institutions de la République ;
- Elle place la République Démocratique du Congo dans l’insécurité juridique sur le plan du climat des affaires ;
- Elle nuit à la vision du Chef de l’Etat dans sa recherche d’investisseurs potentiels et crédibles pouvant booster l’économie nationale ;
- Elle discrédite aussi le Gouvernement de la République qui s’est longuement penché sur la mise en route d’un nouveau véhicule dans le secteur du transport aérien. Sa décision de la création d’AIR CONGO SA a été prise en Conseil des Ministres présidé par le Chef de l’Etat, auquel ont pris part notamment la Ministre d’Etat, Ministre du Portefeuille et son collègue des Transports, Voies de Communication et de Désenclavement.
- 2. Omission délibérée du Chef de l’Etat dans la correspondance adressée au Premier Ministre sur le même sujet
Le Député national Patrick MUNYOMO a écrit au Chef de l’Etat pour contester la création d’AIR CONGO SA (cfr lettre n° CAB/076/HPMB/DN/05/2022 du 06 mai 2022).
Plutôt que d’attendre la suite réservée à sa correspondance par le Président de la République, l’intéressé a préféré saisir le Premier Ministre sur le même dossier en date du 18 mai 2022, oubliant que le Chef du Gouvernement était ampliataire de la lettre susvisée adressée au Magistrat suprême de la République. Que cache ce raccordement frauduleux ?
- 3. Faillite déclarée de Lignes Aériennes Congolaises depuis une bonne dizaine d’années.
La compagnie aérienne nationale Lignes Aériennes Congolaises n’a jamais été déclarée en faillite judiciaire. En violation flagrante des droits sur les faillites, un Tribunal de commerce de Bruxelles s’était permis de déclarer l’Agence Air ZAIRE de Bruxelles en faillite en 1994.
- 3.1. En interne, pour redynamiser la Compagnie, le Comité de Gestion de l’époque a conclu des accords avec la firme chinoise AVIC Intl d’un import de 157 millions USD (dollars américains cent cinquante-sept millions) remboursable en 25 ans à un taux concessionnel.
Ce fonds couvrait :
- l’acquisition de la flotte (2 Y-12, 6 MA-60), des équipements et autres matériels d’assistance au sol ;
- la formation du personnel navigant, technique au sol et d’exploitation. Au moins une centaine de jeunes Congolais devrait bénéficier de cette formation de pointe. Cet accord LAC-AVIC Intl intégrait également la construction d’un centre de maintenance et de formation de référence en RDC pour l’Afrique centrale.
Cet accord a été battu en brèche par le Gouvernement de l’époque qui avait d’autres agendas.
- 3.2. Ce Comité de Gestion s’est par la suite engagé dans le programme de relance de la Compagnie par des ressources propres. C’est dans ce cadre que s’articulent l’acquisition d’un Boeing 737-200 sur fonds propres, l’assainissement socioéconomique de l’Entreprise par la signature d’un Protocole d’accord sur les négociations sociales comportant plusieurs volets dont :
- L’assainissement du passif social ;
- La relance de Lignes Aériennes Congolaises avec les ressources propres résultant de la vente du patrimoine non lié à l’exploitation ;
- L’acquisition de la flotte, des équipements et matériels, etc.
Le même Gouvernement s’est opposé à la mise en œuvre de cet ambitieux projet de relance de LAC.
Contrairement aux allégations du Député national Patrick MUNYOMO, la dissolution illégale de LAC n’était nullement liée à une quelconque faillite. LAC était très avancée dans le processus de transformation des Entreprises du Portefeuille de l’Etat en sociétés commerciales sanctionnée par le Décret du Premier Ministre n° 09/12 du 24 avril 2009.
Tous les efforts visant le redéploiement des ailes du Léopard volant originel ont été étouffés dans l’œuf. Les exemples sont légion quant à ce.
- 4. Concurrence de SCIBE AIRLIFT, SHABAIR, HEWA BORA AIRWAYS, etc.
Prétendre que la chute d’AIR ZAIRE a été précipitée par la montée en puissance des opérateurs aériens privés équivaut à tordre le cou à la vérité sur le terrain. AIR ZAIRE a toujours évolué dans un environnement de forte concurrence tant sur le plan national qu’international. Avec la libéralisation du transport aérien sur le plan domestique en 1978, des compagnies aériennes privées ont vu le jour, mais ne sont jamais parvenues à la hauteur de l’instrument désigné de la RDC pour diverses raisons notamment :
- la faiblesse des financements,
- l’exploitation aérienne par des opérateurs non professionnels,
- la concentration sur des lignes porteuses déjà rodées par AIR ZAIRE, etc.
Soit dit en passant, la Force Aérienne Congolaise ainsi que certaines compagnies privées ont bénéficié sans contrepartie des avions de la flotte de la compagnie aérienne nationale. Il en est de même du Gouvernement qui doit énormément à la compagnie nationale pour des prestations diverses non-rémunérées aussi bien en temps de paix que de guerre ainsi que l’aliénation du matériel volant dans le cadre du programme d’ajustement structurel avec les institutions financières internationales.
Au niveau de l’exploitation, AIR ZAIRE qui faisait partie de grands groupes techniques internationaux, s’est mesurée à des compagnies majors comme SABENA, SUISSAIR, IBERIA, UTA, ALITALIA, AIR France, BRITISH AIRWAYS, CAMEROON AIRLINES, SOUTH AFRICAN AIRWAYS, etc. La compagnie aérienne nationale de la RDC a toujours été leader sur le marché extérieur. Ce sont plutôt des interventions intempestives et des décisions irrationnelles de la hiérarchie doublées des faiblesses managériales qui ont affaibli l’instrument désigné de la RDC.
- 5. Création de CONGO AIRWAYS
D’emblée, il sied de souligner que LAC ne s’est jamais opposée à la création de CONGO AIRWAYS. Elle a toujours été réconfortée dans cette position au regard de ce qui se passe dans la profession où les compagnies aériennes s’associent pour former de grands groupes. Cette mutualisation des compagnies entraine des avantages significatifs en matière de réduction des coûts de maintenance, lors des négociations des contrats d’achat de carburant, des négociations de la location des avions, etc.
La création de CONGO AIRWAYS visait l’effacement et le remplacement de Lignes Aériennes Congolaises. Celle-ci a pris dans la foulée le logo, le nom en anglais et tous les attributs de Lignes Aériennes Congolaises. C’est pourquoi les autorités de l’époque ont tout fait pour bloquer toutes les initiatives liées à la relance de LAC dont la présence aurait fait ombrage à la nouvelle compagnie.
Les difficultés rencontrées par CONGO AIRWAYS remontent aux conditions de sa création :
- La surfacturation dans l’acquisition des aéronefs d’occasion et autres matériels et équipements; ce qui a conduit à la surévaluation du capital social (USD 90.000.000,-) ;
- L’état technique des aéronefs acquis ne permettait pas d’assurer une exploitation sécurisée, avec une succession des pannes. Certains avions ont été immobilisés pendant trois mois pour des contraintes techniques avant même le début de l’exploitation. Ce qui a eu comme corollaire la perturbation de l’horaire publié et le préjudice énorme subi par la clientèle ;
- Le manque d’infrastructures techniques, commerciales et d’exploitation en propre, générant des coûts élevés en termes de location des bâtiments et locaux ;
- L’accentuation de la sous-traitance à des niveaux élevés suite à la carence de personnel outillé ;
- L’inadéquation entre le personnel de la compagnie et la taille de la flotte ;
- La mauvaise gouvernance managériale à la base de la non-réalisation des objectifs assignés à la compagnie, ni des résultats escomptés, ni un programme d’investissement, etc ;
- L’endettement dans le paiement des factures des prestations des partenaires notamment dans la maintenance et la location des avions.
A la lumière de ce qui précède, il se dégage clairement l’échec de la compagnie CONGO AIRWAYS dans les missions lui confiées, notamment par l’incapacité :
- d’assurer le transport aérien régulier sur le plan domestique, interafricain et intercontinental ;
- de contribuer au désenclavement du Congo profond ;
- d’assurer la réciprocité dans les relations aériennes internationales laissant ainsi le champ libre à la concurrence de ravir tout l’espace aérien de la RDC.
- 6. Création d’AIR CONGO avec le concours d’une compagnie étrangère.
Il n’y a aucune honte ni complexe pour un pays à mutualiser avec une compagnie étrangère pour assurer l’exploitation aérienne. Ce n’est pas non plus une novation dans l’industrie du transport aérien. Pour ne citer que ces deux cas parmi tant d’autres :
- AIR France, tout en arborant le drapeau tricolore de la République française, a comme actionnaires l’Etat français (28,6%), CHINA EASTERN (9,6%), l’Etat néerlandais (9,3%), DELTA AIRLINES (5,8%), Salariés (2,5%), Autocontrôle (0,2%), Flottant (44,5%) ;
- BRUSSELS AIRLINES : LUFTHANSA a acheté 45% de BRUSSELS AIRLINES en 2009 et en septembre 2016, elle a annoncé le rachat total de la compagnie belge. L’achat s’est concrétisé en janvier 2017. Cela n’empêche nullement BRUSSELS AIRLINES d’arborer le drapeau belge sur toute sa flotte comme compagnie nationale aérienne du Royaume de Belgique.
- 7. Création d’AIR CONGO, une opportunité à saisir par la RDC
En Afrique, après les indépendances, la création d’une compagnie aérienne nationale représentait une manifestation de souveraineté. Dans l’évolution de l’économie mondiale, les Etats ont tendance à abandonner le contrôle sur leurs compagnies aériennes en les vendant en totalité ou en partie à des investisseurs privés souvent étrangers. La privatisation n’est pas une nationalisation. Tous les pays visent à protéger la nationalité de leur compagnie aérienne afin de jouir des droits de trafic qui relèvent de leur souveraineté. Par ce sentiment, toute compagnie dans laquelle l’Etat se reconnait est symboliquement porteuse du pavillon national.
Dans le cadre de la coopération sud-sud, la RDC a jeté son dévolu sur ETHIOPIAN AIRLINES pour la création d’un nouveau véhicule, AIR CONGO. La RDC bénéfice de la coopération avec un partenaire aux références solides dans le secteur de l’aviation et une expérience éprouvée et avérée.
ETHIOPIAN AIRLINES occupe la 5e position au monde en pays desservis (81 pays avec 127 destinations). TURKISH AIRLINES occupe la première position avec 121 pays desservis. AIR France 91; QATAR AIRWAYS 87; BRITISH AIRWAYS 82; EMIRATES 78; LUFTHANSA 76, KLM 67.
ETHIOPIAN AIRLINES dont le capital social est détenu à 100% par l’Etat éthiopien exploite une flotte de 117 avions, dispose d’une académie de formation pour tous les métiers aéronautiques, d’une industrie de maintenance, d’une chaîne hôtelière etc…
Il y a lieu de préciser que dans l’industrie du transport aérien international, la majorité des compagnies aériennes louent les avions qu’elles exploitent. 40% des avions qui opèrent les vols n’appartiennent pas à ceux qui les utilisent. Suivant les usages dans la profession, AIR CONGO le cas échéant, pourra recourir à la location des avions dans le strict respect des normes et cela a pour avantage entre autre :
- La flexibilité dans l’exploitation ;
- La location des nouveaux types d’avions à moindre coût ;
- L’élimination du risque de posséder un actif dépassé ;
- La possession des liquidités pour d’autres investissements ;
- La réduction du fardeau de la dette.
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