Dans une Interview exclusive à « GEOPOLIS HEBDO » postée le 10 mai 2021, le Professeur Jean Chrétien Ekambo Duasenge affirmait à haute et intelligible voix que « Seuls les journalistes formés, à l’école ou à la rédaction, savent distinguer clairement le rendu d’un fait et le commentaire sur ce même fait ».
Une manière pour ce communicologue de recadrer en des termes non sibyllins ces pieds et moutons noirs de la vingt-cinquième heure qui se croient tout permis en toute irresponsabilité, des pollueurs intrus d’une corporation voulue noble, le quatrième pouvoir de toute démocratie.
Des matamores sans aucune base abécédaire pour qui , tout y passe, l’essentiel étant de faire le buzz par le sensationnel, peu importe les contraintes éthiques et déontologiques. Les rêves pris pour argent comptant, ils partagent l’idéologie des troubadours assis ou debout, mains ouvertes selon les rites sacerdotaux Branhamistes se vantant pouvoir tout dire et tout faire, l’injure à la limite du dénigrement étant leur nouveau paradigme innovant, le principe journalistique ici complètement battu en brèche qui veut que les faits sacrés et têtus soient dissociés des commentaires libres. Et dans le tréfonds de leurs sommeils dogmatiques, ces démiurges dictent jusqu’à l’identité, les prochaines personnes passibles de prison.
C’est pour remettre « à l’ordre », à tout le moins « à niveau » particulièrement l’un de ces faiseurs d’opinion confondant « Bosolo na Politik » et « Bosoto na Bongo » Sango Israël Mutombo, c’est selon, que l’Ambassadeur Barnabé Kikaya Bin Karubi endosse la toge professorale de la science de la Communication, Praticien invétéré, Chevalier de la Plume et du Micro pour frapper « l’ignare qui voulait corriger celui qui a le savoir » en l’envoyant aux soins intensifs.
Difficile cependant de croire que les associations corporatistes de régulation et d’autorégulation soient subitement devenues aphones.
Chacun son métier et les vaches seront bien gardées.
Ci-dessous la Tribune de Barnabé Kikaya Bin Karubi.
Israël Mutombo : entre sacrilège et imposture
« Le you-tubeur se présente en une tenue de la liturgie sacrée de la sainte Eglise Catholique, dans une posture impie et blasphématoire sans que cela n’émeuve les responsables de cette confession religieuse qui le laissent profaner les symboles sacrés de la foi, allant jusqu’à se faire appeler « Sango »,entendez
« prêtre ».
Que dire de la profession noble de journaliste, un métier qui nécessite cinq longues années d’une formation universitaire rigoureuse ? Qu’un aide-soignant se fasse appeler journaliste d’investigation, c’est le comble de l’imposture qui ne peut en aucun cas être tolérée sous d’autres cieux.
A mes étudiants en journalisme, je ne cesse de répéter que dans la corporation journalistique, il n’est genre aussi complexe que celui dit d’enquête, souvent appelé journalisme d’investigation. Sa caractéristique principale est « la durée de travail et des recherches approfondies sur un sujet », faites par ceux qu’on appelle les « Grands Reporters ».
Le travail de ces derniers consiste à consulter plusieurs sources et à interroger plusieurs spécialistes « du sujet, ou témoins des événements » pour ainsi « trier plus efficacement les informations et découvrir des faits inédits.
Leur connaissance des faits tiendra donc mieux compte de la réalité et leur analyse sera ainsi de meilleure qualité.
UNE CREDIBILITE ET UNE REPUTATION A ENTRETENIR…
Peut-on dire du dossier « Carte Visa » en passe de devenir un gros scandale financier qu’il s’agit du résultat des investigations menées par le you-tubeur Israël Mutombo, alias Sango, rendu célèbre par sa chaîne Bosolo na Politik permanente à la recherche du sensationnel ?
Israël Mutombo est manifestement au service des personnes malintentionnées avec instruction précise de nuire de manière inique à la réputation des personnes plutôt ciblées qu’impliquées. Car des 38 personnes impliquées, ne sont ciblés qu’Aubin Minaku, Emmanuel Shadary, Barnabé Kikaya Bin Karubi, Pépin-Guillaume Mandjolo et Sele Yalaguli, tous Kabilistes.
Je rappelle que « La définition du journalisme d’investigation, selon la déontologie du journalisme, implique également une indépendance vis-à-vis des pouvoirs politiques ou économiques, et une profondeur d’analyse qui résiste à la tentation de l’audimat ou à la course à l’exclusivité ».
Ce qui veut dire que le « journaliste » Israël Mutombo aura le courage – maintenant que je me résous à le traduire en justice pour imputations dommageables – de se défendre devant l’organe de loi et qu’il ne va pas se réfugier derrière la notion de secret professionnel puisque ce secret ne l’exempte pas de la responsabilité des imputations dommageables.
Ancien Ministre, ancien Ambassadeur, ancien membre du Parlement, journaliste de profession et professeur de communication à l’Université de Kinshasa, j’ai une crédibilité et une réputation à entretenir, à soigner, à sauvegarder.
Lorsqu’un quidam, malheureusement non passé par la formation classique du journalisme, encore moins dans la profession comme autodidacte, se découvre soudain la vocation de faiseur d’opinion alors qu’infirmier de son état, il croit faire le buzz en répandant des mensonges sur le compte de ses compatriotes, il y a lieu que les organes régulateurs de la corporation journalistique l’interpellent. Après tout, c’est leur métier noble assimilé au 4ème pouvoir qui en prend un coup.
N’en n’étant pas à son premier dérapage, et se croyant certainement puissant en raison de ses accointances, il ne peut pas s’instituer en justicier. Il faut bien qu’il se souvienne de l’existence de la déontologie et de l’éthique, pour autant qu’il ait la capacité intellectuelle d’assimiler ces notions qui sont l’abc du journalisme.
Pendant qu’il se laisse ou se fait utiliser (il ne saura jamais prouver ses allégations), il y a heureusement au pays des compatriotes qui, sans avoir quelque attache avec l’une ou l’autre des personnalités citées, doutent du scoop d’Israël Mutombo. Cas du député national Sam Bokolombe, professeur d’université de son état. Dans un tweet publié le 7 juin 2021, il note : « Il s’agirait plutôt des provisions mensuelles au profit de certains hauts cadres de l’État en raison de leurs fonctions pour leur permettre de répondre à des besoins urgents sans recourir à la chaîne de la dépense» et « En outre, ces cartes aux plafonds différents ne seraient pas connectées à la BCC, mais à une banque commerciale de la place qui les désactive une fois que la fonction cesse. C’était donc une fausse alerte au détournement de deniers publics, à tout le moins à mon sens ».
Pour l’heure, en raison de la frénésie populaire qui s’empare d’une bonne partie de l’opinion friande du sensationnel, il est bien difficile de lutter contre la rumeur. Dans les réseaux sociaux, c’est à peine qu’est audible l’autre son de cloche. On pourrait même douter que l’intéressé soit en mesure de se ressaisir.
L’IGNARE QUI VOULAIT CORRIGER CELUI QUI A LE SAVOIR
Mais, la faiblesse de la rumeur, surtout quand elle est fondée sur le mensonge et la manipulation, est de ne pas résister à l’ouragan de la vérité. Qu’adviendra-t-il lorsque celle-ci aura éclaté, étant donné qu’elle finira bien par l’être ? « Bosolo na Politik » perdra de sa superbe. Israël Mutombo ne sera pas cependant seul. Ses commanditaires, eux, ne s’embarrasseront pas de le sacrifier. Et la communauté des you-tubeurs s’en remettra difficilement.
En attendant, ce sont les tireurs de ficelles et les souffleurs malicieux qui se retrouveront « Gros-Jean comme devant » comme le dit La Fontaine dans « La Laitière et le Pot au Lait », l’histoire de l’ignare qui voulait corriger celui qui a le savoir. »
Barnabé Kikaya Bin Karubi
Ancien Député, Professeur, Université de KINSHASA, Faculté des Lettres, Département des Sciences de l’Information et de la Communication, Kinshasa, R.D. Congo.
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