Bien malin qui dira avec une exactitude mathématique la personne qui remportera le trophée après tant d’atermoiements au Kongo Central, toute prédiction étant tributaire de grands électeurs ici les députés provinciaux qui sont les seuls à décider souverainement et démocratiquement par le dépôt de leurs voix dans l’urne.
Mais en dépit de la pléthore des candidats au portillon du gouvernorat de province du Kongo Central après le règne de Sieur Cyprien Atou Matubuana Nkuluki, nos analyses prédictives et prospectives l’ayant annoncé urbi et orbi pour le départ, il y a lieu de relever deux faits saillants :
Primo, que l’intérimaire Justin Luemba Makoso est ce faiseur des rois incontournable devant l’Eternel qui demeure, faut-il le souligner, un acteur politique de première force avec qui il faudra désormais compter.
Secundo, que face à plus d’une vingtaine, à la limite d’une trentaine des candidats à la candidature, le tout se jouera à une Equation à trois Inconnues avec au peloton de tête, les sénateurs Rolly Lelo Nzazi, Modeste Bahati Lukwebo et Nefertiti Ngudianza Bayokisa Kisula.
1.D’entrée de jeu, l’on ne saurait passer sous silence le spectacle désolant nous offert par ces élus provinciaux qui se sont illustrés il y a peu à la face du monde comme des faire-valoir, des porteurs des mallettes et des marionnettes d’un gouverneur de province « minable » qui les aurait littéralement « chosifiés » lorsqu’ils n’étaient totalement pris en charge pour leurs besoins vitaux, taillables et corvéables à souhait, certains s’affichant en vestes sous des maillots déshonorables à l’effigie de Nkundi’a mbote, devenu subitement un dieu omnipotent qui avait jusqu’au droit de vie et de mort sur des sujets vassalisés.
Voilà qui militerait pour que ces élus fassent amende honorable et se ressaisissent par un choix cette fois-ci responsable. Car la triste fin de règne de l’olibrius leur collera longtemps à la peau. Pas tous fort heureusement !
L’histoire dira sans doute un jour par où sont passées les âmes innocentes martyrisées et injustement damnées des paisibles élus et autres anonymes qui n’avaient pour seul péché que d’avoir osé exercer leurs prérogatives démocratiques, certains, oubliés et disparus à jamais parce que s’étant trouvés malencontreusement au mauvais endroit et au mauvais moment, taxés à tort de crimes de lèse-majesté passibles de la pire des peines.
2. La prétendue philosophie politique selon laquelle les trois districts devraient exercer à tour de rôle le leadership et la direction de hautes institutions de la province selon un protocole tacite convenu relève du fantasme, tant ne comptent en politique que les intérêts.
A se concentrer aux œillères à une théorie surannée qui ne repose que sur du sable mouvant, on en vient à escamoter le véritable rapport des forces existant entre le grand Cataracte où les fissures sont vivaces, souvent difficiles à cicatriser et le Bas-fleuve qui, coalisé mais où ne manquent pas des luttes intestines, peut fonctionner comme un typhon dévastateur.
3. Afin donc d’éviter les humiliations et les coups bas auxquels ont été soumis les élus provinciaux, ceux-ci ont exprimé en des cercles plus selects leur volonté de voir tout ticket aligner comme « colistier » un député provincial qui soit un homme d’écoute proactif pour la défense des intérêts des pairs. Charité bien ordonnée…
Même si le fait d’avoir eu récemment un ticket totalement constitué de deux députés provinciaux n’aie pas été pour cela une garantie de bonne foi, bien au contraire, tous deux s’étant livrés une lutte à mort.
De ce chef, tout ticket qui ne renfermerait aucun élu provincial serait considéré comme « non partant », étant assis sur une base qui ne rassure pas les grands électeurs.
Que Guy Bandu Ndungidi soit sous la coupe et le parapluie du speaker du Sénat, Secret de Polichinelle, en ajoute à la méfiance et ne peut que desservir le Médecin-Gérant de « Médecins de Nuit ».
Et lorsqu’à l’Hôtel Memling, les députés provinciaux se retrouvent devant le présidium sous la coupe de celui qui, à Sun City, avait été surnommé Al Capone, leader autoproclamé de la Société Civile du Congo(SOCICO) depuis l’époque de la Conférence Nationale Souveraine, Modeste Bahati Lukwebo dont l’agilité et l’activisme politiques sans limites n’est plus à démontrer ne saurait que faire peur à Yves Kisombe et cie, mais nullement aux députés votants responsables, les seuls à décider souverainement en âme et conscience.
Qui ne sait que dans l’ombre du gouvernement provincial sortant, son animateur atypique Cyprien Atou Matubuana aura bénéficié de la couverture de hauts parrains politiques tapis dans l’ombre qui ont fini par être démasqués…au nombre desquels Modeste Bahati Lukwebo ?
Paradoxalement on ne peut à la fois échouer à contrôler sa propre province du Sud-Kivu et prétendre vouloir avoir la mainmise sur celle du Kongo Central. Ne serait-ce pas déshabiller Saint Pierre pour habiller Saint Paul après la sombre et triste gestion sous Atou Matubuana ?
Mais quoiqu’il en soit, l’argent n’achète pas tout. Car la candidature de Guy Bandu Ndungidi n’est rien moins que celle de Modeste Bahati Lukwebo. Tous ses faits et gestes l’attestent.
Est-il moralement juste pour un acteur politique vouloir tout régenter comme le voudrait le Sénateur en Chef? Faute d’y répondre, nous ne faisons que poser la question.
4. Quant à la Candidature de Rolly Nzazi Lelo, Economiste Diplômé de l’Université Protestante au Congo et Questeur Adjoint honoraire du Sénat et celle de Nefertiti Gudianza Bayokisa, Juriste et Avocat de profession, Ministre honoraire et épouse d’ un haut Magistrat notoirement connu, leur longueur d’avance s’explique par leur qualité d’élus indirects en tant qu’ élus des élus et donc des sénateurs.
Dans un duel des fauves à la course aux Sénatoriales où la victoire s’était jouée à 3, 4 voire à 5 voix, les deux ont l’avantage de disposer d’une base discrète au sein de l’Assemblée Provinciale, a contrario du Sénateur-en-Chef Modeste Bahati Lukwebo qui joue au petit malin derrière une candidature par procuration pour contrôler l’une des riches provinces de la RDC.
Ajouter à cela à l’un et/où à l’autre de disposer d’un colistier qui soit un député provincial d’appartenance à l’Union Sacrée, un Candidat Vice-gouverneur du courant du Centre ou d’une famille politique bien représentée à la chambre législative provinciale est un atout non négligeable.
Que l’un de deux Sénateurs, Rolly Nzazi Lelo en l’occurrence soit un natif de Matadi, siège des institutions, y ayant fait ses preuves à la tête de la DGRKC, s’étant illustré, sans aucun intérêt partisan pour un soutien tous azimuts à la lutte contre la COVID-19 sur l’ensemble de la Province, au moment où on en avait grandement besoin et sans aucun intérêt immédiat en vue au moment du pic de la Pandemie, est un atout supplémentaire pour l’homme dont la Fondation qui porte son nom fait de plus en plus parler d’elle, loin d’une posture opportuniste comme on serait tenté de le penser pour l’autre.
Loin de s’anéantir mutuellement une fois de plus en se neutralisant l’un l’autre, comme lors de l’élection du nouveau Bureau du Sénat sous Modeste Bahati Lukwebo, il y en aura bien un qui s’en retournera au Sénat, la queue entre les pattes.
Quant au ticket Roger Mwaka Mwaka et celui de Déo Nkusu Kunzi Bikawa « Kisalu me banda », ils ont le commun dénominateur d’être perçu dans l’opinion comme des excroissances d’un Patriarche que les élus croient l’ère d’un activisme politique productif et efficient plutôt révolu, bon pour un Comité des Sages, des Notabilités référentielles dans le cadre de la Cohésion Provinciale.
Sous « L’Odeur du Père » pour paraphraser VY Mudimbe et l’ombre d’un Dinosaure- selon un terme très à la mode à la fin du pouvoir de Mobutu-, il y a lieu de jeter l’éponge à temps en appelant de voter utile pour un allié.
Que même à parier que Déo Nkusu Kunzi Bikawa soit le candidat du Président de la République avec la bénédiction du Chef Spirituel Kimbanguiste, comme d’autres candidatures de la même obédience religieuse, il y a fort à parier qu’ils ne franchiraient pas la barre de deux,trois à quatre voix. Foi de Q…
5. Tandis qu’à considérer le nombre des prétendants au poste avec des candidatures à l’allure figurative et cosmétique, il n’est pas faux de dire qu’il y en aura qui n’auront même pas une seule voix, sinon la leur propre, si tant est qu’ils seraient membres de l’Assemblée Provinciale. Ce qui politiquement serait inopérant et ruineux.
Cas du ticket Thomas Mundele-Joachim Mavungu Tsiku dit Formoza, fait de deux humanistes célèbres et même populaires dans leurs fiefs électoraux de Matadi et de Seke-Banza sans qu’on n’en disconvienne.
Mais ce sont avant tout deux commerçants et deux hommes d’affaires. Or la gestion d’une province requiert l’expérience d’hommes férus à la gestion de la res publica.
Il ne s’agit pas, comme certains voudraient nous le faire avaler s’agissant de Guy Bandu Ndungidi, de sortir les malades des hôpitaux en payant leurs factures, d’enterrer les morts, où d’apporter de la lingerie aux prisonniers.
Le ticket Thomas Mundele-Formoza n’est pas de haut vol au plan strictement scolaire ou académique. Loin de les prendre pour des incompétents ou des non appropriés à la haute charge de gouverneur et de vice-gouverneur, l’exercice à ce niveau de responsabilité régalienne requiert un minimum de matière grise devant lequel on ne saurait transiger.
Cela va de soi. Et lorsqu’il nous revient que leurs propres travailleurs peinent à être bien servis et qui s’en plaignent ouvertement, nous sommes fondés à croire qu’ils seraient loin du lot de ceux qui peuvent booster le développement ou un brin d’émergence au Kongo Central.
Telle est, croyons-nous, l’une des grilles de lecture dans laquelle on peut objectivement projeter grosso modo les chances réelles ou supposées de différents tickets.
Outre le fait qu’un seul candidat a la chance de l’emporter du fait des résultats insubmersibles du vote secret des élus, la question d’ores et déjà qui se pose est celle de savoir s’il n’est pas venu, pour les différents candidats, de regarder dans une direction commune, loin des diktats des présidiums qui n’ont que leurs intérêts et leurs egos, afin d’offrir à la province l’ ultime chance et prétendre enfin à un décollage, le tout devant se cristalliser in fine entre deux Sénateurs, les honorables Rolly et Nefertiti. Capturez-moi…
Au demeurant, que nos députés provinciaux se souviennent que lors des Sénatoriales dans la circonscription électorale de Kinshasa, aucun député provincial élu de Kinshasa de l’UDPS n’avait donné sa voix à un candidat Sénateur aux couleurs de l’UDPS, tous s’étant contentés de vendre au plus offrant le précieux sésame dont ils étaient les détenteurs souverains.
Au nom de quel principe sacro-saint voudrait-on alors imposer au Kongo Central un ticket au goût des hauts plateaux de Fizi-Baraka et autres ?
Que chacun s’occupe de ses terres et les vaches seront bien gardées. Et Dieu saura bénir les siens.
Eugène Ngimbi Mabedo