Le Père Albert Lejoly, renseigne sa fiche biographique est né à Robertville le 03 juin 1930. Fils de Lejoly Remacle et de Pequet Marie.
– Admis dans la Congrégation des Missionnaires de Scheut le 07
septembre 1950, il prononcera ses premiers vœux le 08 Septembre 1951 à Jambes.
– De 1951 – 1953 : Etudes de Philosophie à l’Université Leuven
– De 1953 – 1956 : Etudes de Théologie à Jambes
– Il sera ordonné Prêtre le 05 août 1956 à Scheut/Bruxelles et sera envoyé comme missionnaire en République Démocratique du Congo dès 1960, dans l’ancienne Province cicm de Kangu.
Il a été Vicaire :
– A la Paroisse de Dizi / Boma successivement de 1960 à 1961 ;
1964 à 1966 ; en 1969 et en 1970
– A la Paroisse de Moanda Cité successivement de 1962-1963, de
1967 à 1968, en 1972 et de 1978 à 1986
– A la Paroisse de Tseke Mbanza en 1971,
– A la Paroisse Kizu de 1973 – 1975 :
– A la Paroisse de Tshela en 1977
– A la Paroisse de Luvaka (Matadi) de 1987 à 1998 :
– A Kimpangu (Matadi) de 1999 à 2000
Puis Curé :
– En 1976 : à la Paroisse de Vaku.
– En 2004 : Il est nommé recteur de la Communauté cicm de
Kangu et Vicaire de la Quasi-paroisse de Mbata-Makongo,
Taches qu’il assumera jusqu’à son retour à Kinshasa.
– En 2009 : il était nommé aumônier du Centre des Handicapés
Témoignage
(Par Eugène Ngimbi Mabedo au cours de la Messe des Suffrages en son honneur à la Paroisse Saint Léonard de Mbudi avec pour Célébrant Principal Mgr Philibert Tembo Nlandu cicm,Evêque du Diocèse de Budjala peu avant l’inhumation au cimetière du Noviciat cicm Buisson Ardent de Mbudi Jeudi 26 Janvier 2022).
Chers frères et sœurs, Shaloom !
Feu le Révérend Père Albert Lejoly cicm ,92 ans d’âge (3 juin 1930-19 janvier 2022) a œuvré tant dans le Mayombe qu’à Moanda au diocèse de Boma, province du Kongo Central principalement comme Prêtre routier-itinérant –« Mumpe Nzila »- avec pour charge de parcourir les contrées de l’arrière-pays pour l’évangélisation.
- A Moanda, il était reconnaissable par sa Volkswagen bleue singulièrement bruyante, une voiture « du peuple » et « de la brousse ».
Et à chacune de ses arrivées dans le village, les enfants accourraient et lui criaient : « Mon Père ya Mundele, Mumpe Mundele, Mundele », « un prêtre, un blanc, un homme blanc ». Il stoppait net et demandait aux enfants ce qu’ils disaient.
Ceux-ci, parfois surpris répondaient : « Vous êtes un blanc, vous êtes un prêtre de couleur blanche». Et sa réponse était souvent cinglante : « Non, je ne suis pas un blanc, je ne suis pas un prêtre blanc ni un homme blanc… Je suis un homme noir, un noir comme vous».
Ce disant, il allait parfois jusqu’à s’identifier à une île en terre « Assolongo » de Muanda: « Mono, musi Kimwabi » ! (Ndlr : « Moi, je suis un vrai natif du village Kimwabi ».
Pouvons-nous applaudir pour ce Missionnaire « Missionnant » pour emprunter un terme employé tout à l’heure par Mgr Philibert Tembo Nlandu l’Evêque du diocèse de Budjala, le Célébrant principal ? »
Applaudissements nourris !
- Preuve de son intégration, le Père Albert Lejoly cicm n’était pas homme à attendre, lorsqu’il arrivait dans un village, qu’une poule ou un coq soit pourchassé, égorgé pour lui être servi à table.
Nenni. Il mangeait et buvait ce qu’il trouvait sur place, assis où ses hôtes étaient assis, utilisant le même couvert, passant la nuit où elle le surprenait. Il s’exprimait couramment dans les langues et les dialectes de ses paroissiens, partageant leurs us et coutumes, moulus dans des habits plutôt sobres qu’identiques. On ne l’avait jamais vu porter une veste-cravate.
Il se trouvait véritablement au milieu des siens au point qu’un mythe est resté vivace dans les esprits de ses ouailles qui estimaient qu’il n’était pas un blanc, mais un fils du terroir, un nègre pur sang comme tous ces chrétiens avec qui il partageait le pain et la vie, tout en tous ! Un homme totalement intégré et d’une simplicité déroutante !
Pouvons-nous applaudir pour ce héraut de l’évangélisation hors du commun qui nous laisse un témoignage par sa vie missionnaire ?
Applaudissements nourris !
- Preuve de sa grandeur d’âme, en 1978, une grande sécheresse avait décimé les champs et asséché les rivières et différents cours d’eau dans le Kongo Central, notamment dans le Mayombe et dans le territoire de Moanda. Un phénomène que beaucoup ont justifié ici par la pollution due à la toxicité des gaz et autres produits d’extraction pétrolière.
Faute des récoltes, ce fut l’apparition dans ces contrées du Kwashiorkor.
Le Père Albert Lejoly qui sillonnait les villages des secteurs du Territoire de Moanda des Ba-Solongo, Ba-Woyos et les Ba-Kongos ya Boma fut affecté par cette misère ambiante.
Par une magie dont il détenait seul le secret, il s’était trouvé dans son bureau des sacs entiers, non d’argent ni d’habits, mais des noix palmistes appelés -« Minkandi » en langue Kikongo-, « ndika » en Lingala.
Au départ de ses tournées dans les villages, il en déversait une quantité dans le coffre de sa V.W. bleue, les distribuant à qui mieux mieux dans des familles démunies afin qu’elles en prennent lorsqu’il se trouverait un morceau de manioc, avec un peu d’eau, selon l’adage du terroir :« Bukuta nkandi, lia mpanza, nua maza ». A traduire par « Quoi de mieux que de casser une noix palmiste en le broyant avec ses dents; avec du manioc et en buvant un peu d’eau par la suite pour calmer la faim et la soif»!
C’était plus que surréaliste.
Pouvons-nous applaudir pour cet homme au cœur grand et généreux qui vient de nous quitter?
Applaudissements.
- La Paroisse de Moanda possédait une Maison en pleine Cité dont j’étais l’intendant avant l’entrée au Noviciat cicm de Mbudi.
J’occupais le studio extérieur tandis qu’en dehors du salon, deux chambres étaient réservées aux prêtres qui pouvaient y séjourner.
Le Père Albert Lejoly y débarquait parfois à 3 heures du matin de retour de son itinérance, reconnaissable à mille lieux par le vrombissement de sa V.W.bleue.
Je me faisais la politesse de lui ouvrir la porte du salon.
Fait remarquable, dans un coin du coffre de sa V.W. se trouvait toujours, prêtre routier et itinérant, un lit de camp gonflable.
Et le matin au réveil, je m’apercevais qu’il n’avait pas passé la nuit dans l’une des chambres, mais au salon, littéralement sur le pavé, presque par terre, par-dessus ce lit de fortune non gonflé qu’il remballait pour répartir.
Un homme qui mérite vraiment d’être applaudi.
Applaudissements…
L’histoire de la banane…
Enfin, il se réjouissait de son dernier apostolat au Centre de rééducation pour handicapés et aveugles de Kinshasa/Huileries.
Il se félicitait des visites qu’il y effectuait, particulièrement auprès d’enfants qui se tordaient des douleurs au terme des soins, allant parfois jusqu’à imiter leurs cris désespérés : « Nakufieeee, nakufieeee… ».
De son initiative et à ses frais, il distribuait trois fois par semaine -lundi, mercredi et samedi- une banane à chaque enfant par le biais d’une vendeuse des bananes du nom de » Maman Makiadi », débaptisée par lui et qu’il appellait désormais « Maman Makiese » à concurrence de plus ou moins 80 bananes pour 80 enfants la virée journalière.
Des enfants dont il continuait d’entendre depuis son lit de la Maison Siméon, devenu entretemps grabataire, les cris de détresse, les pleurs et les gémissements, mais consolé et soulagé de savoir que ces jérémiades seraient stoppées par une banane, fruit de sa générosité.
N’est-ce pas que cet homme mérite nos applaudissements?
Applaudissements…
- Occasion ultime pour transmettre l’hommage de sa reconnaissance à l’ endroit de la province cicm de Kinshasa qui avait accepté de prendre en charge les frais de séjour de quatre de ses nièces venues de la Belgique, logées à la Maison Provinciale cicm de Kinshasa à l’endroit de laquelle il ne tarissait d’éloges, sans doute pour des adieux, le Père Albert Lejoly cicm n’ayant cessé de dire à qui voulait l’entendre qu’il serait enterré au milieu des siens au Congo et non en Belgique. Un souvenir inoubliable pour lui qu’on ne saurait passer sous silence. Ce fut pour lui un baume au coeur! Parcours atypique d’un missionnaire belge missionné sous les tropiques qui a pris la couleur locale.
Merci et Adieu Révérend Père Albert Lejoly. A jamais dans nos cœurs !
Occasion de vous chanter:
-A nyinga ndiela telema,ndiela kuenda kudi Tata eee!
-Na Paradizu,Ba Anzelo ba yamba nge, nge meka kuma kuna…
-Beto me kuma thete ve, beto ke na nzila eee,beto me kuma thete ve, pene pene na Mphumu Nzambi.
Eugène Ngimbi Mabedo