Six août 1961- Six août 2021, soixante-ans jour pour jour depuis que le révérend Père (de Scheut) Damase NDEMBE NSASI, Missionnaire de la Congrégation du Cœur Immaculé de Marie a été consacré Prêtre. Une Messe d’Action des grâces en son honneur a été dite vendredi 6 août 2021 à la Paroisse Notre-Dame de Fatima à l’initiative des Supérieurs de la province CICM de Kinshasa avec à sa tête le Père Didier BADIANGA TONA.
Présence plutôt discrète de l’Evêque émérite CICM, Mgr Louis NKINGA BONDALA qui a renoncé à ses charges pour limite d’âge canonique à la tête du diocèse de Lisala, la célébration commémorative a eu pour Célébrant Principal Mgr Cyprien MBUKA DI NKHUANGA CICM, Evêque émérite du diocèse de Boma, assisté de nombreux prêtres CICM et du Révérend Père Faustin DIATEZULUA MBUNGU, SPIRITAIN, l’actuel Recteur de l’Université Saint Augustin de Kinshasa,USAKIN en sigle.
Qui, d’ores et déjà a annoncé que le Père Damase NDEMBE sera également à l’honneur en décembre 2021 lors de la commémoration des 40 ans d’existence de l’ex Philosophat Saint Augustin dont il fut le tout premier Recteur. «Yaya » ainsi appelé par ceux qui l’ont eu comme Formateur, le Père Damase NDEMBE NSASI qui avoue tirer son goût pour les Langues et la Littérature Africaines sur la base de la Théologie du Verbe Incarné, cette Parole faite Chair, le Discours ou le Logos originel devenu une Parole communicative par les langues qu’il faut davantage scruter par la Linguistique Africaine pour une transmission optimale de l’Evangile aux Nations jusqu’aux extrémités de la Terre.
Un « Père » honoré par « Son Fils », le Professeur Floribert BODY DI TSIKU LUFUA CICM de l’Université Pédagogique Nationale,UPN en sigle qui a eu le privilège de prononcer l’homélie en cette commémoration particulière d’hommages.
HOMMAGE AU PERE Damase NDEMBE NSASI, vendredi 6 août 2021
Excellences les évêques, Révérend Père provincial et son conseil, chers confrères, Révérendes sœurs, Révérends abbés, Révérends frères, distingués invités, chers frères et sœurs.
Nous sommes rassemblés ici en ce jour, pour rendre grâce au Seigneur pour tous les bienfaits qu’il a comblés notre cher aîné, le Révérend Père Damase Ndembe Nsasi, pour ses 60 ans de vie sacerdotale.
En effet, il n’est pas facile de parler des vivants, surtout lorsque ceux-ci ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui.
Le Révérend père Damase fut mon Recteur en philosophie tandis que Son Excellence Mgr Cyprien Mbuka, évêque émérite du Diocèse de Boma, célébrant principal, fut mon professeur et mon Recteur à l’Ecole Théologique Saint Cyprien de Ngoya au Cameroun (1982-1985). Son Excellence Mgr Louis Nkinga, évêque émérite de Lisala, le premier provincial Congolais qui m’a admis dans la congrégation lorsqu’il fut nommé provincial de la Province de Kinshasa.
Avant la méditation, commençons d’abord par répondre à la question : qui est le Révérend Père Damase ? Le Révérend père Damase naquit le 01 novembre 1936 au Mayombe dans la Province du Kongo Central. Il fît ses études secondaires au Petit Séminaire de Mbata Kiela, non loin de la mission de Kangu. Le 8 décembre 1954, les pères de Scheut (cicm) érigèrent un noviciat à Katoka-Lualuabourg, actuellement Kananga pour commencer canoniquement la formation religieuse et missionnaire pour l’admission des Congolais dans la congrégation. 15 jeunes candidats séminaristes furent acceptés sous le sobriquet « les 15 mystères du Rosaire » parmi lesquels, le Révérend père Damase Ndembe Nsasi dont nous célébrons l’Eucharistie d’action de grâce ce soir. Ce premier noviciat termina avec 13 novices qui émirent les vœux, le 8 décembre 1955. Cette date historique pour les africains, fut un jour de fête, d’allégresse et de joie en vue d’avoir dans un futur proche les premiers pères noirs à côté des pères européens dans les églises locales confiées aux missionnaires de Scheut au Congo.
Les 13 nouveaux profès devinrent des scolastiques pour continuer leurs études de philosophie et de théologie, à savoir : 8 jeunes profès en théologie de 1955-1958 et les sept autres en philosophie. Le séminariste Damase Ndembe Nsasi qui vint du Petit Séminaire de Mbata Kiela commença sa première année de philosophie avec les frères Jean Kamanda, Etienne Lutumba, Octave Magbanzo et Charles Ndumba tandis que les deux autres profès qui avaient terminé la première année au Grand Séminaire Régional de Kabwe : Joseph Musangu et Pascal Tshimanga passèrent en deuxième année. Entre temps, il y eut déjà à Katoka, 4 postulants pour Scheut : Zéphyrin Butsana (Boma), Alphonse Nlonda et Barthélemy Mpiana (Kabinda), Jean Nzali (Inongo). Comme ils furent peu nombreux pour commencer le noviciat, ils se joignirent aux autres pour suivre la philosophie avant de faire le noviciat. Donc, ils furent au total 11 étudiants en classe de première année sous l’œil d’un professeur permanent en la personne du Révérend père Joseph Verbist. Après la philosophie, les Scolastiques congolais partirent achever leurs études de théologie en Belgique. Désormais, la 1ère année de théologie s’appellera BENECO, c’est-à-dire, elle regroupe les scolastiques Belges, Néerlandais et Congolais.
Le Révérend père Damase a été ordonné prêtre, le 06.08.1961. Il prend une inscription à l’Université de Lovanium de Léopoldville (Kinshasa) et obtient une candidature en Philologie classique (1962-1965). Nommé vicaire au Congo à la mission Tsilenge (Mbuji-Mayi) comme prêtre voyageur, il approfondit la langue luba et cultiva le goût de la linguistique africaine (1965-1969). Doué pour les études, après un recyclage pastoral de 4 mois au Centre de formation à Kinshasa, il reprit les études à l’Université Lovanium de Kinshasa pour une autre candidature en philologie africaine en résidant à la paroisse St. Alphonse de Matete avec trois aspirants (1969-1970).
En 1971, lors des manifestations des étudiants universitaires, tous sont enrôlés dans l’armée sous le Régime Mobutu, pour servir la nation sous les drapeaux au grade de Caporal. Il devint alors Caporal. Après la libération des étudiants, il y eut la réforme de l’enseignement universitaire. La faculté des lettres fut transférée à Lubumbashi. C’est là où le Révérend père Damase continuera ses études pour obtenir une licence en linguistique africaine (1971-1972). De retour au campus de Kinshasa, il est assistant à la faculté des lettres du Professeur Kadima d’heureuse mémoire et aumônier des étudiants universitaires mariés (1972-1976).
Comme l’aigle vole plus haut, le Révérend Père Damase qui maitrise le néerlandais, est inscrit à l’Université d’Etat de Leiden (Pays-Bas) pour obtenir un doctorat en linguistique (1976-1981). Nommé Professeur Associé dans cette université pendant 8 mois, il est rappelé au pays par la congrégation pour rendre service dans la Province de Kinshasa.
A son retour, le Révérend père Damase fut nommé Recteur au Scopenko à Kinshasa, de 1981 à 1984. J’étais alors en troisième année de philosophie lorsqu’il commença son ministère en tant que Recteur. C’est dans cette maison de formation que nous lui avons donné un surnom qui collera à jamais à sa peau, celui de : « Yaya ». En même temps, il fut le premier Recteur du Philosophat Saint Augustin (1981-1985), actuellement Université Saint Augustin de Kinshasa, située à Limété à la 18ème rue.
Abandonnant la formation au Zaïre, il devient un grand missionnaire en Belgique, au milieu des Flamands. De 1986 à 1988, il est membre d’une communauté internationale cicm à Anvers où il est nommé curé, d’abord à la paroisse St Antoine de Padoue à Anvers (1988-1994) puis, à la paroisse Ste Géneviève à Rode à Bruxelles (1994-1998). Après la Belgique, le Révérend père Damase rentre de nouveau au Congo où il est nommé à Kangu (Mayombe) comme chargé de l’animation vocationnelle (1998-2002) pendant qu’il est en même temps professeur visiteur à la faculté des lettres à l’Unikin (2000-2001). Rentré à Kinshasa en 2002, il est résidant à la Maison St Raphael I avant de rejoindre la Maison st. Raphael II. Pendant ce temps, il a été responsable des aspirants kinois et Recteur d’une maison cicm, professeur associé à la faculté des lettres à l’Unikin (2004). Secrétaire Académique (2005-2006). A la fin de l’année 2006, il habite la Maison Syméon à Gombe, tout en assumant ses cours à la faculté des lettres à l’Unikin comme professeur full (2012) puis, résidant au Scolasticat Père Nkongolo au plateau des professeurs, pour finir au Campus à TELEM où il habite. Le Révérend père Damase est bibliothécaire en chef de l’Université de Kinshasa de 2006 jusqu’aujourd’hui.
Ce parcours combien riche et enrichissant, orné de mille couleurs, nous invite à la méditation des textes choisis à l’occasion de la fête de la transfiguration de Notre Seigneur Jésus car, le Révérend père Damase fut ordonné le 06 août.
Chers frères et sœurs,
La transfiguration est une invitation à la contemplation de Jésus-Christ notre Seigneur, homme et Dieu. Jésus-Christ est le « resplendissement de la gloire du Père » (Hébreux 1,3) et le « miroir sans tache de son infinie bonté » (Sagesse 7,26). Cette révélation de l’identité profonde de Jésus-Christ possède, une triple finalité : l’affermissement dans la foi, l’écoute du « Fils bien-aimé » et la conduite des disciples Pierre, Jacques et Jean qui deviendront les colonnes de l’Église pour se préparer à « surmonter le scandale de la Croix » afin d’annoncer « notre merveilleuse adoption ».
Pour se faire, les disciples sont invités à l’effort pour grandir dans la foi. Elle demeure la seule porte d’accès à la connaissance du Dieu insondable (1Corinthiens 2,9) en vivant les exigences de son Amour pour accéder au bien-être. Mais hélas, face aux sollicitations mondaines, nous sommes souvent sur le point de renoncer à chercher une connaissance plus profonde de Dieu pour mener une vie de périphérie et artificielle.
Heureusement, le Christ lit dans les cœurs et apprécie la disponibilité, la pureté et l’amour d’un chacun. Bien qu’il soit souverainement juste, il choisit et, il a des préférences. Il désire avoir autour de Lui, ceux qui le respectent et l’adorent avec une ardente ferveur. Cette fois-ci, il a choisi Pierre, Jacques et Jean (Matthieu 17,1). Ce soir, c’est chacun de nous qu’il choisit et qu’il appelle à le contempler dans la lumière de l’évangile, qui est le Christ, Lui-même.
L’événement qui a eu lieu au Mont Thabor est un défi que le Christ nous lance pour que nous continuions à le rechercher. C’est une main tendue à notre faiblesse humaine et à notre incohérence dans la vie quotidienne pour nous donner un rayon étincelant d’espérance.
Le Christ-Dieu nous a caché la vérité sur lui-même, sous le voile de sa pleine humanité, mais au Mont Thabor, en se transfigurant, il nous a dit et nous témoigne l’espace d’un instant : « Je ne suis pas du monde (Jean 17.16), je suis « la lumière née de la Lumière » (cfr. Credo de Nicée Constantinople).
Venu dans le monde, le Christ augmente notre ardeur à rechercher le trésor caché (Matthieu 13,44). Il donne à notre esprit la force de le découvrir comme homme et vrai Dieu, pour que nous ne le crucifiions plus jamais par oubli ou par ignorance. Le Cardinal Malula d’heureuse mémoire disait toujours : « mieux vaut être crucifié que de crucifier la vérité ». Sur ce, le Révérend père Damase que nous célébrons l’a témoigné comme prêtre et étudiant parmi les étudiants universitaires pendant les manifestations de 1971 sous le régime du Président Mobutu. Merci pour votre grand témoignage de vie et de foi chrétienne vécue en harmonie avec le Christ au milieu des étudiants universitaires de votre époque.
Chers frères et sœurs,
En célébrant l’Eucharistie de ce soir, nous rendons grâce à Dieu pour nous avoir donné le Révérend père Damase, prêtre religieux missionnaire exemplaire, doué d’une intelligence sans égale, formateur infatigable des jeunes, professeur et chercheur soucieux de la valorisation de nos langues nationales. Nous, vos anciens étudiants et membres de la congrégation ainsi que les ex-confrères, témoignons que vous êtes un monument et un baobab encore vivant et nous sommes fiers d’avoir été façonné par vous. En effet, vous avez su incarner les valeurs Scheutistes étant un véritable fils de Théophile Verbist, notre fondateur à savoir : être lumière parmi les nations, témoigner de l’humilité, la simplicité, être homme de prière qui a le sens de l’appartenance à la congrégation, avoir l’endurance dans l’exercice de la pastorale, être un travailleur infatigable avec le souci d’un travail bien fait, un gestionnaire des biens communautaires de manière désintéressée. Toutes ces caractéristiques illustrent combien votre souci a toujours été d’être lumière à l’exemple de la transfiguration de Jésus-Christ en face de ses disciples et à ne jamais crucifier le Christ par oubli ou par ignorance. Pour preuve, « vieillissant, vous fructifiez encore ».
Que le Cœur Immaculé de Marie, notre patronne, intercède pour vous auprès de son fils Jésus-Christ, le verbe incarné, afin qu’il vous donne force et courage de vivre encore longtemps parmi nous. Ainsi, à l’unisson, nous pouvons chanter tous :
« Je te porte depuis ta naissance, je te soutiens, je te soutiens dès le sein maternel oui, oui. Je te resterai fidèle, oui, oui, je te soutiendrai, oui, oui, jusqu’au temps de tes cheveux blancs. …»
Jamais ma bonté ne t’abandonnera, je t’aime, je t’aime d’un amour éternel.
Chers frères et sœurs
AIMONS-NOUS VIVANTS !
YAYA DAMASE, AINE PARMI LES CADETS, NOUS VOUS AIMONS TOUS.
ENCORE UNE FOIS, DE PLUS NOUS SOMMES FIERS DE VOUS.
QUE LE SEIGNEUR VOUS BENISSE, VOUS GARDE ET CONTINUE A VOUS COMBLER DE SES GRACES. AMEN.
Par BODY DI TSIKU LUFUA Floribert, cicm