Succédanés des despotes éclairés prétendument démocrates de la République du Congo, tous, les mêmes, selon la célèbre formule de Kiwuta ci-devant Bernardin Mungul Diaka affirmant qu’on aurait changé de chauffeur, le véhicule restant par-dessus bord le même, monté sur du cric, tous les pneus en mode crevasse.
Rien de neuf sous le soleil, tant en politique, les alliances se font et se défont, et le retournement des vestes, un modus vivendi pour les férus de la transhumance. Ce qui est navrant, c’est la manière dont ces trahisons s’opèrent. Au point qu’il y a lieu de se poser la question de savoir s’il est encore permis de se faire confiance. N’empêche, la politique a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Loin d’évoquer les tristes épisodes de Genval, Genève, Naïrobi, Kingakati et la saga de Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi, n’est-il pas venu le temps de s’interroger sur le traitement indécent que l’on inflige à certains partenaires ?
A grand renfort d’affirmations à la fois contraires et contradictoires, ceux pour qui le pouvoir actuel est le leur –« ce pouvoir est le nôtre »- « Et les chiens se taisaient » pour paraphraser le titre de cette Tragédie d’Aimé Césaire, ont le loisir de se dédire et de rétropédaler selon l’air du temps, question de sauver la face du pouvoir absolu de droit divin qui n’a ni rides, ni droit à l’erreur face à la pègre vassalisée.
Que l’on ait affirmé à haute et intelligible voix que l’un de ses ascendants par sa mère est de souche angolaise de la localité de Malange, il n’en faudra pas moins pour qu’aussitôt une pirouette feinte transite par un sous-fifre qui s’invite sur la place publique et arguer que la mère aurait démenti, insinuant que le contexte était différent, comme si le fils de sa mère n’était pas assez outillé pour interpréter les dires de la mère ici outrée. Ce qui, en communication sociétale charrie l’effet contraire, l’opinion publique n’étant pas cette naïve que l’on croît taillable et corvéable à souhait.
Un politique responsable, si tant est qu’il en a les ressources morales et intellectuelles nécessaires ne peut, à hue et à dia, devant une foule médusée et électrisée des combattants du parti, promettre de distribuer des armes et des munitions puis, rétropédaler ,rattrapé par la clameur publique exigeant de bon droit que la justice ne soit à deux vitesses, mais applicable pour tous indistinctement.
De la même manière, il n’est pas acceptable que des violeurs invétérés, récidivistes pourtant pris la main dans le sac, bénéficient du sauf-conduit moral parce que du camp du pouvoir sans que cela ne choque toute bonne conscience.
Nul besoin d’évoquer les cas des pilleurs de la République à la tête des institutions nationales et provinciales, les investigations de l’Inspection Générale des Finances faisant foi, mais devant lesquels les proconsuls instrumentalisés de l’appareil judiciaire à la botte peinent à requérir une quelconque information.
Le mal-aimé de la République, Moise Katumbi Chapwe
Il n’est pas faux de dire que la campagne de diabolisation menée tambours battants contre la personne de Moïse Katumbi finit par polluer le climat politique déjà délétère où la priorité devrait être « d’abord le peuple ».
Comme de l’Eglise Catholique devenue l’objet de tous les quolibets, l’on jette un peu trop vite dans les oubliettes de l’histoire récente si ce n’est en pâture, le rôle non moins important joué par le Président du Tout-Puissant Mazembe ex TP Englebert qui à sa manière, aura pourfendu et contraint au départ, le régime honni de Joseph Kabila que l’on peut à juste titre qualifier « de triste mémoire ».
Secret de Polichinelle, nombreux parmi ceux qui bombent le torse savent qu’ils ont été il y a peu, les heureux bénéficiaires des largesses de celui qui aujourd’hui, est pris pour un simple étranger, vilipendé au nom d’une loi taillée sur mesure, au lieu d’être impersonnelle.
Pour rappel, n’est-ce pas un coup de massue assené à l’homme de Kingakati lorsqu’à ses risques et périls, Moïse Katumbi ose créer le G-7, exfiltrant de l’Alliance de la Majorité Présidentielle, l’AMP en sigle, des bonzes, et pas des moindres, au moment où l’Autorité Morale « Ye Meyi » (Ndlr lui-même en personne) était des plus redoutés et des plus redoutables ?
Moïse Katumbi, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, est cet homme qui, au plus fort de la puissance de feu et de nuisance de l’Autorité dite Morale, a osé narguer cette dernière, fustigeant son troisième faux penalty qui était pourtant en gestation, au péril de sa vie.
Qu’il ne se serait pas exilé, après de vrais faux procès montés de toutes pièces contre lui, ourdis par les justiciers au faîte de leur gloriole et de leur pouvoir comme Alexis Thambwe Mwamba et des barbouzes de la trempe de Kalev Mutond, que l’histoire de ce patriote serait de l’ordre du souvenir.
Certains Magistrats ont été victimes des balles assassines du pouvoir autocratique, exfiltrés et soignés aux frais du Président de « Ensemble Pour la République », dont ils portent encore et toujours des stigmates indélébiles, simplement pour n’avoir pas obtempéré « aux ordres » du Prince.
Aujourd’hui au pouvoir, l’on peut sans doute faire fortune, non compris les acquisitions immobilières et autres lignes des dépôts dans des places fortes telles les Iles vierges ou celles, convergences parallèles, de Panama Pampers!
Difficile de vivre caché dans ce village globalisé. De là à cracher sur la main qui hier vous a servis, le pas est trop vite franchi.
La stratégie est à la conservation pérenne du pouvoir, le pouvoir pour le pouvoir et rien que le pouvoir, avec des mandats par fournées. Mais dans un Etat voulu de droit, il importe de respecter les règles qu’on s’est fixées tout en acceptant, de bonne foi, les résultats, pour paraphraser le Cardinal défunt Laurent Monsengwo d’illustre mémoire.
La course au pouvoir d’allure machiavélique finit,comme d’un serpent qui meurt en se mordant sa propre queue, tant dans la marche de la dialectique de l’Esprit selon le penseur allemand Hegel, tout système autocratique renferme toujours en son sein, les germes de son autodestruction.
Tandis que le pouvoir en contexte démocratique reste respectueux des règles, des normes, de l’Ethique, de la Loi en toute rationalité. Cette culture des textes que feu le Patriarche Etienne Tshisekedi wa Mulumba affectionnait tant.
On ne peut à la fois prétendre aimer le voisin d’à-côté à qui l’on concède des pans entiers du sol et du sous-sol ou le lointain Consul de l’Oncle Sam qui peut ainsi aller et venir dans la maison royale et, en même temps, haïr et détester à mort ses compatriotes. Au point d’oublier que les Etats n’ont pas d’amis, mais qu’ils n’ont que des intérêts. Congolité, quand tu nous tiens !
« De la Patria » que le Sphinx de Limete aimait tant écouter, c’est au cœur que ça se sent. Le Comité Laïc de Coordination, l’Eglise Catholique rd-Congolaise par la CENCO, l’Eglise du Christ au Congo, Moïse Katumbi Chapwe et tant d’acteurs anonymes méritent considération et reconnaissance « De la Patria » !
C’est pour avoir sabordé toutes les alliances avec ses pairs d’hier que d’acteurs célèbres de la politique ont subi les pires des revers.
La compétition politique en contexte pré-électoral, électoral et post-électoral doit être menée à la régulière, par des actes en faveur de la population certes, mais sans exclusive.
Sinon a contrario, c’est l’ aveu d’un échec en perspective qui postule une fuite en avant par une stratégie de prise de pouvoir par tous les moyens, y compris par la force assise sur des ressorts triviaux et ataviques, face à tout ce qui sort du lot. Pas étonnant qu’on nous propose des mandatures de dix ans à la pelletée!
Le monde moderne vogue sous le paradigme de la productivité rationalisée de type compétitif, concurrentiel et libéral et non sur le mode émotif cher aux bons vieux pères de la nation inamovibles ou « en béton armé».
Dans une équipe de football, le meilleur buteur qui s’affiche moins performant au cours d’une compétition peut, au nom de l’efficience et du résultat, accepter de céder la place à un pion plus prégnant.
Il n’est pas exclu qu’un Chef d’Etat s’arrête à un seul mandat, voire à mi-chemin, quitte à passer le flambeau à un plus offrant que soi en termes d’innovation, mais selon les règles de l’art. Ça s’appelle alternance ! L’essentiel dans une vision d’une vraie alternance, c’est le pays qui gagne. Mais cela est le fait de grands esprits.
Qui peut le plus, peut le moins
Ce ne sera donc pas la première fois qu’on aura vu dans l’histoire des Nations un Président de la République, bien ou mal élu, réélu, refuser de s’offrir un autre mandat. Les exemples sont légion.
D’ailleurs, cela a déjà effleuré l’esprit patriote du Président Félix-Antoine Tshisekedi qui, urbi et orbi avait déclaré vouloir s’arrêter à mi-parcours, pourquoi pas, arguant que conduire le destin d’un si grand pays n’était pas de tout repos, ni une partie de loisir.
Tandis que Gabriel Kyungu wa Kumwanza aux lointaines ascendances angolaises, jurait dernièrement la main sur le cœur devant le micro et la caméra de Peter Tiani, engageant le Président de la République que celui-ci n’était ni de près, ni de loin engagé dans ces débats de pacotille sur la « Congolité », le Chef de l’Etat évoquant en passant au cours de leurs échanges, le cas du Président Obama aux Etats-Unis dont l’un des parents fut un natif du continent africain.
Trève des balivernes.
S’il n’est pas permis de croire, il est au moins permis de rêver.
Dont Acte.
Eugène Ngimbi Mabedo