Le warriorisme rd-congolais s’apparente d’un donquichottisme indigne d’une République voulue démocratique. Comme dans l’œuvre de Miguel de Cervantès, chacun au sein du gouvernement dit des « warriors » en fait à sa guise et à ses humeurs au point d’outrepasser ses prérogatives régaliennes. Faute de connaître ses limites réelles, chacun y va de son amateurisme. Les séances de mise à niveau n’y feront rien. A chasser le naturel, il revient au galop. Un français célèbre avait dit qu’il n’était pas bon de laisser la politique entre les mains des roturiers! Chronique.

Au niveau de l’enseignement primaire, secondaire et technique, un « warrior » édenté, fulminant de rage, Professeur de Droit de son état a été pris la main dans le sac avec cette saga de 16 Millions des dollars américains qu’il s’apprêtait à percevoir manuellement de la Banque-Maboko Banque, quand tu nous tiens !- prétextant les payer cash aux surveillants du Test National de Fin d’Etudes Primaires.
Une forfaiture évitée de justesse grâce à la vigilance de la patrouille financière tous azimuts de l’Inspection Générale des Finances, le décaissement finalement annulé par Nicolas KAZADI le Ministre des Finances qui n’a pas voulu prêter le flanc aux vitupérations d’un Secrétaire Général du parti présidentiel aux allures d’un prestidigitateur que rien n’arrête, lorsqu’il s’agit de l’argent de l’Etat.
Au Ministère de l’Enseignement Professionnel, un Conseiller du Ministre « warrior » médite entre quatre murs après la ponction d’une somme faramineuse du Trésor public sur la base d’un simple papier volant. Tandis qu’à l’Enseignement Supérieur et Universitaire, ceux qui y sont placés ces dernières années n’y viennent pas ou presque jamais pour booster le secteur, loin s’en faut, mais pour du beurre.
Steve MBIKAYI MABULUKI, Thomas LUHAKA LOSENDJOLA, MUHINDO NZANGI BOTONDO, curieusement tous d’anciens ingénieurs électriciens, électroniciens ou électromécaniciens, sans aucun mépris s’entend, n’y ont pas laissé et n’entendent pas y laisser des traces indélébiles positives, bien au contraire. A la veille des échéances électorales, il faut de l’argent et beaucoup d’argent pour prétendre à la course.
Ceux qui sont à la tête d’institutions universitaires tant publiques que privées savent combien d’illustres personnages au sommet de l’Etat brillent dans leur zèle pour du fric, aux antipodes de la recherche du bien commun. Tandis que ceux qui sont également à la tête des établissements publics ne sont nullement des enfants de chœur, sans ignorer que les universités privées confessionnelles ne peuvent être logées à la même enseigne que leurs homologues du privé stricto sensu.
Si l’Université de Kinshasa a connu des moments sombres avec la destruction subséquente de ses infrastructures, c’était à la suite d’une décision mal raisonnée de la tutelle qui, d’un plafond tarifaire convenu et arrêté de commun accord avec tous les partenaires, avait voulu briser ce consensus en mettant la barre plus haut.
Une rétrospective renseigne que feu le bâtonnier Maître NDUDI NDUDI est resté tristement célèbre dans les annales du MINESU à la suite d’un Arrêté pris par lui et qui a ouvert la voie à l’essaimage des Universités dont on peine à maîtriser les conséquences aujourd’hui.
Quant au Professeur MASHAKO MAMBA, Paix à son âme, il aura brillé par des Arrêtés pris sans qu’il ne se soit réellement imprégné des problèmes de fond qui gangrenaient le secteur depuis des lustres, ayant cru, à tort ou à raison comme aujourd’hui que certaines facultés –dont celle de Médecine- ne pouvaient fonctionner dans certaines formations universitaires, comme pour corriger l’essaimage désordonné des universités opéré par son illustre prédécesseur.
En conséquence de sa mesure prise sans doute de bonne foi, il sera déclaré « persona non grata » au point qu’il lui sera impossible de poser les pieds dans certaines universités sous sa tutelle.
Un autre Ministre avant lui avait eu le toupet entre autres de tuer dans l’œuf la Fondation Universitaire du Congo dirigée jadis par feu l’ancien Ministre des Affaires Etrangères Justin-Marie BOMBOKO LOKUMBA.
Une structure d’utilité publique qui a permis d’obtenir, à travers la coopération belgo-congolaise d’importants financements pour la Bibliothèque de l’Université de Kinshasa et des Bourses en faveur d’étudiants rd-congolais.
Ladite Fondation n’ayant pas satisfait aux exigences du Ministre de l’époque pour des retro-commissions, celui-ci se vengea et se résolut de soustraire la Fondation de la ligne de crédit budgétaire au niveau national. Faute de cet appui interne pour son fonctionnement, elle est depuis confinée dans les oubliettes de l’histoire.
Le Professeur Barthélemy BOTSHUALI peut nous en dire de son passage des « Affaires Sociales » à « l’ESU », s’étant livré à cœur joie à une rixe au sein de son cabinet pour des dividendes mal repartis.
Le Professeur Théophile MBEMBA, ancien Directeur de Cabinet du Président de la République n’a pas fait mieux à la tête du MINESU, même s’il a eu le mérite de verrouiller les universités autorisées à faire fonctionner l’école doctorale pour le troisième cycle et la soutenance des thèses doctorales aux seuls campus de l’ex UNAZA, avec une extension à l’UCC et à l’UPC.
Rappel non exhaustif mais qui a le mérite de faire entrevoir que le mal n’est pas sectoriel, facultatif, facultaire lié à une faculté bien précise, mais « systémique », « structurel ».
C’est dire que la vraie fausse décision que charrie la circulaire du Ministre faisant ses premiers pas dans la gestion d’un cabinet ministériel-il n’est pas un cabinard-est un « non event », dirait mon voisin anglophone, mais une provocation, une de trop, prise dans la précipitation, comme pour se faire une célébrité populaire. Se prenant pour le nouveau Moïse et le réformateur des temps nouveaux, l’honorable ingénieur veut inventer la roue, oubliant qu’il n’y a rien de neuf sous le soleil.
Des prémisses fausses, MUHINDO NZANGI aboutit à des conclusions fausses, sa décision folklorique d’allure grotesque prise à la limite pour amuser la galerie.
Dans le domaine de la Médecine, puisqu’on y est, d’un mauvais diagnostic on aboutit à un mauvais pronostic et à une thérapeutique biaisée.
Ce n’est pas parce que notre Police est faite d’éléments indisciplinés et incontrôlés à la formation bâclée qu’il faille s’interdire tout processus de recrutement au sein de la Police Nationale Congolaise.
Comment un Ministre peut-il asseoir une décision aux conséquences incalculables sur la base du rapport du Conseil National de l’Ordre des Médecins présenté et adopté lors des travaux des Etats Généraux 2021 tenus en moins d’une semaine par quelques représentants sans aucun mandat de l’ensemble du Corps enseignant…Quel conseiller a-t-il pu l’induire en erreur, au point de l’exposer ainsi au mépris et à la vindicte populaires ? Mais le ridicule ici ne tue point. Voici à titre informatif les attributions dévolues à l’Ordre des Médecins à sa création…
ORDONNANCE-LOI 68-070 du 1er mars 1968 créant l’Ordre des médecins.
Art. 1er. — Il est créé dans la République démocratique du Congo, un Ordre des médecins comprenant tous les docteurs en médecine, chirurgie et accouchements résidant au Congo et inscrits au tableau de l’Ordre.
Art. 2. —L’Ordre veille au maintien des principes de moralité, de probité et de dévouement indispensables à l’exercice de la médecine, ainsi qu’à l’observation par tous ses membres, des devoirs professionnels et des règles de la déontologie médicale.
Il est chargé de défendre l’honneur et l’indépendance de la profession médicale.
Art. 3. — L’Ordre donne son avis sur les questions et projets concernant l’exercice de la profession de médecin qui lui sont soumis par le ministre de la Santé publique.
Il fixe, sous réserve d’approbation par arrêté du ministre de la Santé publique, le taux des honoraires des médecins.
Il peut organiser toutes oeuvres d’entraide pour ses membres.
Il peut organiser des relations professionnelles sur le plan international.
Il peut percevoir les cotisations nécessaires à son fonctionnement.(…).
On retient son souffle…
A-t-on jamais vu une organisation corporatiste dicter sa loi au gouvernement de la République ? N’est-ce pas là une intrusion qui traduit et trahit la main molle du Ministre sectoriel ?
C’est sans doute pour cela que le Ministre depuis un temps s’immisce maladroitement dans les affaires corporatistes internes de l’APUKIN et de l’APUPN, notamment autour des crédits-véhicules.
Le Ministre sortant Thomas LUHAKA LOSENDJOLA s’était déjà opposé à une mission de contrôle que s’apprêtait à initier le Conseil National de l’Ordre National dans les universités organisant les facultés de Médecine en leur sein, le Ministre estimant l' »Ordre » « incompétent » en la matière. Qui dit mieux?
Un peu comme si le Conseil National de l’Ordre des Avocats voulait avoir un droit de regard dans l’organisation des enseignements au sein des facultés de Droit de nos universités.
Libre cependant au Barreau de Kinshasa/Gombe de n’accepter pour le test d’admission à son « Ordre » que les finalistes des Facultés de Droit de l’université de Kinshasa, en faisant porte close aux finalistes des autres universités. Est-ce pour cela qu’il faille fermer les facultés de Droit des autres universités de Kinshasa dont la qualité des enseignements est incontestable ?
Le CNOM n’est pas un appendice ou une direction du Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire.
Dans la pratique courante, lorsque l’on interdit à des organes publics ou privés de fonctionner, c’est généralement un stratagème pour les contraindre à revenir à Canossa, renégocier des « Moratoires » et ainsi permettre à l’animateur qu’est le Ministre de se faire sucrer. La recette est connue.
Dites-nous la vérité
Tenez ! La viabilité de toutes nos institutions universitaires est de niveau zéro, mieux, en-dessous de zéro, toutes étant gangrenées par des maux qu’il serait oiseux de ressasser ici. Des points sexuellement transmissibles, nous en sommes aux diplômes politiquement transmissibles.Si donc interdiction de recrutement il y aurait,celle-ci devrait concerner toutes les facultés et donc toutes les universités rd-congolaises.
C’est ainsi que lors de la célébration du cinquantenaire de la création, primum inter pares de l’Université de Kinshasa représentant l’Institution Universitaire rd-congolaise dans sa globalité, un diagnostic plutôt exhaustif a été dressé (1954-2004), coulé dans un ouvrage de chevet sous la direction de Isidore Ndaywel é Nziem, L’Université dans le devenir de l’Afrique. Un demi-siècle de présence au Congo-Zaïre. Préfacé par Elikia M’BOKOLO, Paris l’Harmattan 2007, 406 pages.
Ce n’est un secret pour personne qu’aucune Université rd-congolaise ne figure au Top-2000-1000 ou 500-100 des universités mondiales, en dépit d’un classement alambiqué de type cosmétique des 55 Universités opéré sur la base d’un critérium hasardeux non objectif, certaines n’ayant pour seule infrastructure qu’un amas de bric et de broc rassemblées tel un bureau du quartier ou une chaumière sur pilotis.
A l’instar de l’UNIVERSITE DES SCIENCES ET TECHNOLOGIES DE LODJA dans le Sankuru classée pourtant 27ème sur la liste avant l’Université de Kisangani, ou cette UNIVERSITE DE TSHIKAPA (UNITSHI) dont le panneau indicateur tient à 2 branches bancales de bois avec pour seul bâtiment un édifice perdu dans la savane boisée avec en affiche 9 options facultaires.
Liste de 55 universités avec pour commentaire : « Cette présentation a été faite en présence du Ministre de l’ESU Muhindo Nzangi, des Chefs d’Etablissements et de tous les experts réunis dans le Haut-Katanga pour trouver des solutions face aux problèmes qui rongent l’enseignement supérieur de la RDC » (sic).
Parce que présentées au cours des Etats Généraux de l’ESU, sont-elles devenues officiellement comme faisant partie des Universités viables de la République ?
De 55 universités, l’on peut noter : 9 de Kinshasa, 5 du Nord-Kivu, 4 du Sud-Kivu,4 du Katanga, 4 du Sankuru , 4 du Kasaï Oriental , 4 de Lomami,3 du Kasaï Central, 3 du Kongo Central, 2 du Lualaba, 2 de l’Ituri, 1 du Haut-Uélé, 1 du Maniema, 1 de l’Equateur, 1 de laTshopo,1 du Tanganyika, 1 du Nord-Ubangi, 1 du Sud-Ubangi, 1 du Kwango, 1 de la Tshuapa.
L’on peut noter la présence dans cette liste soft de 55 Universités la part belle à la région du Sankuru-Lodja, sans doute une allégeance au fief du classificateur attitré et plusieurs autres universités alignées et qui sont du patelin du Ministre, le Nord et le Sud-Kivu se taillant la part belle en perspectives des élections qui arrivent à grands pas.
S’il s’avère établi que L’UNIVERSITE DE TSHUMBE (UNITSHU) reprise au Numéro 10 comme devant fonctionner sur les 16 retenues par le MINESU disposerait des installations telles qu’elles circulent sur les réseaux sociaux, alors il est temps que MUHINDO NZANGI BOTONDO réponde, comme des écoles de Willy BAKONGA de ses actes, s’étant permis d’élaguer des universités qui ont pourtant pignon sur rue en RDC et mondialement reconnues pour la qualité des Médecins formés par elles.
Mais le deus ex machina qu’est le Ministre ne peut être ce Don Quichotte qui feint d’oublier l’ensemble de ces universités viables fonctionnant en toute régularité et légalité voici plus de deux décennies et qui, après les décrets les créant et les Arrêtés avalisant la création de nombreuses facultés en leurs seins, pas seulement de Médecine, auront mis sur le marché de l’emploi, des Milliers des disciples d’Hippocrate formés, tous assermentés, ô paradoxe, par le même Conseil National de l’Ordre des Médecins.
Dont des sommités qui font la fierté du pays dans les plus grandes structures médicales du monde,des proches Conseillers du Chef de l’Etat, véritables icônes nationales et internationales du domaine médical en ce temps de la Pandémie de la COVID-19. Suivez mon regard !
Le MINESU sait-il qu’il siège au sein du gouvernement des « warriors » avec d’anciens étudiants de ces Alma Mater ?
Oublie-t-il qu’en dehors de trois Campus de l’ancienne UNAZA, bon nombre des pays africains et outre-Atlantique, forts de la prestation qualitative de ces universités y envoient leurs ressortissants, ce qui atteste de la haute qualité des enseignements dispensés par les mêmes enseignants attitrés et mondialement reconnus ?
Que deviennent ces étudiants en classes de recrutement qui ne peuvent aller toutes dans quelques-unes de ces seize universités triées sans aucune base probante, certaines à la viabilité négociée, voire douteuse?
Le Ministre, sait-il que sa décision aura des conséquences fâcheuses incalculables sur la jeunesse qui termine ses études secondaires en attente de la publication des résultats des examens d’Etat ou du baccalauréat ?
Le Ministre MUHINDO NZANGI BOTONDO veut-il mettre un terme à l’enseignement de la Médecine en RDC en mettant en doute les diplômes de nos Professeurs de Médecine?
La circulaire ministérielle n’a-t-elle pas pour objectif d’empêcher l’Université Catholique au Congo d’exécuter son projet d’ouverture de sa nouvelle Faculté de Médecine au nom d’un règlement des comptes politique ?
Toutes les Universités concernées par cette décision inique, irrégulière sans aucun fondement doivent se mobiliser pour faire échec à cette circulaire qui ne repose que sur du sable mouvant.
Au demeurant nous croyons le 1er Ministre capable de recadrer son Ministre « warrior », à défaut de voir la Présidence de la République où ne manquent point d’hommes et des femmes à la matière grise avérée dotés d’une expérience attestée, remettre les choses au point et sauvegarder la paix sociale.
Veut-il ramener à l’Université de Kinshasa les auditoires de la Faculté de Médecine de 10.000 à 15.000 étudiants afin de s’assurer de la quotité qui lui revient d’espèces sonnantes et trébuchantes?
Entre deux maux, il faut choisir le moindre.
L‘interdiction de recrutement dans les facultés de Médecine est une mesure hâtive et inchoative qui atteste de la gestion du secteur par un homme qui, faute d’y être habitué, n’est qu’un politique, sans plus, et qui comme ses prédécesseurs, tombe dans le piège de tous ceux qui croient le secteur gérable au petit bonheur, sous la botte des conseillers affairistes, certains dans les associations corporatistes aux intérêts mercantiles qui espèrent devenir de nouveaux riches l’espace d’une aube. Et il y en a qui le sont devenus, oubliant que c’est là que repose l’avenir de la nation.
Lorsque vous voulez détruire un Etat, a dit un homme célèbre, il faut s’attaquer à son système éducatif. Ne sommes-nous pas ici en face d’un plan visant à tuer dans l’œuf, tous les efforts inlassables consentis de longue date afin de relever, en le redressant, un secteur qui peine à prendre ses marques ?
Faute de rapporter ladite circulaire, c’est que nous y sommes de plain-pied.
Eugène Ngimbi Mabedo